SZYMANSKI Andrzej

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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« Issu d'une famille polonaise de la campagne de Poznań, Andrzej Szymanski est pourtant né à Röhlinghausen le 4 juin 1905, ses parents ayant migré vers la Ruhr Allemande pour survivre, vers 1900. D’ouvriers agricoles, ils sont devenus mineurs par un exode rural au sein de l’Empire Prussien, puisque la Pologne a disparu de la carte Européenne depuis 1795. Andrzej est l’aîné de sept enfants, il devient vite autonome et confronté aux aléas de la guerre en voyant partir son père à 9 ans, appelé comme soldat allemand sur le front russe. De retour de la guerre, celui-ci leur raconte la misère extrême du peuple russe et les prémices de la Révolution Bolchévique. Bien que catholiques pratiquants, la famille est déjà intéressée par les discours socialistes de Rosa Luxembourg et de Karl Liebknecht.

Quand la Pologne réapparait sur la carte d'Europe en 1918, la famille a le choix de repartir en Pologne ou de devenir allemand. Revenir en Pologne, revenir au travail de la terre, alors qu’ils n’en possèdent pas, accepter l'inégalité des classes sociales Polonaises qui frisent la féodalité, ils s’y refusent. La défaite de l’Allemagne et ses mouvances extrémistes ne les incitent pas à rester dans la Ruhr.

Ils se résignent à signer un contrat de travail dans le cadre de la convention Franco-polonaise de 1919 et migrent vers la France en décembre 1922, ils arrivent près de Béthune, dans le Pas de Calais à Hersin-Coupigny.

Andrzej a déjà 17 ans, il devient mineur et rapidement se rapproche d'Escaudain et du Parti communiste du secteur. Il était parfaitement trilingue, polonais, français et allemand, puisque scolarisé jusqu'à 12 ans en Allemagne.

Il se marie à Marie KUTA en 1928 et ils auront deux fils, Alphonse (1929) et Henri (1932). » (Témoignage de sa petite-nièce, Marie-Caroline Cybalski)

L’Espagne

Son nom figure sur la cartothèque, datée du 9 avril 1938, des volontaires polonais (numéro 2405) avec les mentions de son âge (« 33 ans »), son grade (« Sdo », soldat), sa provenance (« Francia ») et l’observation « mbao v » (voir BAO).

« Au retour d'Espagne en 1939, son épouse ne l’accepte plus, et il revient vers sa sœur, Sophie Szymanski (ma grand-mère) à Ostricourt et lui confie ses papiers, photos et documents pour entrer en clandestinité, documents qu'elle lui rendra avant son départ définitif en Pologne en 1941. » (Témoignage de Marie-Caroline Cybalski)

La Résistance

« Andrzej SZYMANSKI, de retour de la guerre d'Espagne dans le Nord, voit sa région occupée par les Allemands, qui en font une Zone interdite puisque stratégique sur le plan économique, les mines sont particulièrement surveillées, la guerre a besoin de charbon. Il entre, ainsi en clandestinité, les Allemands recherchent particulièrement les anciens brigadistes, les syndicalistes qui pourraient s’opposer aux conditions de travail imposées aux mineurs. Andrzej a bénéficié de la solidarité des militants communistes des FTP-MOI (Main d'œuvre immigrée), nombreux dans les mines et particulièrement dans la région de Douai-Denain-Escaudain. Ils sont intervenus dans de nombreux sabotages du tissu industriel et dans des attaques de soldats allemands. Suite à une grève des mineurs de mai 1941 qui provoque une forte baisse de la production, les Allemands renforcent le contrôle des mineurs du fond, parmi lesquels, il y a beaucoup de Polonais. Ceux-ci sont particulièrement surveillés, surtout les Polonais originaires de la Ruhr que les Allemands espèrent intégrer parmi les Volkdeutche contre quelques avantages.


Une vague d'arrestations fin 1941, obligent les FTP à diriger les Anciens brigadistes d'Espagne vers la Pologne, avec l'aide des Cheminots communistes. » (Témoignage de Marie-Caroline Cybalski).

Dans son article « La participation des Polonais à la Résistance dans le Pas-de-Calais et le Nord (1940-1944)", J. Zamojski indique que « […] principalement, les anciens combattants des Brigades internationales, sont dirigés, vers la Pologne, à titre d’aide au Parti ouvrier polonais en voie de formation et à ses unités de combat, la Garde populaire ». « On a fait passer en Pologne plus de 70 personnes avec des documents de travailleurs bénévoles de firmes françaises, fabriqués dans un service de « faux-papiers » de la MOI (R. Melchior) à Paris » (Op. cité p. 445).

Andrzej SZYMANSKI s’installera à Luban (sud de Poznań), et travaillera à la reconstruction des chemins de fer polonais. Il correspondra toute sa vie avec Sophie, sa sœur, la seule de la famille à n’avoir pas jugé son parcours idéologique.

Il reviendra en 1977 pour un court séjour en France, à Ostricourt, dépité de la situation de la Pologne à la veille des événements des années 80. Il a cru en ses idées, mais la mainmise de l'URSS sur la Pologne et la pauvreté globale de la population, l'inquiétaient. Il est mort en Pologne, en 1979, avec les honneurs du PC Polonais. » (Témoignage de sa petite-nièce, Marie-Caroline Cybalski)

Sources

Cybalski, Marie-Caroline, petite nièce d’Andrzej Szymanski, mails juin 2021.

RGASPI (Moscou, F.545. OP.6. D.638.)

Zamojski, ‘’La participation des Polonais à la Résistance dans le Pas-de-Calais et le Nord (1940-1944)’’, Revue du Nord, tome 57, n° 226, juillet-septembre 1975, pp.435-459