BECRET Lucien : Différence entre versions

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Militant de la libre pensée révolutionnaire  (« travailleurs sans dieu ») depuis 1928, il y fit la connaissance du docteur Galpérine qui le parraina lors de son adhésion au PCF en août 1929.
 
Militant de la libre pensée révolutionnaire  (« travailleurs sans dieu ») depuis 1928, il y fit la connaissance du docteur Galpérine qui le parraina lors de son adhésion au PCF en août 1929.
Lucien Bécret adhère au SRI en 1930. Cette année-là, il sera détenu politique durant 15 mois à la prison de la Santé puis 3 mois à la centrale de Clervaux (du  6 février 1930 au 6 août 1931) pour «  provocation de militaires à la désobéissance » (article paru dans une page de l'Humanité du 29 janvier 1930). La sentence fut prononcée par la 13e chambre correctionnelle puis par la cour d'appel de Paris. Cette condamnation lui fut signifiée en tant que responsable du contrôle des journaux de cellules.
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Lucien Bécret adhère au SRI en 1930. Cette année-là, il sera détenu politique durant 15 mois à la prison de la Santé puis 3 mois à la centrale de Clairvaux (Aube) (du  6 février 1930 au 6 août 1931) pour «  provocation de militaires à la désobéissance » (article paru dans une page de ''l'Humanité'' du 29 janvier 1930). La sentence fut prononcée par la 13<sup>e</sup> chambre correctionnelle puis par la cour d'appel de Paris. Cette condamnation lui fut signifiée en tant que responsable du contrôle des journaux de cellules.
 
Il a profité de sa détention pour renforcer son éducation politique au contact de ses codétenus : Henri Varagnat, Nguyen Van Tao, Gustave Galopin qui avaient organisé une école du parti. Il y fit également la connaissance de René Arrachart, Alfred Coste, Gaston Monmousseau, Henri Gourdeaux, Gabriel Péri et André Marty.
 
Il a profité de sa détention pour renforcer son éducation politique au contact de ses codétenus : Henri Varagnat, Nguyen Van Tao, Gustave Galopin qui avaient organisé une école du parti. Il y fit également la connaissance de René Arrachart, Alfred Coste, Gaston Monmousseau, Henri Gourdeaux, Gabriel Péri et André Marty.
  
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Il assurera le secrétariat du Rayon de Bagnolet-Pantin de 1931 à 1937 et sera également  membre du comité de la région Paris-Est de 1934 à 1937.
 
Il assurera le secrétariat du Rayon de Bagnolet-Pantin de 1931 à 1937 et sera également  membre du comité de la région Paris-Est de 1934 à 1937.
  
Avant son départ comme volontaire pour l’Espagne républicaine, il était célibataire, travaillait en qualité d'employé municipal pour un salaire de 1500 Frs mensuels dans la commune de Bagnolet où il résidait au 16, avenue Galliéni.
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Avant son départ comme volontaire pour l’Espagne républicaine, il était célibataire, travaillait en qualité d'employé municipal pour un salaire mensuel de 1500 Frs dans la commune de Bagnolet où il résidait au 16, avenue Galliéni.
 
==L'Espagne==
 
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Lucien Bécret arrive en Espagne (voir [[Passage clandestin des Pyrénées]])  le 2 avril 1938, via Massanet, aidé par le PCF, « pour lutter contre le fascisme ».
 
Lucien Bécret arrive en Espagne (voir [[Passage clandestin des Pyrénées]])  le 2 avril 1938, via Massanet, aidé par le PCF, « pour lutter contre le fascisme ».
  
Incorporé à la 14e BI, il assurera la fonction de secrétaire d'organisation du comité de la 3e Cie du [[Bataillon Vaillant-Couturier]].
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Il prend part à la [[Bataille de l’Ebre]])  et cite les combats de Campredo, Corbera, côte 356.
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Durant son engagement, il adhère au SRI (voir [[Solidarité]])  ainsi qu’aux Amis de l’Union Soviétique.
 
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A la libération, il vit sa demande de réinscription au parti refusée.
 
A la libération, il vit sa demande de réinscription au parti refusée.
  
Le 2 juillet 1949, il épouse Eugénie Gaudet dans la commune de Bagnolet qu’il a réintégré, et deviendra chef de bureau et responsable du garage municipal.
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Le 2 juillet 1949, il épouse Eugénie Gaudet dans la commune de Bagnolet qu’il a réintégrée, et deviendra chef de bureau et responsable du garage municipal.
 
En 1978, il résidait toujours à Bagnolet qui avait conservé une bonne image de lui : «  honnête, sympathique, franc ».
 
En 1978, il résidait toujours à Bagnolet qui avait conservé une bonne image de lui : «  honnête, sympathique, franc ».
  
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Il est décédé le 26 avril 1983 à Bobigny (Seine-Saint-Denis).
 
Il est décédé le 26 avril 1983 à Bobigny (Seine-Saint-Denis).
 
==Sources==  
 
==Sources==  
Archives de l'AVER RGASPI (Moscou, F. 545. Op.6 D.36. D.1044. D.1073) - Gens de Bagnolet, Mairie de Bagnolet, 1994 –  Pennetier, Claude, notice « Becret » dans ‘’Komintern: L’histoire et les hommes’’,  Ed. de L'atelier, 2001 et  sur le Maitron.
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Archives de l'AVER
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''Gens de Bagnolet'', Mairie de Bagnolet, 1994.
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Pennetier, Claude, notice « Becret » dans ''Komintern: L’histoire et les hommes'',  Ed. de L'atelier, 2001.
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Version du 16 septembre 2019 à 18:21

Lucien Bécret est né le 15 novembre 1905 à Blois (Loir-et-Cher).

Son père, Emile, charpentier de profession, était venu travailler dans une usine de cuirs emboutis à Bagnolet (Seine). Sa mère, fille de ferme, étant malade, sera alitée à partir de 1928. Un frère fut tué dès le début de la première guerre mondiale.

Elève à l’école primaire de Bagnolet, il a obtenu son Certificat d’Etudes en 1917, à l’âge de 13 ans. Il entre alors comme apprenti dans une usine de chaussures où il apprend le métier de cordonnier, métier qu'il exercera jusqu'à son départ pour le service militaire. Son adhésion à la CGTU intervient en 1925, date à laquelle la conscription l'envoie à Reims dans un régiment de Tirailleurs Sénégalais, il est affecté ensuite à Fez (Maroc) comme cordonnier. Il obtient le grade de caporal.

Rendu à la vie civile en octobre 1926, il a trouvé un emploi dans une usine de cuirs emboutis à Bagnolet d'où il est renvoyé le 13 juillet 1929 pour avoir tenté de créer une section syndicale. D’août 1929 à mars 1930 il a occupé un emploi dans une usine de carrosserie à Levallois (Seine).

Militant de la libre pensée révolutionnaire (« travailleurs sans dieu ») depuis 1928, il y fit la connaissance du docteur Galpérine qui le parraina lors de son adhésion au PCF en août 1929. Lucien Bécret adhère au SRI en 1930. Cette année-là, il sera détenu politique durant 15 mois à la prison de la Santé puis 3 mois à la centrale de Clairvaux (Aube) (du 6 février 1930 au 6 août 1931) pour «  provocation de militaires à la désobéissance » (article paru dans une page de l'Humanité du 29 janvier 1930). La sentence fut prononcée par la 13e chambre correctionnelle puis par la cour d'appel de Paris. Cette condamnation lui fut signifiée en tant que responsable du contrôle des journaux de cellules. Il a profité de sa détention pour renforcer son éducation politique au contact de ses codétenus : Henri Varagnat, Nguyen Van Tao, Gustave Galopin qui avaient organisé une école du parti. Il y fit également la connaissance de René Arrachart, Alfred Coste, Gaston Monmousseau, Henri Gourdeaux, Gabriel Péri et André Marty.

Son engagement politique l'amène à séjourner en Union Soviétique de décembre 1932 à avril 1934, afin de suivre les cours de l'Ecole Léniniste Internationale (ELN). Mais ceci ne plaît pas à Eugen Fried (*) qui, dans une note du 2 juin 1933, le présentait comme « un élément en qui on ne peut pas avoir confiance ». De ce fait une note de l'OMS (département des liaisons internationales de l'Internationale Communiste) du 26 mars 1934, demande d'organiser son retour.

Cette année-là, il participe à la conférence d'Ivry puis, du 22 au 25 janvier 1936, au congrès de Villeurbanne et à la conférence nationale en juillet suivant.

Le militant communiste qu'est Lucien Bécret a pour lectures l'Humanité, l'Avant- garde, Les cahiers du Bolchévisme, La correspondance internationale. Il cite également les ouvrages suivants : Le capital de Marx, Impérialisme dernière étape du capitalisme de Lénine, Les questions du Léninisme de Staline ainsi que de nombreux livres et brochures du PCF. Les questions doctrinales l'intéressent plus particulièrement. Il assurera le secrétariat du Rayon de Bagnolet-Pantin de 1931 à 1937 et sera également membre du comité de la région Paris-Est de 1934 à 1937.

Avant son départ comme volontaire pour l’Espagne républicaine, il était célibataire, travaillait en qualité d'employé municipal pour un salaire mensuel de 1500 Frs dans la commune de Bagnolet où il résidait au 16, avenue Galliéni.

L'Espagne

Lucien Bécret arrive en Espagne (voir Passage clandestin des Pyrénées) le 2 avril 1938, via Massanet, aidé par le PCF, « pour lutter contre le fascisme ».

Incorporé à la 14e BI, il assurera la fonction de secrétaire d'organisation du comité de la 3e Cie du Bataillon Vaillant-Couturier. Il prend part à la Bataille de l’Ebre) et cite les combats de Campredo, Corbera, cote 356.

Durant son engagement, il adhère au SRI (voir Solidarité) ainsi qu’aux Amis de l’Union Soviétique.

Dans le formulaire de démobilisation, à la question : Que penses-tu des 13 points de gouvernement d'union nationale de Negrin ? Il répond :

« cette charte est capable de rassembler autour du gouvernement d'unité nationale, tous les Espagnols et surtout ceux se trouvant dans la zone occupée provisoirement par Franco ».

Pour lui, la politique du front populaire espagnol est

« la seule, juste, capable de conduire le peuple Espagnole à la victoire ».

Sur les Brigades internationales, il pense que :

« les Brigades ont joué un rôle très important. En apportant leur connaissance militaire, aidant aussi à la formation de l'armée régulière, puis en démontrant par leur composition politique (communistes, socialistes, républicains, syndiqués sans parti) que l'unité de commandement pouvait se réaliser dans toute l'armée Espagnole malgré les différents courents politiques ».

Lucien BIGOURET (voir la biographie de ce volontaire), dans un rapport du 22 octobre 1938 qualifie Lucien Bécret de « très bon cadre » [qui] « a eu un moment de faiblesse, [mais] s'est bien racheté au dernier front, très courageux » « très travailleur, très bon activiste dans sa compagnie » « responsable du parti dans sa compagnie a fait un bon travail politique et d'organisation ».

Une note provenant de la Brigade non datée et non signée le qualifie ainsi : « bonne éducation politique, un peu sectaire et porté à acepter tout les réclamations des camarades au lieu de leur donner des explications. A eu une faiblesse en descendant du front le 25 septembre mais fait depuis un très bon travail politique. Très courageux au front. »

Le retour

Lucien Bécret est rapatrié le 12 novembre 1938 dans un convoi de 502 volontaires avec comme appréciation : «  Très bon cadre ».

Lors de la signature du Pacte germano-soviétique, il manifestera son désaccord :

«Sur le pacte… On essayait d’expliquer, mais c’était difficile. Après, on a compris. Après. Mais sur le coup on ne saisissait pas pourquoi. […] On sait pas, ça semblait bizarre. Après on a compris. Si les Français et les Anglais avaient été d’accord avec la Russie contre l’Allemagne, bon… Après on a compris que les Français et les Anglais, eux, ce qu’ils voulaient, c’est que les Allemands aillent foutre sur la gueule des Russes et détruire le communisme. C’était ça leur but. Mais sur le coup, on ne comprenait pas. » (Témoignage recueilli en 1977, Gens de Bagnolet, p 49)

Prisonnier en Allemagne durant le conflit (selon le témoignage de Paul Lacombe mais non confirmé par d'autres sources), il se serait évadé puis retrouvé en Yougoslavie aux côtés de la résistance. A la libération, il vit sa demande de réinscription au parti refusée.

Le 2 juillet 1949, il épouse Eugénie Gaudet dans la commune de Bagnolet qu’il a réintégrée, et deviendra chef de bureau et responsable du garage municipal. En 1978, il résidait toujours à Bagnolet qui avait conservé une bonne image de lui : «  honnête, sympathique, franc ».

Lucien Bécret fut président d'une association d'anciens combattants et était membre de l’AVER.

Il est décédé le 26 avril 1983 à Bobigny (Seine-Saint-Denis).

Sources

Archives de l'AVER.

RGASPI (Moscou, F. 545. Op.6 D.36. D.1044. D.1073).

Gens de Bagnolet, Mairie de Bagnolet, 1994.

Pennetier, Claude, notice « Becret » dans Komintern: L’histoire et les hommes, Ed. de L'atelier, 2001.

le Maitron.