ROBERT Yvonne

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Yvonne Robert est né le 15 avril 1901 à Angers (Maine-et-Loire). Son père, douanier et sa mère, tricoteuse, étaient socialistes.

Elle a suivi les l’enseignement scolaire jusqu’au brevet élémentaire.

De 1917 à 1924, elle est secrétaire de la Coopérative Jean Jaurès, à Angers.

Elle se syndique à la CGT en 1917, puis lors de la scission, à la CGTU. En 1918 et 1925, elle est déléguée aux Banques et Bourses Elle fait partie de la Commission féminine de 1926 à 1930, puis à la fédération et à la section syndicale du personnel communal.

Yvonne Robert participe à de nombreux mouvements de grève : Banques et Bourses, dockers de Dunkerque, textiles du nord, caoutchoutiers de Clermont-Ferrand, textiles de Roanne, Lavoirs de Paris, produits chimiques de Paris.

En 1923, à Pithiviers, elle adhère au PCF. Elle suivra une école du PCF

En 1928, elle assiste au VI congrès mondial à Moscou. Elle y restera quatre mois. Dans sa biographie, elle note qu’en 1928, elle était en désaccord avec la « position du Parti envers les syndicats groupe Barbé-Celor ».

Elle lit l’Humanité, la Correspondance Internationale et les Cahiers du Bolchevisme.

Elle a lu l’ABC et le Manifeste du Parti Communiste.

Elle s’intéresse particulièrement aux mouvements de grève ainsi qu’au travail des femmes. Elle a écrit des articles sur ces deux thèmes et sur les services sanitaires dans divers journaux (La voix de l’est et l’ouvrière). « Membre de la Commission féminine du PCF et militante à Bagnolet, elle est dans le collectif qui assure la parution et la diffusion du journal communiste destinée aux femmes, « L’ouvrière », en 1927.

Son activité militante, syndicale et politique, se solde par de nombreuses arrestations pour distributions de tracts, mais elle ne passera jamais en jugement.

Yvonne Robert met en place le service des Assistantes sociales et celui du Dispensaire à la mairie de Bagnolet, au début des années 30.

Elle a fait partie de la Coopérative La Bellevilloise de 1924 à 1932 et est membre du Secours Rouge International (SRI).

Lors de son départ pour l’Espagne, elle était infirmière et administratrice du dispensaire de Bagnolet. Dans ce centre qui employait 5 médecins et 5 membres du personnel, elle gagnait 1.400 francs.

Marié, un enfant, elle devait faire face à une situation personnelle très difficile. Marty s’en émeut. Son mari, presque aveugle, « la réclamait et de plus Coudert le maire communiste lui avait supprimé bureaucratiquement le secours qu’il accordait à son mari ».

« A cela s’ajoute une violente campagne de diffamation dans le parti et hors parti à cause de son séjour en Espagne (mauvaise épouse, mauvaise mère). »

L’Espagne

Yvonne Robert arrive en Espagne en décembre 1936.

Elle va jouer aux côtés du docteur Rouquès « un grand rôle dans la mise en place et le fonctionnement du Service sanitaire des BI.

« Chargée de créer des hôpitaux, j’ai fondé celui de Benicassim et j’y suis resté quatre ou cinq mois pour le diriger, puis ensuite j’en ai créé d’autres, à Murcia, à Benissa … »

Elle évoque les conditions, parfois difficiles et même hostiles, de création de ces centres:

« Les fascistes ne nous aimaient pas, bien sûr, mais il y avait aussi les anarchistes. Je me souviens d’internationaux qu’ils avaient attaqués. On s’est occupé des blessés et quand le calme s’est rétabli, ils ont voulu remettre ça dans l’hôpital. C’était à Benicassim. C’est là que j’ai reçu cette balle de revolver… là… ça se voit encore. Une fois les anarchistes nous ont pris la caisse. »

Pour raison de santé, elle doit rentrer en France en juillet août 1937.

En mai 1938, Marty la rappelle « pour assurer l’évacuation en France de milliers de blessés » et « suivre de très près le fonctionnement de la direction du service de Santé où nous avons découvert des ennemis ». Elle intègre le service sanitaire avec le grade de lieutenant et deviendra capitaine. Marty fait un rapport très élogieux de son action pendant cette période

« En 1938, au service de santé international, à Barcelone, elle a réussi avec succès à diriger l’évacuation de plus de 3.000 grands blessés sur la France. Durant les journées de janvier-février 1939, elle a continué son travail avec calme et un sang-froid magnifique. En particulier dans les derniers jours de janvier 1939, et les premiers jours de février, elle n’a jamais cessé une minute d’assurer les évacuations de blessés vers la France et la liaison avec l’Etat-major des brigades internationales malgré que les divers points où siégea cet Etat-major fussent continuellement bombardés et que le chauffeur qui à un moment conduisit Yvonne fut grièvement blessé par une bombe. » (Lettre du 20 juin 1939 au secrétariat du parti).

Le retour

« Je suis rentrée le 10 février 1939 ; en arrivant à Perpignan, on s’appelait « le Comité d’Aide à l’Espagne Républicaine ». Les camarades des Brigades qui rentraient en France étaient mis dans des camps … Alors, j’ai travaillé dans les camps. Je faisais la liaison.

C’était une période véritablement horrible. La rentrée de tous les blessés et de tous les malades que je faisais d’Espagne, était réceptionné à la frontière. Certains étaient remontés à Paris, à Ermont-Eaubonne, où il y avait un hôpital que Rouquès nous avait trouvé et qui recevait les grands blessés. Il y avait Créteil… on trouvait des cliniques, à Geoffroy-Saint-Hilaire … et puis d’autres se débrouillaient par leur propres moyens. Je suis restée dans la zone des camps jusqu’au 13 juillet 1939. La situation était difficile, mais on avait pu obtenir que les internationaux soient regroupés dans un même camp à Gurs."

D’Avril à juillet, mon rôle consistait à ravitailler les copains dans le camp de Gurs, d’établir les liaisons, d’organiser les contacts, notamment avec Tillon et Touchard, de préparer les évasions …

Il fallait après les suivre dans les familles où ils étaient hébergés, voir si ça allait …Je les acheminais ensuite jusqu’à la frontière où ils étaient pris en mains. »

Elle est rappelé à Paris pour travailler au Comité d’Aide à l’Espagne Républicaine jusqu’à sa dissolution par le police fin septembre 1939.

Il semble qu’elle soit d’accord avec la position officielle du PCF sur la nature de la guerre. André Marty, dans une note confidentielle du 9 avril 1941, note « Au début de la guerre, Vidal (Gayman) a beaucoup discuté avec elle pour essayer de l’amener sur la position « guerre antifasciste ». En vain. »

Elle participe, avec Dumont, à la destruction de documents à la Maison des Blessés qui se trouvait 55 rue de Clichy:

« La Maison restait là, avec tout le matériel illégal, des passeports, des documents… Alors le Parti nous a chargés, Dumont et moi, d’aller tout brûler. On a brulé, on a brulé … Et le dernier jour, on a tellement brûlé qu’on a mis le feu à la maison ! C’était en juin 1940, quelques jours avant l’arrivée des Allemands à Paris."

En conclusion de son rapport du 16 décembre 1939, André Marty résume :

"Yvonne Robert est une excellente militante, fidèle au parti, extrêmement dévouée, courageuse, active avec de grandes capacités d’organisation. Politiquement très avertie, elle doit être encore éduquée ».Et il ajoute à la main « pour faire un cadre supérieur »

La Résistance

Elle entre dans la clandestinité.

Arrêtée, elle réussit à s’évader à Blois pendant l’évacuation des prisonniers devant l’avance des troupes allemandes.

Elle reprend l’action clandestine. Dans un document « strictement confidentiel » du 9 avril 1941, André Marty note :

« Elle a eu le contact avec les camarades à Marseille.

Elle a eu le contact avec les camarades à Paris. Elle est très fatiguée, et vit sur sa bicyclette, étant sous le coup d’un mandat d’arrêt depuis plusieurs mois. Elle n’a pas de tickets pour manger et couche où elle peut.

Son mari avait été arrêté (typographe presque aveugle) et interné au camp de Gurs. On ne sait pas où est son fils. »

Dans son entretien avec Jean Pierre Gast, elle décrit ainsi cette période :

«J’avais une voix ! et les déguisements, ça marchait pas avec moi, car je n’ai jamais été coquette, je n’ai jamais su me farder, avoir des talons hauts … J’ai une démarche lourde. Au début, il fallait encore continuer à s’occuper des copains des Brigades qu’on n’avait pas pu tous évacuer. Puis en 42, je suis allée à Toulouse, à Albi, à Jurançon … Les camarades étaient formidables. Tout ça, c’étaient les services sanitaires de la Résistance. Ils étaient clandestins, et moi je soignais les blessés, les camarades rendus impotents. »

Elle mourut le 2 mai 1987 à Bagnolet.

Sources

RGASPI (Moscou, 545.6.1377)

Jean Pierre Gast, Gens de Bagnolet, Mairie de Bagnolet, 1994