Boisson : Différence entre versions

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Version du 20 septembre 2014 à 15:22

Théodore Balk dans son livre « la Quatorzième » (Editions du Commissariat des Brigades Internationales, Madrid, 1937) décrit une séquence du film « Tchapaiev » où un révolutionnaire « a bu plus que de raison et dort au lieu de monter la garde », permettant une attaque à l’improviste des cosaques. Théodore Balk commente : « A la Quatorzième aussi, on boit plus que de raison. Il y en a qui disent : Au front, nous nous abstenons. Mais au repos ? A qui portons-nous préjudice ? Naturellement que cela peut faire du tort. Naturellement que cela en fait. On leur a dit cela sur tous les tons. On leur a expliqué. Avec certains, rien à faire. Un jour les bataillons sont sortis. C’était à Alcala de Henares. Ils s’arrêtent devant un petit bois et se forment en carré. Dumont leur parle, puis Renaud. Il va falloir constituer une compagnie de « Pionniers ». Tous ceux, qui ne veulent décidément pas abandonner la boisson, et, que [qui ?] se conduisent comme un antifasciste ne doit pas se conduire vont entrer dans cette compagnie. Il ne s’agit pas de punition. Il s’agit de rééducation. Et si l’un d’entre eux s’amende, son bataillon le reprendra à bras ouvert. » (p156)

Le problème de la boisson est abordé plusieurs fois dans le journal de la 14e BI « Le Soldat de la République » : - n°4 du 24 février 1937 un des dix commandements du parfait soldat antifasciste est «  Ni le vin en route tu boiras » Dans la section « nos soldats nous écrivent », Maurice Gidoin et Emile Nato se demandent si les camarades en état d’ivresse ne sont pas d’accord avec les fascistes : « - N’allons pas jusque là…Mais ils se font souvent leur s auxiliaires - Auxiliaires ?...Plus que ça : cherchant querelle aux uns et aux autres, ils provoquent des incidents qui portent atteinte à la dignité des camarades de la colonne Internationale, diminuant le rôle grand et noble de la cause que chacun est venu ce sol ancestral : la liberté par la mort du fascisme ! […] les vieux doctrinaires, les vieux militants avaient raison, quand ils disaient que la « religion est l’opium du peuple, mais il fut lutter avec une force particulière contre l’alcool qui est son ennemi, mortel ». Ennemi mortel, Oui ! car il est l’agent le plus précieux du fascisme.» Ils proposent, finalement «  que chaque jour, une fiche spéciale soit affichée au journal du bataillon, afin de faire connaître le nom des camarades qui sont constamment en état d’ivresse. » (N°13 du 14 mars 1937) Un argument semblable est repris, dans un étrange amalgame, par le commissaire politique de la Compagnie des pionniers: «  … s’ils boivent, ils sont une proie facile pour nos ennemis à tous : le fascisme [et « ses valets qui sont les trotzkistes (sic) »…]. Il emploie des méthodes que nous réprouvons, c’est à dire l’alcool, il profite de la faiblesse de certains camarades, il les enivre et à ce moment là, ils sont inconscients d’eux-mêmes, il profite de cela, il parle, et la division se fait dans nos rangs, rappelez-vous bien camarades les malheureux événements de Barcelone. » (N°37 du 6 juillet 1937) Dans le° 53 du 30 octobre 1937, Théodore Balk reprend, dans un article sur la création de la « Compagnie des Pionniers » (voir article), une partie des arguments de son livre cité précédemment.

Même si les volontaires abusant de la boisson sont minoritaires, ces articles montrent la volonté d’exemplarité que doivent avoir les volontaires : « Une discipline de fer, l’application stricte des ordres militaires, une lutte énergique contre l’ivrognerie, l’incorrection envers la population civile, tel doit être le travail de chaque instant du volontaire de la liberté. Le rouge de la honte nous monte au visage, lorsque nous voyons un camarade cesser d’être un soldat exemplaire » (n° 20 du 4 avril 1937, Marcel Renaud)

Ces articles s’inscrivent dans la lutte contre l’alcoolisme dans les classes populaires, que mènent les organisations syndicales (la CGT à l’époque) et politiques de gauche. N’oublions pas que la chanson « Ah ! Le petit vin blanc » date de …1943.