Gare d’Austerlitz : Différence entre versions
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<blockquote>« Il fait nuit noire lorsque nous arrivons à la gare d’Austerlitz. Le hall, les quais éclairés sont bondés. Il y a là plus de 2.000 volontaires en partance, les membres des familles, les amis, les délégués du PCF et des organisations antifascistes venus prendre congé de ces hommes « levés avant le jour » qui forcent l’admiration. | <blockquote>« Il fait nuit noire lorsque nous arrivons à la gare d’Austerlitz. Le hall, les quais éclairés sont bondés. Il y a là plus de 2.000 volontaires en partance, les membres des familles, les amis, les délégués du PCF et des organisations antifascistes venus prendre congé de ces hommes « levés avant le jour » qui forcent l’admiration. | ||
Emue, intimidée, je reste collée à mon père qui nous fraie un chemin à travers la foule. Nous nous dirigeons vers le stand d’accueil signalé par une banderole HONNEUR AUX COMBATTANTS DE LA LIBERTE flanquée de deux drapeaux, l’un rouge et l’autre tricolore. Un groupe de responsables du parti, des collaborateurs de Maurice Tréand, entourent Maurice Thorez et Victor Michaut, qui tous deux ont un frère volontaire dans ce convoi. | Emue, intimidée, je reste collée à mon père qui nous fraie un chemin à travers la foule. Nous nous dirigeons vers le stand d’accueil signalé par une banderole HONNEUR AUX COMBATTANTS DE LA LIBERTE flanquée de deux drapeaux, l’un rouge et l’autre tricolore. Un groupe de responsables du parti, des collaborateurs de Maurice Tréand, entourent Maurice Thorez et Victor Michaut, qui tous deux ont un frère volontaire dans ce convoi. | ||
− | Il y a également Maurice Lampe, secrétaire de Paris du PC, lui aussi volontaire, promu responsable du convoi. Marthe Desrumeaux, dite Martha, secrétaire du syndicat du textile, grande amie de | + | Il y a également Maurice Lampe, secrétaire de Paris du PC, lui aussi volontaire, promu responsable du convoi. Marthe Desrumeaux, dite Martha, secrétaire du syndicat du textile, grande amie de Jeannette, est aussi là : elle accompagne le groupe des volontaires du Nord et du Pas-de-Calais jusqu’à Barcelone. » |
Lise London, « Le printemps des Camarades », p. 248</blockquote> | Lise London, « Le printemps des Camarades », p. 248</blockquote> | ||
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Le convoi du dimanche 13 novembre 1938, composé de volontaires de la Seine, avec à leur tête André Marty, donnera lieu à une imposante manifestation. Transportés dans des « wagons de bois », sans communication entre eux, ils n’arriveront pas dans le hall de la gare centrale mais dans celui de la rue Sauvage. Là, les attendent diverses personnalités, dont Maurice Thorez, et une foule de Parisiens. | Le convoi du dimanche 13 novembre 1938, composé de volontaires de la Seine, avec à leur tête André Marty, donnera lieu à une imposante manifestation. Transportés dans des « wagons de bois », sans communication entre eux, ils n’arriveront pas dans le hall de la gare centrale mais dans celui de la rue Sauvage. Là, les attendent diverses personnalités, dont Maurice Thorez, et une foule de Parisiens. | ||
− | Ils défileront de la gare d’Austerlitz à la Maison des Métallos. | + | Ils défileront, non sans incidents avec la police parisienne, de la gare d’Austerlitz à la Maison des Métallos : |
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+ | <blockquote>« Six fois, le peuple et ses glorieux enfants durent ouvrir, sans violence, mais d’une irrésistible marée, les barrages disposés comme pour provoquer des incidents.» (''L’Humanité'', 14-11-1938)</blockquote> | ||
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+ | Le deuxième convoi, composé de volontaires originaires de Bretagne, du Nord et de de l’Est, arrive vers 18 heures, | ||
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Version actuelle datée du 12 février 2022 à 19:24
Le départ des volontaires
C’était la gare la plus utilisée par les volontaires. Les deux autres étaient la Gare d’Orsay (mais les trains faisaient alors un arrêt à la gare d’Austerlitz) et la Gare de Lyon (utilisée pour le transport par voie maritime).
Les premiers départs « officieux » ont lieu en octobre.
Certains donnent lieu à de véritables manifestations :
« Il fait nuit noire lorsque nous arrivons à la gare d’Austerlitz. Le hall, les quais éclairés sont bondés. Il y a là plus de 2.000 volontaires en partance, les membres des familles, les amis, les délégués du PCF et des organisations antifascistes venus prendre congé de ces hommes « levés avant le jour » qui forcent l’admiration.
Emue, intimidée, je reste collée à mon père qui nous fraie un chemin à travers la foule. Nous nous dirigeons vers le stand d’accueil signalé par une banderole HONNEUR AUX COMBATTANTS DE LA LIBERTE flanquée de deux drapeaux, l’un rouge et l’autre tricolore. Un groupe de responsables du parti, des collaborateurs de Maurice Tréand, entourent Maurice Thorez et Victor Michaut, qui tous deux ont un frère volontaire dans ce convoi. Il y a également Maurice Lampe, secrétaire de Paris du PC, lui aussi volontaire, promu responsable du convoi. Marthe Desrumeaux, dite Martha, secrétaire du syndicat du textile, grande amie de Jeannette, est aussi là : elle accompagne le groupe des volontaires du Nord et du Pas-de-Calais jusqu’à Barcelone. »
Lise London, « Le printemps des Camarades », p. 248
Peu à peu, les départs se feront de plus en plus discrets, car les députés français vont interdire l’entrée de volontaires en Espagne, mais le train « 77 » qui partait tous les soirs de la gare d’Austerlitz était connu comme « le train des volontaires ».
Le retour des volontaires
Après la décision du gouvernement présidé par Negrin de retirer les volontaires, ceux-ci sont regroupés dans des centres en vue de leur rapatriement (Calella, Puebla Larga …). Les premiers contingents de blessés et malades arrivent les 14 et 15 septembre 1938 et la solidarité se manifeste une fois de plus :
« Nous sortons de la gare. Tout près, rue Buffon, une trentaine de taxis ont été mis gracieusement à la disposition de l’Amicale par le syndicat des chauffeurs de taxis. »
Le convoi du dimanche 13 novembre 1938, composé de volontaires de la Seine, avec à leur tête André Marty, donnera lieu à une imposante manifestation. Transportés dans des « wagons de bois », sans communication entre eux, ils n’arriveront pas dans le hall de la gare centrale mais dans celui de la rue Sauvage. Là, les attendent diverses personnalités, dont Maurice Thorez, et une foule de Parisiens.
Ils défileront, non sans incidents avec la police parisienne, de la gare d’Austerlitz à la Maison des Métallos :
« Six fois, le peuple et ses glorieux enfants durent ouvrir, sans violence, mais d’une irrésistible marée, les barrages disposés comme pour provoquer des incidents.» (L’Humanité, 14-11-1938)
Le deuxième convoi, composé de volontaires originaires de Bretagne, du Nord et de de l’Est, arrive vers 18 heures,
« Il faut ajouter que, comme le matin, la police avait ordre de chercher les incidents. A plusieurs reprises elle osa même charger la foule qui se retirait avec calme. C’est ainsi qu’à 19 h. 30, dans le passage Charles-Dallery, près de la place Voltaire, plusieurs personnes furent blessées à coup de matraque, dont une femme enceinte ! » (L’Humanité, 14-11-1938)