SANDLER Jacob (Kiki) : Différence entre versions
Ligne 15 : | Ligne 15 : | ||
Puis ce sont les hôpitaux et centres de récupération, « Universidad » à Murcia, de Gandia et de Denia avant d’être évacué en France. | Puis ce sont les hôpitaux et centres de récupération, « Universidad » à Murcia, de Gandia et de Denia avant d’être évacué en France. | ||
− | Durant cette période, il est muté de la 15<sup>e</sup> BI, à dominante anglaise, | + | Durant cette période, il est muté de la 15<sup>e</sup> BI, à dominante anglaise, à la 14<sup>e</sup> BI, à dominante française. |
Sur le formulaire rempli lors de sa démobilisation, il précise qu’il a étudié les 13 points du gouvernement d’Union Nationale de [[Negrin]] et commente | Sur le formulaire rempli lors de sa démobilisation, il précise qu’il a étudié les 13 points du gouvernement d’Union Nationale de [[Negrin]] et commente |
Version actuelle datée du 13 février 2022 à 16:39
Jacob Sandler est né le 6 avril 1914 à Saint-Ouen, dans une famille juive d’origine russe.
Travaillant dans l’imprimerie, il était syndiqué aux Arts graphiques. Membre du PC, il demeurait impasse Saint-François à Paris (18e) :
« C’est un petit gars de Paris, du XVIII Arrondissement où les traditions révolutionnaires sont restées si vivaces. Lorsque la rébellion fasciste éclate en Espagne, il en suit passionnément toutes les péripéties. […] Comme tant d’autres, il partira. Il quitte son travail, embrasse sa vieille maman et, tout simplement, il vient aux côtés de ses frères d’Espagne avec sa combativité de militant communiste, l’ardeur et la foi de ses vingt-trois ans. » (Roger Codou, article cité)
L’Espagne
Jacob Sandler arrive en Espagne le 15 janvier 1937.
Il est affecté à la 3e Compagnie du Bataillon Six-Février de la 15e BI qui vient d’être constituée. Cette brigade va intervenir pour la première fois sur Le front du Jarama :
« 12 février ! Le bataillon « 6 février » auquel il appartient, est sur les berges du Jarama. C’est le baptême du feu, un terrible baptême ! Une pluie de métal qui déchiquète les chairs, brise les os. Avec tous ses camarades, Sandler est là, à son poste de combat. Ils n’ont que leur fusil, mais ils savent qu’il faut tenir coûte que coûte pour ne pas laisser couper la route de Valence et, malgré la mitraille qui ravage leurs rangs, ils ne cèdent pas un pouce de terrain. Tout à coup, Sandler pousse un cri de douleur. Une balle explosive vient de l’atteindre à la cuisse, lui faisant une plaie béante. Les trois camardes qui sont auprès de lui, appellent un infirmier anglais qui, en hâte, lui fait un premier pansement. Puis, au péril de leur vie, ils le transportent à l’abri précaire d’un olivier. Une demi-heure s’écoule, interminable. Pas de brancardiers. Alors, Sandler, tordu par la douleur, se traîne péniblement; s’aidant de ses coudes, de sa jambe valide, il fait quelques centaines de mètres jusqu’au moment où, défaillant, il est ramassé et évacué.
24 août ! Sur un lit d’hôpital, un visage émacié, un corps décharné à demi-emprisonné dans une carapace de plâtre, c’est la camarade Sandler. Six mois de souffrances lancinantes ! Six mois durant lesquels les praticiens durent lutter, pas à pas, contre la gangrène menaçante, pratiquer les transfusions de sang, retenir la vie qui s’échappait par l’horrible blessure. Lorsqu'on s'approche de lui, un faible sourire entr'ouve ses lèvres exsangues, ses grands yeux noirs brillent d'un éclat plus vif. Ses souffrances ? Il ne s'en rappelle pas, il ne sait plus. Pas une plainte, pas un regret: il accepte stoïquement son sort car il sait qu'il est la rançon de la cause qu'il est venu défendre. Et, de suite, il change la conversaion, s’intéresse à ses compagnons d'infortune, pose des questions sur les événements, parle des disparus. Allons! La balle qui a meurtri son corps, n'a pas atteint son moral de combattant antifasciste. » (Roger Codou, article cité)
Jacob Sandler sera amputé de la jambe gauche.
Puis ce sont les hôpitaux et centres de récupération, « Universidad » à Murcia, de Gandia et de Denia avant d’être évacué en France. Durant cette période, il est muté de la 15e BI, à dominante anglaise, à la 14e BI, à dominante française.
Sur le formulaire rempli lors de sa démobilisation, il précise qu’il a étudié les 13 points du gouvernement d’Union Nationale de Negrin et commente
« que es el mejor que el gobierno ha dado al pueblo español”
[que c'est ce que le gouvernement a donné de mieux au peuple espagnol]
et que la politique du front populaire espagnol :
“es buena porque ha dado al pueblo la posibilidad de vivir mejor; la tierra a los campesinos y ampliaron la prod. industrial; ha creado el Ejercito Popular que antes no existía.”
[elle est bonne parce qu'elle a donné au peuple espagnol la possibilité de vivre mieux; la terre aux paysans et la production industrielle a été augmentée; elle a créé l'Armée Populaire qui avant n'existait pas.]
Il pense que les Brigades Internationales :
« han demostrado al mundo entero que la unidad de todos los pueblos es el arma mas eficace para vencer el fascismo. Y en mismo tiempo han sido ejemplo para los camaradas españoles como unidades disciplinadas y de preparación política”
[ont démontré au monde entier que l'unité de tous les peuples est l'arme la plus efficace pour vaincre le fascisme. Et, en même temps, elles ont été un exemple d'unités disciplinées et de préparation politique pour les camarades espagnols.]
Le retour
Revenu tuberculeux d’Espagne, Jacob Sandler deviendra « une des figures des peintres de la Butte Montmartre ».
Sources
Codou Roger, Sandler, article paru dans la rubrique « Nos Héros » (Le volontaire de la liberté du 2 septembre 1937).
RGASPI (Moscou, F. 545 Op.6 D 1394)