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+ | Il était ouvrier métallurgiste à « l’usine Bâle, où je travaillais, je demandais une permission de trois mois, en disant que je devais aller en Italie ». | ||
Membre des JC depuis 1929, il s’était inscrit au PCF en 1936. | Membre des JC depuis 1929, il s’était inscrit au PCF en 1936. | ||
− | Parlant français et italien, il demeurait avenue Aristide Briand à Saint-Fons (Rhône) | + | Avant de partir pour l'Espagne, il avait participé « aux collectes pour la solidarité et aux meetings en faveur de la République espagnole. » |
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+ | Parlant français et italien, il demeurait avenue Aristide Briand à Saint-Fons (Rhône). | ||
==L’Espagne== | ==L’Espagne== | ||
− | + | Il part, avec d’autres volontaires, le 31 mars 1937 de la Gare de Lyon-Perrache. Changeant de train à Tarascon, ils arrivent à Toulouse le lendemain. Le passage de la frontière (voir [[Passage clandestin des Pyrénées]]) fut rude : | |
+ | <blockquote> « Vers les 23h30, un car s’arrêta vers nous et nous partîmes en direction de la frontière, accompagnes de deux Tractions, une à l’avant et l’autre à l’arrière. | ||
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+ | Nous nous arrêtâmes sur une route et grimpâmes à travers bois pour aller plus haut. Nous traversâmes des bois, prés, rochers, etc… et nous voyions au loin la ville de Foix éclairée. | ||
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+ | La traversée des rochers fut pour moi un peu dramatique, mais je me débrouillais assez bien. Je me rappelle d’un jeune Canadien de 19 ans, membre des J.C., qui avait peur. Je l’ai aidé, et pour l’encourager, je lui disais : « un communiste ne doit jamais avoir peur, il doit passer partout ». | ||
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+ | Nous arrivâmes ensuite vers une montagne abrupte, tout enneigée, qu’il fallait traverser. Un guide catalan était devant en faisant les traces. Les plus hardis des volontaires, des Italiens, le suivaient de près. J’ai marché sur leurs traces et je n’ai jamais eu peur. Nous arrivâmes ensuite sur la crête à 2 200 mètres, sur le dos de la frontière. | ||
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+ | En face, il y avait la frontière d’Espagne, et entre la France et l’Espagne, il y avait un plat en bas, le no-man’s land. | ||
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+ | Il fallait donc descendre, et pour ma part, comme j’avais des chaussures basses de ville avec les pieds mouillés, je mis mon imperméable sous mes fesses et avec mon bâton, je me laissais glisser, rejoignant le côté espagnol. | ||
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+ | Un autre guide nous attendait, et partit de suite au premier village catalan pour nous préparer à manger. | ||
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+ | La descente du côté de l’Espagne fut dure, il y avait de la neige que le soleil faisait fondre, et on s’enfonçait jusqu’à mi-corps. » </blockquote> | ||
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+ | Il est ensuite dirigé sur le centre d’instruction de [[Madrigueras]] où il va exercer les fonctions de sergent-fourrier. Il suit les cours de l’école d’officiers de Pozo Rubio. | ||
+ | A sa sortie, nommé sergent, il est affecté à la 86<sup>e</sup> Brigade Mixte. | ||
+ | Il est chargé d’instruire les nouvelles recrues espagnoles. | ||
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+ | Puis, fin septembre 1937, il va renforcer les positions qui défendent le secteur de Pozoblanco : | ||
+ | <blockquote> « A l’endroit où nous étions, il y avait de vieilles tranchées et des traces des combats pour Pozoblanco en mars 1937. » </blockquote> | ||
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+ | Nommé lieutenant, il prend le commandement de la 4<sup>e</sup> compagnie, puis celui de la 1<sup>e</sup> compagnie du 2<sup>e</sup> bataillon de la 86<sup>e</sup> B.M. | ||
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+ | Pour soulager le front de l’Ebre, il participe aux combats dans le secteur de Montoro (front d'Andalousie). | ||
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+ | Après la décision de [[Negrin]] de retirer les volontaires d’Espagne, ceux-qui se trouvent dans la zone du Levant et du sud, coupés de la Catalogne où se trouvent les autres brigades, sont regroupés au village de [[Puebla Larga]], en attente de leur rapatriement. | ||
+ | <blockquote>«. Courant janvier 1939, nous reçûmes l’ordre de partir en train pour s’embarquer à Valencia via Barcelone. Ce que nous fîmes dans la soirée du même jour. Nous étions plus de 300 volontaires sur le bateau, et nous fûmes logés dans les cales. Notre bateau était escorté par la Marine de guerre républicaine car nous devions passer entre Majorque et Minorque, îles occupées par les fascistes dont la Marine patrouillait dans ces eaux. | ||
+ | Je n’ai pu monter sur le pont qu’une seule fois, le reste du temps, les marins le gardaient, et en armes. | ||
+ | Nous débarquâmes à Barcelone vers le matin pour remonter dans des camions, pour être emmenés à Montjuic, un couvent désaffecté. » | ||
+ | En arrivant chez moi, ce fut une grande joie de revoir une partie de ma famille, et surtout ma mère. Je me jetais dans ses bras, et nous pleurâmes tous les deux. | ||
+ | Je n’ai pu retrouver du travail avant quelque temps. »</blockquote> | ||
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+ | Ses écrits se terminent ainsi : | ||
+ | <blockquote> « J’ai écrit ces souvenirs pour mon fils André, qui pourra mieux se rappeler de ce qu’a fait son père. | ||
+ | Ma lutte contre le fascisme et pour l’humanité progressiste a été pour moi une grande leçon, dont je ne regrette rien. | ||
+ | Dommage que je n’ ai pu en faire profiter la Résistance, ayant été fait prisonnier à la guerre de 1940-1945. »</blockquote> | ||
==Sources== | ==Sources== | ||
− | RGASPI (Moscou, F. 545 Op.6 D. 1038 ; D.1054 et 1038). | + | Amprimo, Louis, ‘’Souvenirs d’Espagne ‘’ (recueillis par son fils), archives AVER - ACER - RGASPI (Moscou, F. 545 Op.6 D. 1038 ; D.1054 et 1038). |
− | [[Catégorie: Brigadistes]] [[Catégorie: Age: 26 à 30 ans]] [[Catégorie: Etudes Primaires]] [[Catégorie: Formation Militaire : Infanterie]] [[Catégorie: JC]] [[Catégorie: PCF]] [[Catégorie: Saint-Fons]] | + | [[Catégorie: Brigadistes]] [[Catégorie: Age: 26 à 30 ans]] [[Catégorie: Etudes Primaires]] [[Catégorie: Formation Militaire : Infanterie]] [[Catégorie: Métallurgiste]] [[Catégorie: JC]] [[Catégorie: PCF]] [[Catégorie: Saint-Fons]] |
+ | [[Catégorie: Arrivée en Espagne: Avril 1937]] [[Catégorie: 86e BM]] |
Version actuelle datée du 7 août 2023 à 23:01
Louis Amprimo est né le 21 juin 1911 à Bassoleno (Italie).
Il avait suivi les cours de l’école primaire et a servi dans l’Infanterie.
Il était ouvrier métallurgiste à « l’usine Bâle, où je travaillais, je demandais une permission de trois mois, en disant que je devais aller en Italie ».
Membre des JC depuis 1929, il s’était inscrit au PCF en 1936.
Avant de partir pour l'Espagne, il avait participé « aux collectes pour la solidarité et aux meetings en faveur de la République espagnole. »
Parlant français et italien, il demeurait avenue Aristide Briand à Saint-Fons (Rhône).
L’Espagne
Il part, avec d’autres volontaires, le 31 mars 1937 de la Gare de Lyon-Perrache. Changeant de train à Tarascon, ils arrivent à Toulouse le lendemain. Le passage de la frontière (voir Passage clandestin des Pyrénées) fut rude :
« Vers les 23h30, un car s’arrêta vers nous et nous partîmes en direction de la frontière, accompagnes de deux Tractions, une à l’avant et l’autre à l’arrière.
Nous nous arrêtâmes sur une route et grimpâmes à travers bois pour aller plus haut. Nous traversâmes des bois, prés, rochers, etc… et nous voyions au loin la ville de Foix éclairée.
La traversée des rochers fut pour moi un peu dramatique, mais je me débrouillais assez bien. Je me rappelle d’un jeune Canadien de 19 ans, membre des J.C., qui avait peur. Je l’ai aidé, et pour l’encourager, je lui disais : « un communiste ne doit jamais avoir peur, il doit passer partout ».
Nous arrivâmes ensuite vers une montagne abrupte, tout enneigée, qu’il fallait traverser. Un guide catalan était devant en faisant les traces. Les plus hardis des volontaires, des Italiens, le suivaient de près. J’ai marché sur leurs traces et je n’ai jamais eu peur. Nous arrivâmes ensuite sur la crête à 2 200 mètres, sur le dos de la frontière.
En face, il y avait la frontière d’Espagne, et entre la France et l’Espagne, il y avait un plat en bas, le no-man’s land.
Il fallait donc descendre, et pour ma part, comme j’avais des chaussures basses de ville avec les pieds mouillés, je mis mon imperméable sous mes fesses et avec mon bâton, je me laissais glisser, rejoignant le côté espagnol.
Un autre guide nous attendait, et partit de suite au premier village catalan pour nous préparer à manger.
La descente du côté de l’Espagne fut dure, il y avait de la neige que le soleil faisait fondre, et on s’enfonçait jusqu’à mi-corps. »
Il est ensuite dirigé sur le centre d’instruction de Madrigueras où il va exercer les fonctions de sergent-fourrier. Il suit les cours de l’école d’officiers de Pozo Rubio. A sa sortie, nommé sergent, il est affecté à la 86e Brigade Mixte. Il est chargé d’instruire les nouvelles recrues espagnoles.
Puis, fin septembre 1937, il va renforcer les positions qui défendent le secteur de Pozoblanco :
« A l’endroit où nous étions, il y avait de vieilles tranchées et des traces des combats pour Pozoblanco en mars 1937. »
Nommé lieutenant, il prend le commandement de la 4e compagnie, puis celui de la 1e compagnie du 2e bataillon de la 86e B.M.
Pour soulager le front de l’Ebre, il participe aux combats dans le secteur de Montoro (front d'Andalousie).
Après la décision de Negrin de retirer les volontaires d’Espagne, ceux-qui se trouvent dans la zone du Levant et du sud, coupés de la Catalogne où se trouvent les autres brigades, sont regroupés au village de Puebla Larga, en attente de leur rapatriement.
«. Courant janvier 1939, nous reçûmes l’ordre de partir en train pour s’embarquer à Valencia via Barcelone. Ce que nous fîmes dans la soirée du même jour. Nous étions plus de 300 volontaires sur le bateau, et nous fûmes logés dans les cales. Notre bateau était escorté par la Marine de guerre républicaine car nous devions passer entre Majorque et Minorque, îles occupées par les fascistes dont la Marine patrouillait dans ces eaux.
Je n’ai pu monter sur le pont qu’une seule fois, le reste du temps, les marins le gardaient, et en armes. Nous débarquâmes à Barcelone vers le matin pour remonter dans des camions, pour être emmenés à Montjuic, un couvent désaffecté. » En arrivant chez moi, ce fut une grande joie de revoir une partie de ma famille, et surtout ma mère. Je me jetais dans ses bras, et nous pleurâmes tous les deux.
Je n’ai pu retrouver du travail avant quelque temps. »
Ses écrits se terminent ainsi :
« J’ai écrit ces souvenirs pour mon fils André, qui pourra mieux se rappeler de ce qu’a fait son père.
Ma lutte contre le fascisme et pour l’humanité progressiste a été pour moi une grande leçon, dont je ne regrette rien.
Dommage que je n’ ai pu en faire profiter la Résistance, ayant été fait prisonnier à la guerre de 1940-1945. »
Sources
Amprimo, Louis, ‘’Souvenirs d’Espagne ‘’ (recueillis par son fils), archives AVER - ACER - RGASPI (Moscou, F. 545 Op.6 D. 1038 ; D.1054 et 1038).