COLOMBIER Georges : Différence entre versions

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Célibataire, employé par les Etablissements Tixier, il exerce le métier de monteur électricien. Il est domicilié 13, rue Marie Berthaud à Dijon.
 
Célibataire, employé par les Etablissements Tixier, il exerce le métier de monteur électricien. Il est domicilié 13, rue Marie Berthaud à Dijon.
 
==L’Espagne==  
 
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Enrôlé le 22 septembre 1936, Georges Colombier arrive en Espagne le 10 octobre, avec un groupe de volontaires français et italiens ([[MISMETTI_Camillo|Camillo MISMETTI]], [[SUARDI_Emilio|Emilio SUARDI]] et [[COPES_Gemellino|Gemellino COPES]]) partis de Dijon, en train via Chambéry jusqu’à Perpignan: <blockquote> « Dans le train, on faisait semblant de partir en vacances, mais personne n’était dupe. » </blockquote>
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Enrôlé le 22 septembre 1936, Georges Colombier arrive en Espagne le 10 octobre, avec un groupe de volontaires français et italiens ([[MISMETTI_Camillo|Camillo MISMETTI]], [[SUARDI_Emilio|Emilio SUARDI]] et [[COPES_Gemellino|Gemellino COPES]]) partis de Dijon, en train via Chambéry jusqu’à Perpignan : <blockquote> « Dans le train, on faisait semblant de partir en vacances, mais personne n’était dupe. » </blockquote>
 
Rien n’est prêt pour accueillir les premiers volontaires. Vital Gayman, membre du Comité Central du PCF, décrit ainsi leur cantonnement : « Durant les 15 premiers jours, ces hommes ont accepté sans un murmure, de coucher sur le ciment, sans matelas, sans paillasse, sans couverture. Ils ont accepté d’être dénués d’argent de poche, de tabac, d’avoir des repas incertains et insuffisants, d’être sans nouvelles de leur famille, sans journaux, sans livres… ».
 
Rien n’est prêt pour accueillir les premiers volontaires. Vital Gayman, membre du Comité Central du PCF, décrit ainsi leur cantonnement : « Durant les 15 premiers jours, ces hommes ont accepté sans un murmure, de coucher sur le ciment, sans matelas, sans paillasse, sans couverture. Ils ont accepté d’être dénués d’argent de poche, de tabac, d’avoir des repas incertains et insuffisants, d’être sans nouvelles de leur famille, sans journaux, sans livres… ».
 
Ses copains de Dijon [[BESSON_Félix Joseph|Félix Joseph BESSON]] et [[GREUSARD_Robert|Robert GREUSARD]] rejoindront les BI en décembre 1936. Sur son carnet militaire des BI n° 91-635, Georges se déclare antifasciste.
 
Ses copains de Dijon [[BESSON_Félix Joseph|Félix Joseph BESSON]] et [[GREUSARD_Robert|Robert GREUSARD]] rejoindront les BI en décembre 1936. Sur son carnet militaire des BI n° 91-635, Georges se déclare antifasciste.
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<blockquote> « Pour gagner la guerre, faut faire rouler les camions et on manquait de tout, de chauffeurs, de véhicules, de pièces détachées, d’essence. » </blockquote>  
 
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Dès 1937, André Marty décrit l’état de pénurie : « Les brigades n’ont qu’un nombre infime de camions, la diversité extrême du matériel rend les conditions d’utilisation extrêmement difficile, pas de pièces de rechange, pas de standardisation. Le commandant de la base est obligé chaque jour de truquer les bons d’essence pour obtenir une quantité suffisante à un service minimum de transport ».  
 
Dès 1937, André Marty décrit l’état de pénurie : « Les brigades n’ont qu’un nombre infime de camions, la diversité extrême du matériel rend les conditions d’utilisation extrêmement difficile, pas de pièces de rechange, pas de standardisation. Le commandant de la base est obligé chaque jour de truquer les bons d’essence pour obtenir une quantité suffisante à un service minimum de transport ».  
Dans un message adressé en février 1937 à [[FOURNAISE_Maurice|Maurice FOURNAISE]], au dos de la photo figurant ci-dessus, Georges a écrit <blockquote> « il nous faut faire 300 kms et plus par jour alors je n’ai que très peu de temps pour le graissage - car tu vois je n’ai pas changer au point de vue de m’occuper des voitures mais c’est le temps qui manque ». </blockquote>
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Dans un message adressé en février 1937 à [[FOURNAISE_Maurice|Maurice FOURNAISE]], au dos de la photo figurant ci-dessus, Georges a écrit <blockquote>: « il nous faut faire 300 kms et plus par jour alors je n’ai que très peu de temps pour le graissage - car tu vois je n’ai pas changer au point de vue de m’occuper des voitures mais c’est le temps qui manque ». </blockquote>
 
Georges racontait ainsi la bataille de Guadalajara (mars 1937), victoire morale pour la république, au prix de 2 000 morts et 4 000 blessés : <blockquote> « Les troupes fascistes attaquent pour prendre Madrid - Franco ne rêvait que de prendre Madrid - De chaque côté, les combattants étaient des carabiniers et des gardes d’assaut. Les gardes d’assaut républicains ont lâché le front et les franquistes se sont engouffrés sur la route, mais les carabiniers ont tenus le coup et la 12<sup>e</sup> Brigade Internationale italienne a été envoyée en renfort pour barrer la route qui était toute droite. Les troupes fascistes italiennes ne savaient pas qu’existaient des italiens chez les rouges. Et les avions républicains lançaient des tracts disant aux fascistes qu’ils combattaient leurs frères italiens. La bataille a été terrible et ça a "fait un méli-mélo", les hommes se battaient au corps à corps. Puis la 13<sup>e</sup> Brigade Internationale des allemands et des polonais a été envoyée en renfort et ça a été la débâcle des italiens fascistes. Il y a eu beaucoup de morts et de prisonniers italiens et certains ont rejoint les rangs de la République. On n’a pas continué sur la lancée car on était mal commandé et on manquait d’essence. On aurait pu gagner la guerre ! » </blockquote>
 
Georges racontait ainsi la bataille de Guadalajara (mars 1937), victoire morale pour la république, au prix de 2 000 morts et 4 000 blessés : <blockquote> « Les troupes fascistes attaquent pour prendre Madrid - Franco ne rêvait que de prendre Madrid - De chaque côté, les combattants étaient des carabiniers et des gardes d’assaut. Les gardes d’assaut républicains ont lâché le front et les franquistes se sont engouffrés sur la route, mais les carabiniers ont tenus le coup et la 12<sup>e</sup> Brigade Internationale italienne a été envoyée en renfort pour barrer la route qui était toute droite. Les troupes fascistes italiennes ne savaient pas qu’existaient des italiens chez les rouges. Et les avions républicains lançaient des tracts disant aux fascistes qu’ils combattaient leurs frères italiens. La bataille a été terrible et ça a "fait un méli-mélo", les hommes se battaient au corps à corps. Puis la 13<sup>e</sup> Brigade Internationale des allemands et des polonais a été envoyée en renfort et ça a été la débâcle des italiens fascistes. Il y a eu beaucoup de morts et de prisonniers italiens et certains ont rejoint les rangs de la République. On n’a pas continué sur la lancée car on était mal commandé et on manquait d’essence. On aurait pu gagner la guerre ! » </blockquote>
 
Le 10 mai 1937, il est nommé sergent (OJ n° 125) et en août, il bénéficie d’une permission de 8 jours à Denia.  
 
Le 10 mai 1937, il est nommé sergent (OJ n° 125) et en août, il bénéficie d’une permission de 8 jours à Denia.  
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Sur l’affrontement entre anarchistes, poumistes et les autorités légales, lors des journées de mai 1937 en Catalogne, Georges disait : <blockquote> « Tout était désorganisé, tout le monde commandait et se battait. Tout le monde se méfiait de tout le monde, il y avait des infiltrés et des luttes de pouvoir entre les différentes formations politiques, les communistes, les socialistes, le POUM et les anarchistes. Ils étaient empêtrés dans leurs luttes au lieu de se battre contre les fascistes. » </blockquote>
 
Sur l’affrontement entre anarchistes, poumistes et les autorités légales, lors des journées de mai 1937 en Catalogne, Georges disait : <blockquote> « Tout était désorganisé, tout le monde commandait et se battait. Tout le monde se méfiait de tout le monde, il y avait des infiltrés et des luttes de pouvoir entre les différentes formations politiques, les communistes, les socialistes, le POUM et les anarchistes. Ils étaient empêtrés dans leurs luttes au lieu de se battre contre les fascistes. » </blockquote>
 
Pendant les très durs combats de l’[[Offensive franquiste d’Aragon]] en mars et avril 1938, <blockquote> « C’était la pagaille et les communications entre les différents fronts étaient difficiles. On ne savait jamais si le front tenait, si une ville était tombée ou non aux mains des fascistes. Sur la route, on ne savait pas ce qu’on allait trouver au prochain tournant » </blockquote>
 
Pendant les très durs combats de l’[[Offensive franquiste d’Aragon]] en mars et avril 1938, <blockquote> « C’était la pagaille et les communications entre les différents fronts étaient difficiles. On ne savait jamais si le front tenait, si une ville était tombée ou non aux mains des fascistes. Sur la route, on ne savait pas ce qu’on allait trouver au prochain tournant » </blockquote>
Durant ces combats, il est cité à l’ordre de la brigade <blockquote> cuando se ha recibido orden de sumisnistrar en la linéa, el ha sido el primero con su cisterna de ejecutar las ordenes y sumistrar individualmente en la prima linea el vino a los camaradas » [Lorsque l'ordre a été donné d'approvisionner le front, il a été le premier avec sa citerne à exécuter l’ordre et à servir individuellement le vin aux camarades de la première ligne]. </blockquote>
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Durant ces combats, il est cité à l’ordre de la brigade : <blockquote> cuando se ha recibido orden de sumisnistrar en la linéa, el ha sido el primero con su cisterna de ejecutar las ordenes y sumistrar individualmente en la prima linea el vino a los camaradas » [Lorsque l'ordre a été donné d'approvisionner le front, il a été le premier avec sa citerne à exécuter l’ordre et à servir individuellement le vin aux camarades de la première ligne]. </blockquote>
Georges racontait qu’il avait appris à nager lors du [[Passage de l'Ebre]]: <blockquote> «  Je chargeais des caisses sur un rafiot. Ça pleuvait des pruneaux de partout. Je suis tombé à l’eau, je savais pas nager. Les copains non plus ne savaient pas nager, ils en avaient rien à foutre, ils étaient morts et flottaient comme des bouchons ». </blockquote>
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Georges racontait qu’il avait appris à nager lors du [[Passage de l'Ebre]] <blockquote> : «  Je chargeais des caisses sur un rafiot. Ça pleuvait des pruneaux de partout. Je suis tombé à l’eau, je savais pas nager. Les copains non plus ne savaient pas nager, ils en avaient rien à foutre, ils étaient morts et flottaient comme des bouchons ». </blockquote>
 
Sur sa fiche de démobilisation, il répond que les Brigades Internationales « ont servi à former l’armée populaire ».
 
Sur sa fiche de démobilisation, il répond que les Brigades Internationales « ont servi à former l’armée populaire ».
 
Adrien Largentier commissaire de guerre et François Vittori chef de l’intendance, le décrivent comme un « Muy buen chofer. Siempre prevenido y cuidado del material » [très bon chauffeur, ponctuel, prenant soin du matériel]
 
Adrien Largentier commissaire de guerre et François Vittori chef de l’intendance, le décrivent comme un « Muy buen chofer. Siempre prevenido y cuidado del material » [très bon chauffeur, ponctuel, prenant soin du matériel]

Version actuelle datée du 24 mai 2022 à 18:35

Georges Colombier naît le 14 octobre 1911 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Son père Jean-Baptiste est maçon et sa mère Louise Martin, femme au foyer. En 1912, le couple part s’installer à Verdun pour la construction des forteresses. Son père, mobilisé en 1914, est grièvement blessé en 1915 par un obus et amputé d’une jambe. Ses parents se séparent. Georges est élevé à Tauves (Puy-de-Dôme) par ses grands-parents maternels, Guillaume (agriculteur) et Anne Martin (blanchisseuse) et par son oncle Joseph Martin, transporteur routier, antimilitariste et libre penseur qui mourra en 1923 des suites de la guerre (gaz). Après avoir réussi son certificat d’études primaires le 23 juin 1923, il fait son apprentissage d’électricien à Billom (Puy-de-Dôme). En 1932, il effectue son service militaire pendant un an, au 507e Régiment de Chars de Combat de Metz et obtient le 27 mars 1933 son brevet de mécanicien de char. Profondément antimilitariste, antifasciste et libre penseur, il fait partie du courant pacifiste et humaniste de l'après grande-guerre, représenté notamment par le mouvement Paix et Liberté. Il apprend L’espéranto dans l'espoir que cette langue universelle fera le trait d'union entre les peuples. Il croit à la lutte des classes et au combat pour la liberté, la justice et l’éducation. Il parle italien qu’il a appris sur les chantiers avec des exilés qui ont fui l’Italie fasciste de Mussolini. Célibataire, employé par les Etablissements Tixier, il exerce le métier de monteur électricien. Il est domicilié 13, rue Marie Berthaud à Dijon.

L’Espagne

Enrôlé le 22 septembre 1936, Georges Colombier arrive en Espagne le 10 octobre, avec un groupe de volontaires français et italiens (Camillo MISMETTI, Emilio SUARDI et Gemellino COPES) partis de Dijon, en train via Chambéry jusqu’à Perpignan :

« Dans le train, on faisait semblant de partir en vacances, mais personne n’était dupe. »

Rien n’est prêt pour accueillir les premiers volontaires. Vital Gayman, membre du Comité Central du PCF, décrit ainsi leur cantonnement : « Durant les 15 premiers jours, ces hommes ont accepté sans un murmure, de coucher sur le ciment, sans matelas, sans paillasse, sans couverture. Ils ont accepté d’être dénués d’argent de poche, de tabac, d’avoir des repas incertains et insuffisants, d’être sans nouvelles de leur famille, sans journaux, sans livres… ». Ses copains de Dijon Félix Joseph BESSON et Robert GREUSARD rejoindront les BI en décembre 1936. Sur son carnet militaire des BI n° 91-635, Georges se déclare antifasciste.

A son arrivée en Espagne, il s’étonne de la pauvreté :

« il y avait une sacrée misère, surtout dans le sud, en Andalousie, ça n’avait rien à voir avec la misère en France, les gens n’avaient rien. Ils étaient illettrés », de la générosité « ils nous offraient tout ce qu’ils avaient et moi je leur donnais du tabac », du courage « ils allaient au combat avec des pelles et des pioches, face au tercio et aux moros ».

Pour lui, « c’était un sacré tour de force » d’avoir organisé si vite tous ces volontaires venus de pays différents pour en faire une armée.

« Mais ça voulait pas dire qu’on s’entendait toujours bien. Avec les allemands surtout. Question tranchée, les allemands y’avait rien à dire. Enfin, c’était comme pour la cantine, on mangeait tous des garbanzos mais chacun à sa sauce. »

Dans son rapport sur la situation des brigades de janvier à août 1938, André Marty fait état « des luttes acharnées de nationalités, [pour obtenir les postes de commandement] sauf dans la XIIe (qui ne comportait que des italiens et des espagnols) et dans la XIIIe (polonais espagnols) mais union des nationalités contre les espagnols… Dans la XIVe Brigade, les belges menaient une campagne de discrédit acharnée contre le commandant français ».

D’abord chauffeur attaché au parc automobile d’Albacete, Georges est affecté ensuite au service des transports de la 14e BI à la création de celle-ci, le 24 décembre 1936. Avec Pablo Garcia Bermejo (Espagnol) puis à partir du 23 janvier 1938, avec Virgilio Hurtado Fernandez (volontaire cubain voir RGASPI F. 545. OP.6 D. 595), il participe à tous les fronts de la 14e Brigade. Un permis de circuler signé par le commissaire politique Marc Tauvais l’autorise à « marchar a todos los pueblos donde se encuentren acantonados nuestras unitades y bataillones con al fin suministrarle essencia y vinos. [se rendre dans toutes les places où sont stationnés nos unités et bataillons afin de les approvisionner en essence et en vin]. » Georges faisait part des difficultés au quotidien pour assurer le service des transports :

« Pour gagner la guerre, faut faire rouler les camions et on manquait de tout, de chauffeurs, de véhicules, de pièces détachées, d’essence. »

Dès 1937, André Marty décrit l’état de pénurie : « Les brigades n’ont qu’un nombre infime de camions, la diversité extrême du matériel rend les conditions d’utilisation extrêmement difficile, pas de pièces de rechange, pas de standardisation. Le commandant de la base est obligé chaque jour de truquer les bons d’essence pour obtenir une quantité suffisante à un service minimum de transport ».

Dans un message adressé en février 1937 à Maurice FOURNAISE, au dos de la photo figurant ci-dessus, Georges a écrit

: « il nous faut faire 300 kms et plus par jour alors je n’ai que très peu de temps pour le graissage - car tu vois je n’ai pas changer au point de vue de m’occuper des voitures mais c’est le temps qui manque ».

Georges racontait ainsi la bataille de Guadalajara (mars 1937), victoire morale pour la république, au prix de 2 000 morts et 4 000 blessés :

« Les troupes fascistes attaquent pour prendre Madrid - Franco ne rêvait que de prendre Madrid - De chaque côté, les combattants étaient des carabiniers et des gardes d’assaut. Les gardes d’assaut républicains ont lâché le front et les franquistes se sont engouffrés sur la route, mais les carabiniers ont tenus le coup et la 12e Brigade Internationale italienne a été envoyée en renfort pour barrer la route qui était toute droite. Les troupes fascistes italiennes ne savaient pas qu’existaient des italiens chez les rouges. Et les avions républicains lançaient des tracts disant aux fascistes qu’ils combattaient leurs frères italiens. La bataille a été terrible et ça a "fait un méli-mélo", les hommes se battaient au corps à corps. Puis la 13e Brigade Internationale des allemands et des polonais a été envoyée en renfort et ça a été la débâcle des italiens fascistes. Il y a eu beaucoup de morts et de prisonniers italiens et certains ont rejoint les rangs de la République. On n’a pas continué sur la lancée car on était mal commandé et on manquait d’essence. On aurait pu gagner la guerre ! »

Le 10 mai 1937, il est nommé sergent (OJ n° 125) et en août, il bénéficie d’une permission de 8 jours à Denia. Au cours de cette année, il adhère au SRI (carte n° 354 308) et en 1938 à Solidaridad Internacional Antifascista, seccion española (carte n° 062766).

Sur l’affrontement entre anarchistes, poumistes et les autorités légales, lors des journées de mai 1937 en Catalogne, Georges disait :

« Tout était désorganisé, tout le monde commandait et se battait. Tout le monde se méfiait de tout le monde, il y avait des infiltrés et des luttes de pouvoir entre les différentes formations politiques, les communistes, les socialistes, le POUM et les anarchistes. Ils étaient empêtrés dans leurs luttes au lieu de se battre contre les fascistes. »

Pendant les très durs combats de l’Offensive franquiste d’Aragon en mars et avril 1938,

« C’était la pagaille et les communications entre les différents fronts étaient difficiles. On ne savait jamais si le front tenait, si une ville était tombée ou non aux mains des fascistes. Sur la route, on ne savait pas ce qu’on allait trouver au prochain tournant »

Durant ces combats, il est cité à l’ordre de la brigade :

cuando se ha recibido orden de sumisnistrar en la linéa, el ha sido el primero con su cisterna de ejecutar las ordenes y sumistrar individualmente en la prima linea el vino a los camaradas » [Lorsque l'ordre a été donné d'approvisionner le front, il a été le premier avec sa citerne à exécuter l’ordre et à servir individuellement le vin aux camarades de la première ligne].

Georges racontait qu’il avait appris à nager lors du Passage de l'Ebre

 : «  Je chargeais des caisses sur un rafiot. Ça pleuvait des pruneaux de partout. Je suis tombé à l’eau, je savais pas nager. Les copains non plus ne savaient pas nager, ils en avaient rien à foutre, ils étaient morts et flottaient comme des bouchons ».

Sur sa fiche de démobilisation, il répond que les Brigades Internationales « ont servi à former l’armée populaire ». Adrien Largentier commissaire de guerre et François Vittori chef de l’intendance, le décrivent comme un « Muy buen chofer. Siempre prevenido y cuidado del material » [très bon chauffeur, ponctuel, prenant soin du matériel] Dans son rapport du 29 octobre 1938, Lucien BIGOURET, responsable du PCF pour la Brigade, le juge ponctuel et courageux mais son attitude politique et sa participation à la vie politique sont caractérisées de « nulle » et son principal défaut est « critiqueur ». L’opinion courante parmi les camarades à son sujet est « bonne ». Georges Colombier figure sur la liste des volontaires de la région lyonnaise datée du 12 novembre 1938.

L’Espagne au cœur

De retour à Dijon, Georges retrouve du travail. Il écrit à ses copains espagnols internés et conservera des lettres reçues (traduction libre) :

« Barcarès 4 juin 1939, ilot E, Baraquement 1 Salut mon frère, Cher Colombier, hier j’ai reçu ton paquet qui m’a empli de joie, en effet tu nous as sauvé du problème du tabac pour quelques jours, chose que l’on apprécie beaucoup ici… En ce qui concerne le dictionnaire que tu vas acheter, cela n’est pas nécessaire, parce que j’ai plus de plaisir à te lire ainsi, car j’ai l’impression que je suis en train de t’entendre…Izquierdo »

« Chillon le 20/10/45, Ma famille et moi nous nous sommes réjouis en ayant de tes nouvelles et je conserve ta photo avec l’ami cubain devant la célèbre citerne de vin avec laquelle nous avons fait tant de bonnes « corridas ». Quand j’étais en France, j’avais reçu ta lettre et ton paquet et tu ne peux pas imaginer combien je me rappelai de toi, j’y suis resté quatre mois et deux mois en Espagne avant d’arriver chez moi, et quelques mois après mon arrivée, j’ai été appelé pour faire deux ans de service militaire, alors tu peux imaginer comme j’ai roulé moi aussi. Pablo Garcia Bermejo. »

Souhaitant adhérer à l’AVER, 79 rue Beaumarchais Paris, il adresse sa fiche d’adhésion accompagnée du certificat du colonel Cordon, sous-secrétaire de l’armée de terre, daté du 28 octobre 1938. Ce document lui est retourné avec la mention « pas de fiche ». Il ne sollicitera plus son adhésion. « Je ne devais pas être assez coco ».

La Résistance

Mobilisé trois semaines avant la déclaration de guerre, Georges Colombier rejoint le 167ème Régiment d’Infanterie à la forteresse de Koenismaker. Le 18 juin 1940, il est fait prisonnier à Villiers-lès-Nancy. A la suite d’évasions ratées de différents stalags, il est envoyé le 30 juin 1942 au camp de Rawa-Ruska, stalag 325 situé en Ukraine, territoire soustrait aux garanties de la Convention de Genève, camp de représailles contre les évadés, saboteurs et autres ennemis du Reich, surnommé par Winston Churchill « le camp de la goutte d’eau et de la mort lente ». Libéré le 1er mai 1945 à Dresde, il s’installe à la Monnerie-le-Montel (Puy-de-Dôme) où il est employé comme électricien à l’Hydroélectrique d’Auvergne. Le 19 février 1949, il épouse Augusta Jeanne MONTEIL. Georges Colombier est décédé à Clermont-Ferrand le 23 septembre 2007. Selon son souhait, son cercueil était recouvert du drapeau de la République Espagnole. Il est répertorié sur la liste des résistantes et résistants, homologués DIR, dossier administratif référencé GP 16 P 138477, publiée par le Service Historique du Ministère de la Défense.

Sources

Témoignages et archives de ses filles, Dominique et Geneviève Colombier

RGASPI (Moscou, F. 545. Op.2. D.370, Op.3 D.365, D.368, D.370, Op.6 D4, D.49, D.55, D.69, D. 1044) - Rémy Skoutelsky, L’espoir guidait leurs pas, Grasset, 1998 - Service Historique du Ministère de la Défense - https://rawa-ruska-union-nationale.fr/