BERTONE Marcel
Marcel Bertone est né le 9 octobre 1920, fils de Victor Bertone et d’Argentaria Patriarca, ouvriers antifascistes italiens vivant en France.
Après avoir suivi les cours de l’école primaire, il est devenu apprenti-peintre.
Après une période de chômage (de février à avril 1936), il a travaillé dans l’entreprise Cantone qui employait 7 ouvriers et qui était située 68, rue Villeroy à Lyon. Il y gagnait 25 francs par jour et était membre de la CGT.
Ses amis des Jeunesses Communistes et la lecture de livres portant sur les questions sociales l’éveillent à la vie politique. En 1935, âgé de 15 ans, il adhère à la JC et devient délégué au comité de Lyon-ville. En 1936 il devient membre du PCF où il est responsable du CDLP. Il lit l’Humanité, la Correspondance Internationale, Cahiers du Bolchevisme. Il s’intéresse particulièrement aux questions concernant le Front Populaire français et l’ « Unité Internationale ».
Marcel Bertone habitait chez ses parents 29, rue de Belfort à Lyon (Rhône).
L’Espagne
Le PCF et un militant anarchiste, ayant refusé de l’aider à partir pour l'Espagne en raison de son jeune âge, Marcel Bertone passe la frontière, illégalement. (Voir ci-contre le récit de son départ et de son passage.)
Il arrive en Espagne le 28 février 1937, « para acabar con el fascismo » (pour en finir avec le fascisme).
Le 19 mars 1937, il est affecté au 20e Bataillon de la 86e BM, CM. Il participe aux combats de Pozoblanco et de Valsequillo. En avril 1937, il est nommé caporal.
En octobre, il rejoint le bataillon de renfort de Villanueva de la Jara et y reste jusqu’en décembre 1937.
Il est alors affecté à la 14e BI, 14e Bataillon « Pierre Brachet », CM du 12 décembre 1937 au 15 janvier 1938 puis à la CM du 10e Bataillon, du 15 janvier au 26 juillet. Il prend part aux combats de Caspe.
En juin 1937, il bénéficie d’une permission de trois jours à Barcelone.
Il est blessé, lors du passage de l’Ebre, le 26 juillet « à gauche de Tortosa ». Il est évacué sur La Sabinosa, et hospitalisé à la « Clinica n° 7 » de Barcelone, puis à l’hôpital de Vich. Il deviendra responsable politique d’un étage (300 lits).
Aux diverses questions posées dans le formulaire de rapatriement : il répond qu’il a étudié les 13 points du Gouvernement d’Union nationale de Negrín, il pense « que c’est, actuellement, l'unique base possible sur laquelle peuvent s’unir tous les espagnols à l’exception bien entendu de ceux dans le genre de Franco. »
Il considère que la politique du Front Populaire en Espagne est « juste, en accord direct avec les intérêts du Peuple Espagnol car elle consolide la position du ft. d’Union Nationale » et « parce qu’elle a su s’adapter aux circonstances. »
En ce qui concerne le rôle des Brigades internationales :
« Je pense que l’organisation politique et militaire des Bdes est très bonne, car elle a représenté un exemple de discipline, elle a formé des cadres militaires, des militants ouvriers, ce furent les premières unités, avec le 5e Rt, qui démontrèrent les bénéfices d’une discipline militaire dans l’Armée, [elles] ont participé à changer les héroïques Milices en Armée Populaire. Elles ont uni dans la lutte [des] éléments de différentes idéologies et de nationalité[s]. »
Qu’a-t-il appris en Espagne ?
« Lorsque je suis venu en Espagne, j’étais jeune, sans aucune expérience, sans presque d’éducation politique, poussé par un instinct de classe, un instinct de solidarité envers les camarades espagnols plutôt qu’autre chose. Je ne comprenais pas beaucoup ce qui se passait en Espagne. Je l’ai appris dans la lutte, côte à côte avec les camarades espagnols. J’ai appris que le secret de la résistance du Peuple espagnol n’est pas un phénomène, mais qu’il réside dans son union, dans l’unité de ses syndicats, dans son F.P.et son Gt. J’ai appris à connaître les armes automatiques et de quelle manière doit se défendre une position. Je ramène aux organisations de mon pays une volonté bien arrêté[e] de lutter pour en finir avec le fascisme et pour l’émancipation du prolétariat. »
La Résistance
Cette « volonté bien arrêté[e] de lutter pour en finir avec le fascisme », Marcel Bertone va la montrer pendant l’invasion nazie de la France.
Le 18 décembre 1941 il fait partie d’un groupe de trois jeunes (avec Louis Coquillet et Maurice Touati) qui met le feu à un camion allemand, à l’angle des rues Lamartine et Buffault (Paris 9e). Poursuivi par la police, Marcel Bertone cherche refuge chez un locataire de la rue Cadet, celui-ci l’abrite et… alerte les policiers.
Condamné à mort lors du « procès » de la Maison de la Chimie, Marcel Bertone est fusillé le 17 avril 1942 au Mont Valérien.
Sources
RGASPI (BDIC, Mfm 880/5, 545.6.1080).
Anne Thoraval, Paris, les lieux de la Résistance, Parigramme, 2007
Arséne Tchakarian, Les fusillés du Mont Valérien et de la région parisienne, 1993