CANOVA Albert
Albert Canova, fils de Louis Canova ouvrier socialiste et d’Anna Duvochat (orthographe incertaine), est né le 2 octobre 1908 à Lyon (Rhône).
En 1928, il a effectué son service militaire, comme soldat, au 506e Régiment de Chars de Combat de Besançon.
Ouvrier ajusteur outilleur, il a suivi 3 années d’apprentissage et une année de perfectionnement.
Employé par l’usine Seguin (500 salariés) 1, cours Albert Thomas à Lyon, il percevait un salaire de 8,50 francs de l’heure.
Adhérent de la CGTU en 1924 et de la CGT des métaux en 1936, il a exercé les fonctions de secrétaire de section pendant 2 ans. Il était également membre de la commission exécutive de propagande du syndicat.
Il a participé à de nombreux mouvements de grèves et manifestations. Poursuivi pour entrave à la liberté du travail, il a bénéficié, à une date inconnue, d’un non-lieu du Tribunal correctionnel de Lyon.
Membre des JC en 1927 et du PCF en 1933, il était secrétaire adjoint de la cellule la Part-Dieu à Lyon et membre de la commission régionale d’organisation. Il a participé au congrès du PC à Villeurbanne.
Lecteur de l’Humanité et de la Voix du peuple, il s’intéressait à l’économie politique. Il a suivi les cours de section du PCF, un jour par semaine, en mars 1934 (1 mois) et en décembre 1936 (2 mois).
Il était membre de la FSI et depuis 1933 du SRI.
Marié, père d'un enfant, il était domicilié 18, rue d’Essling à Lyon (Rhône).
L’Espagne
Albert Canova arrive en Espagne, avec l’accord du PC, « en traversant la frontière à pied », le 6 décembre 1937, pour « lutter contre le fascisme ».
Affecté le 15 décembre 1937 à la 14e BI, 4e Bataillon (Henri Barbusse), 1ère Compagnie, comme tireur au fusil mitrailleur, il devient chef d’escadron.
Durant ses huit mois passés au front, il prend part aux batailles de Valdemorillo (février 1938), Caspe (mars 1938), Tivenys (avril 1938), Campredo passage de l’Ebre (juillet 1938), Amposta (août 1938) et Corbera (septembre 1938).
Après les opérations de Caspe, il est félicité par ses chefs, le capitaine Dinah et le commissaire politique Hamon, pour sa bonne conduite au front à Tivenys.
Après les combats de Caspe, le 18 avril 1938, il est nommé caporal.
Le 16 mai 1938, il devient commissaire politique de la compagnie.
Malade, il est admis à l’hôpital du 17 au 23 août 1938.
En janvier 1938, il adhère au SRI (voir article Solidarité).
L’extrait de la biographie dactylographiée, datée du 30 juin 1938, d’Albert Canova est accompagné de quatre rapports d’appréciation :
Le rapport du 26 septembre 1938 de Jean Levasseur, responsable du parti du 4e Bataillon Henri Barbusse, le décrit comme un « bon commissaire [qui] a besoin de prendre un peu plus d’assurance de lui-même. Son travail politique est très bon. [Il est] très bon moralement mais faible physiquement ce qui l’empêche d’user de toutes ses possibilités. [Il] est toujours resté dans la ligne du parti. [Il] se sous-estime, [il] manque de confiance en lui-même. A épauler dans les tâches rudes ».
Le 7 octobre 1938, Yvan Dinah, commandant du 4e Bataillon note qu’il a accompli un « bon travail pour l’organisation de la compagnie, bon travail pour le travail politique et la conduite. [Il] s’est beaucoup amélioré comme commissaire. Manquant d’autorité au début [il] s’est affirmé par la suite ».
Le rapport, daté d’octobre 1938, de Gustave Guéhéneux, commissaire politique du 4e Bataillon, le décrit en ces termes « a toujours respecté les ordres donnés, a fait un bon travail. Bon moral. A toujours fait un bon travail culturel ».
Le rapport non daté d’Armand Maniou, commissaire politique des cadres du PCE, section étrangère, le définit comme un « très bon camarade, sérieux, dévoué, conscient de la lutte que nous menons. Conduite morale très bonne. Pas fort politiquement. Ne peut avoir de poste plus haut que commissaire de compagnie. Ne sait pas prendre suffisamment d’autorité. Parait débordé rapidement. Tendance à être le délégué d’atelier plutôt que le commissaire politique. D’une sincérité remarquable. A aider et à pousser ».
Sur le formulaire de rapatriement du 30 juin 1938, Albert Canova exprime son opinion sur le gouvernement Negrin qui
« représente bien sous son vrai jour la lutte d’indépendance du peuple espagnol contre le fascisme » et « la volonté du gouvernement espagnol que sa lutte et bien une lutte nationale car il fait appel à tous les espagnols même ceux qui sont dans la zone rebelle »
La politique du front populaire « correspond aux sentiments et aspirations de tout le peuple espagnol car elle s’appuie entièrement sur les masses populaires ».
« Dans la politique du front populaire, le fait principal c’est l’union de tous le peuple, sur la base d’un programme commun, afin de barrer la route du fascisme et d’organiser la défense. C’est la possibilité de grouper dans de larges organisations de masse les ouvriers, paysans, petits commerçants, catholiques pour la défense de ces droits ».
Albert Canova pense que
« Les BI ont aidé puissamment à la formation de l’armée par les connaissances militaires qu’elles tenaient déjà et politiquement elles ont contribuer à forger cette unité du peuple et développer les solidarités internationales envers l’Espagne ».
Il dit également
« l’Espagne a été pour moi une grande école. J’y ai appris la tactique et l’emploi des armes, les qualités morales qui font une vraie armée du peuple. Politiquement la grande leçon a été celle de l’unité… je travaillerai intensément pour l’aide à l’Espagne ».
Son nom figure dans l’inventaire général des cartothèques de 1937 et dans celui du 5 mai 1938 sous le n° 794 assorti de l’observation M. B. A. O. (voir BAO)
La Résistance
Prisonnier de guerre, Albert Canova sera envoyé au camp de Rawa Ruska, surnommé le camp de la goutte d’eau et de la mort lente, camp de représailles contre les prisonniers résistants, coupables de récidives d’évasion ou de sabotage.
Sources
RGASPI (BDIC, Mfm 880/8, 545.6.1108)
Ceux de rawa ruska et leurs descendants www.rawa-ruska.net/