GREHANT Pierre
Pierre Gréhant est né le 20 juillet 1913 à Paris, dans le 6e arrondissement, ses parents étaient médecins généralistes et, sur le plan politique, son père était radical socialiste.
Il s'ouvre à la politique dès 1928 sous l'influence de son grand-père, émigré russe d'Odessa et révolutionnaire.
Après des études secondaires, il intègre une école d'ingénieurs des travaux publics à Paris de 1934 à 1936.
En 1934 il adhère à l'UFE et aux jeunesses communistes. Lecteur de L'Humanité, L'Avant-Garde, La Pravda, il étudie Le Capital de Marx et porte un intérêt tout particulier à l'économie politique et à l'organisation de la production en URSS.
Pierre Gréhant parlait et écrivait le russe, l'allemand et l’espagnol.
Il obtient son diplôme d'ingénieur électromécanicien en 1936 et trouve un emploi au dépôt de locomotives de Chaumont (Haute-Marne). De par sa formation, il avait des connaissances dans la conduite des locomotives.
Durant son service militaire qu'il effectue au 66e Régiment d'Artillerie, il suit une école d'officiers à Poitiers durant 6 mois où il étudie la topographie. Il est ensuite affecté à Oran (Algérie) et sera démobilisé avec le grade de sous-lieutenant le 7 octobre 1937.
A peine dégagé de ses obligations militaires, et après quelques jours passés à Chaumont (Haute-Marne), il part pour l’Espagne pour « lutter ».
L'Espagne
Après avoir franchi illégalement la frontière (voir Passage clandestin des Pyrénées, il arrive à Figueras, via Massanet, le 18 octobre 1937.
Affecté à Almansa au 3e Groupe d'Artillerie lourde, 1 sup>e Batterie, il est nommé lieutenant par le ministère de la guerre le 31 décembre 1937. D'avril à juillet 1938, il est nommé à l'état-major du groupe, puis jusqu'au retrait des Brigades, retourne à la 1e Batterie comme lieutenant de tir et observateur du groupe. Avec son unité, il prend part aux combats sur le front d’Andalousie (Motril, Grenade).
Comme lieutenant, avec le commissaire politique de son unité André CREUS, il fera un rapport sur Georges LAVERGNE (voir biographie).
Il avait adhéré en décembre 1937 au SRI (voir article Solidarité).
Pierre Gréhant signale dans le document de démobilisation qu'il a fait l'objet d'une punition de 15 jours d'arrêts (voir l’article Sanctions)
« pour avoir dit que mon commandant de Batterie le Lieutenant Rebours Olivier faisait de la démagogie »
, Cette punition fut prononcée par le commandant Rigaud. Gréhant précise que le lieutenant Rebours fut destitué quelques jours après.
Diverses questions sont posées aux volontaires dans ce document.
A celle concernant la connaissance des 13 points de gouvernement d'union nationale (voir article Negrin), il précise :
« que pour le moment ils définissent la meilleure politique à suivre, car ils doivent permettre au gouvernement d'union nationale de gagner la guerre : d'une part ils doivent unir dans un seul bloc tous les Espagnols de l'Espagne républicaine. D'autre part, ils doivent rendre très clair leur situation à tous les Espagnols dominés par le fascisme ».
Il donne son sentiment sur les connaissances apprises pendant son engagement :
« sans avoir appris de spécialité particulière, j'ai appris beaucoup durant mon séjour en Espagne, tant au point de vue militaire qu'au point de vue politique, Je serai toujours au service de toutes les organisations antifascistes ».
A la question : que penses-tu des BI ?, il répond :
« je suis fier d'avoir appartenu aux Brigades Internationales à cause du rôle héroïque qu'elles ont joué et à cause des actes d'héroïsme qui les ont illustrés. Toutefois, je pense que l'organisation n'a pas toujours été parfaite. Je regrette en particulier l'absence d'un service central qui aurait groupé et étudié les dossiers de tous les officiers, ainsi que l'absence de directives fixes sur la question de la discipline». « Les Brigades Internationales ont permis au peuple Espagnol de s'organiser pour la lutte de créer l'armée Populaire. C'est à elles qu'on doit d'avoir conservé Madrid, à leur aide militaire et à l'exemple qu'elles ont apporté. »
Une note émanant du commissariat de guerre des BI qualifie Pierre Gréhant ainsi : « est venu avec beaucoup d'idées erronées sur des problèmes importants (égalitarisme, discipline, etc.) mais a appris beaucoup, » « a un grand dévouement pour le parti et est un militant très discipliné, »
Pierre Gréhant avait sollicité son adhésion au PCE le 12 octobre 1938.
Sources
RGASPI (Moscou, F. 545. Op. 6. D. 35. et D.1215)