SAVENAUD Edmond
Edmond Savenaud est né le 16 mai 1905 à Chamberaud (Creuse). Son père Victor était maçon et socialiste, sa mère Jeanne Reminiac, ménagère. Il a été scolarisé à l’école primaire de Colombes (Seine) puis dans une école confessionnelle, le pensionnat Malège, à Colombes également. Suite au décès de son père, il doit cesser sa scolarité en 1918 et commence à travailler comme employé de banque ; il a alors 13 ans.
Par la suite, il sera employé dans l’industrie métallurgique dans différentes entreprises : papeterie de Nanterre, Citroën à Clichy, Renault à Billancourt, Gnome et Rhône à Gennevilliers. Puis il change totalement de secteur professionnel et devient maçon-plâtrier. En 1924, il milite durant peu de temps aux jeunesses socialistes. Edmond sera exempté de service militaire.
Le 1er août 1929, lors d’une grève, il est arrêté par la police de Courbevoie et détenu durant 48 heures au commissariat. Son intérêt pour la politique lui vient des mouvements revendicatifs, de ses fréquentations et de ses lectures. En 1932, il adhère à la CGTU section ciment-pierre et devient secrétaire de la section d’Argenteuil en 1934. A cette époque, il travaille quelques temps à son compte dans le bâtiment. En 1935, il retourne chez Gnome et Rhône pour un salaire mensuel de 800 frs. Cette entreprise employait environ 8oo personnes. C'est alors qu'il adhère à la CGT section métallurgie. En janvier 1935, il entre au PCF, cellule des Champioux à Argenteuil, et devient secrétaire du sous-rayon de juillet à décembre de la même année. En septembre, il est renvoyé de l’usine et commence pour lui une période de chômage, pendant laquelle il doit faire le camelot pour vivre. En 1936, il trouve un emploi dans une usine de carton où il est délégué syndical. Durant cette année-là il adhère au SRI, ainsi qu'aux Amis de l'Union Soviétique. Il devient secrétaire de la section d’Argenteuil, et membre du comité régional de Paris-Ouest, ceci jusqu’à son départ comme volontaire en Espagne républicaine.
En 1937 il devient permanent du PCF avec un salaire mensuel de 1500 frs, il est délégué à la conférence nationale de Montreuil et au congrès du PCF à Arles en décembre. Il est également membre du mouvement Paix et Liberté. Dans le cadre de sa formation militante, il a suivi deux écoles du PCF, l’une de section, l’autre régionale durant 15 jours. Pour parfaire son éducation politique, il étudie le Léninisme théorique et pratique, Le Capital de Marx, les mouvements ouvriers Français. Cette dernière question l'intéresse tout particulièrement. Il écrit régulièrement des articles sur la politique locale dans le périodique régional du parti Le Prolétaire d’Argenteuil rebaptisé Le Progrès d’Argenteuil. Avant son départ pour l'Espagne, il était marié, n’avait pas d’enfant et était domicilié 53, rue de la Procession à Argenteuil (Seine-et-Oise).
L’Espagne
Recruté rue Mathurin Moreau à Paris, au siège de la CGT, Edmond Savenaud arrive en Espagne illégalement en traversant les Pyrénées à pied (voir article Passage clandestin des Pyrénées), le 23 janvier 1938 avec un contingent de 63 volontaires puis, via Massanet, il est dirigé sur Villanueva de la Jara. Affecté le 14 février à la 4e Compagnie du 12e Bataillon de la 14e BI (Ordre du jour n° 298 du 14 février 1938). Muté au 4e Bataillon Henri Barbusse du 3 avril au 20 juillet, il est nommé commissaire politique de Compagnie le 6 avril puis commissaire politique de Bataillon adjoint, le 17 juin, pour seconder René Hamon René HAMON (voir la biographie de ce volontaire). Il passe ensuite au Bataillon Commune de Paris du 21 juillet au 25 août puis au 3e Bataillon André Marty du 25 août au 21 septembre (Ordre du jour, n° 502 du 29 août 1938). Durant son engagement il aura participé aux combats des fronts du Centre, de février au 14 mars, d'Aragon (voir Offensive franquiste d’Aragon du 6 mars au 3 avril et de l'Ebre (voir Bataille de l’Ebre) du 4 avril au 21 septembre 1938. Il sera blessé par deux fois aux bras et aux jambes, la première le 25 juillet (voir Passage de l'Ebre) et la seconde le 21 septembre dans la sierra Caballs. Ces blessures le tiendront hospitalisé à Mataro, Moya et Farnes de la Selva où il sera délégué d'étage. Sur son lit d’hôpital, il écrit un article pour Le Progrès : ‘ Lettre d’Espagne’ .
Dans sa biographie militante établie à Tortosa le 29 juin 1938, à la question : Que penses-tu des BI, de leur organisation politique et militaire et du rôle qu'elles ont joué ? il répond :
«Je pense qu'elles ont été une cinglante réplique au fascisme et qu'elles ont demandé de grande possibilité pour l'avenir. D'accord avec l'organisation tant politique que militaire dans les conditions données. Je pense qu'elles ont été le noyau autour duquel a pu se cristalliser l'armée qui existe aujourd'hui et un exemple d'organisation et d'unité».
Dans un document, à en-tête du PCE, daté du 26 octobre 1938, le signataire Lucien BIGOURET (voir la biographie de ce volontaire) porte sur Edmond Savenaud des appréciations très élogieuses:
«très courageux au front et très actif à l'arrière, a eu une conduite magnifique à l'Ebro et à la Sierra Caballs où il a été blessé dans les 2 fronts.»
«très bonne éducation politique, militant actif, très pénétré du rôle du PCE dans la guerre»,
«conduite personnelle excellente digne d'exemple, s'est montré discipliné, courageux sérieux et très estimé de ses camarades».
Jean Levasseur ex-responsable du Bataillon Henri Barbusse le qualifie comme suit :
«[a] toujours fait son travail avec zèle, bon organisateur, bonne liaison avec ses hommes qu'il ne quittait jamais, très fort politiquement. Camarade de pleine confiance, s'est conduit d'une manière parfaite».
Le Progrès d’Argenteuil publie dans un article, le 5 octobre, «les noms des volontaires de la liberté [qui] vont rentrer d’Espagne». Parmi ceux-ci figurent les noms de Georges Habert, Jean Marle, Léon Desport et Edmond Savenaud. Il est rapatrié le 18 décembre 1938 et demande son retour à Argenteuil. Peu après, il devient membre du bureau de l’AVER.
La Résistance
Sous l'Occupation, Edmond Savenaud participe à la Résistance. Il a été l'un des premiers à réorganiser le Parti communiste dans la région parisienne pendant l'hiver 1939.
En janvier 1940, il figurait sur une liste dressée par la police comme l'un des dirigeants communistes de la région Paris-Ouest. Ce même mois, il contacte un ancien d’Espagne, Jean Hemmen, pour l’intégrer à l’action clandestine. En janvier 1941 il organise un groupe de diffusion de matériel de propagande à Nanterre et à Boulogne Billancourt. Le 27 janvier 1941 le tribunal militaire de Périgueux (Dordogne) le condamne par défaut à 5 ans de prison et à cinq milles Francs d’amende pour infraction au décret de loi du 26 septembre 1939. Il est arrêté par les Brigades Spéciales le 12 février 1941 et condamné le 21 à 18 mois de prison et à 5 ans d’interdiction de droits civiques. Incarcéré à la prison de la Santé, puis à Poissy il est remis aux Allemands et interné à Royallieu-Compiègne, stalag 122.
Edmond fait partie d’un groupe de 19 internés qui s’évadent dans la nuit du 21 au 22 juin 1942 par un tunnel de 45 mètres qu’ils avaient creusé.
Après cette évasion, il rejoint les Ardennes sous le pseudo de Lucien Bréand. A Mézières, il aide les communistes locaux à se structurer. Le 7 décembre 1942, suite au démantèlement du réseau, Edmond est envoyé à Dijon (Côte-d’Or) pour intégrer l’inter-région qui comprenait la Marne, l’Aube, l’Yonne, la Côte-d’Or et le nord de la Saône-et-Loire. Arrêté, probablement sur dénonciation, en mars 1943, il est torturé par la Gestapo de Dijon. Incarcéré au fort de Romainville, il est déporté le 14 juillet 1943 à Natzweiler-Struthof en Alsace, matricule 4592. En septembre il est transféré à Dachau, puis au commando d’Allach. Il est libéré le 30 avril 1945.
L’après guerre
Très affaibli par les épreuves de la déportation, il reprit cependant ses activités militantes. Il fut élu conseiller municipal, secrétaire de section du PCF d’Argenteuil et membre du secrétariat fédéral de Seine-et-Oise. Le PCF le présenta aux élections cantonales de 1945. Il écrivit des articles dans La Renaissance de Seine-et-Oise sur la guerre d’Espagne et la résistance à l’occupant.
Il vécut avec Renée Sterkx, elle même militante du PCF, arrêtée en mars 1941, condamnée à 10 ans de travaux forcées, déportée à Ravensbrück en mai 1944, elle s’évada le 20 mai 1945 lors de l’évacuation du camp. Elle fut secrétaire de la section communiste de Sannois (Seine-et-Oise). En 1946 ils ont une fille prénommée Annette.
La direction du PCF lui demandant de «retourner à la base», il intègre la centrale EDF de Gennevilliers et mène des actions syndicales au sein de la section CGT de la centrale. Par la suite, il s’investira principalement dans l’activité de la Fédération Nationale des Déportés, Internés et Patriotes (FNDIRP).
Lors de sa retraite, il s’installe à Saint-Cézaire-sur-Siagne (Alpes-Maritimes). Bien que malade, il participe en juin 1974 au 18e congrès de la FNDIRP à Limoges (Haute-Vienne). Quelques heures après la clôture du congrès, pris de malaise, il est transporté à l’hôpital de Limoges où il décède le 10. Sa veuve adhérera à l’AVER section du Sud-Est.
Edmond Savenaud est homologué RIF, avec le grade de sous-lieutenant et DIR (Déportés et Internés de la Résistance) sous la référence GR16P 538004.
Sources
RGASPI (Moscou, F. 545. Op. 3. D. 369 et 370 - Op. 6.D. 36. 1044 et 1397) - Le volontaire de la liberté, du 1er juin, page 2 et du 31 juillet 1938, page 6 - El voluntario de la libertad du 3 septembre 1938 page 10 - https://fr.wikipedia.org/wiki/Edmond_Savenaud-ServiceHistoriqueduMinistèredelaDéfense - https//maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article136811.