CHAUVIGNAT Marcel

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Marcel Chauvignat est né le 4 août 1912 à St Emilion (Gironde). Son pére Jean était cultivateur, également Brigadiste Jean CHAUVIGNAT( voir la biographie de ce volontaire).

Détenteur d’un CEP, cultivateur de profession à St Emilion, membre de la CGT section paysanne, Marcel Chauvignat effectua son service militaire dans une unité de cavalerie motorisée.

En 1927, il adhéra aux Jeunesses Communistes, puis par la suite au PCF. Il assura les fonctions de secrétaire de la cellule de Saint-Emilion et devint membre du comité régional.

L’Espagne

Après avoir franchi illégalement la frontière (voir article Passage clandestin des Pyrénées) avec un groupe de 30 volontaires, il rejoint Figueras, via Massanet, le 16 ou le 17 juin 1937. Enrôlé à la base d’Artillerie d'Almansa, il est affecté le 6 juillet à la 1èreBatterie<du 3e Groupe d’artillerie lourde Rigaud en qualité de commissaire politique de groupe

Pour effectuer une période militaire, il bénéficie le 17 août 1937 d’une permission de deux mois et demi. De retour le 15 novembre 1937 via Massanet, il rejoint Albacete et est réaffecté à son unité initiale de la 3<esup>ere Batterie du 3e Groupe d’artillerie lourde Rigaud en qualité de commissaire politique de groupe.

Il est nommé officiellement commissaire politique de batterie le 2 février 1938, et restera dans cette unité jusqu’au mois d’août. Sa dernière affectation sera la 2e Compagnie du Bataillon Dimitrov de la 129 BI.

Sur le questionnaire de démobilisation, une série de questions lui sont posées.

Quelle est ton opinion sur la politique du front populaire en Espagne ? Negrin, il répond :

« je pense que la politique d’union pratiqué par le front populaire Espagnol est la seule qui à l’heure actuelle puisse amener a bien la tache du gouvernement d’union nationale et mener le peuple d’Espagne à la victoire finale. »

Est-ce une politique bonne et juste ?:

« C’est la seule qu’on puisse pratiquer actuellement parce que c’est la seule capable de rassembler derrière elle les grandes masses du peuple et influer parmi elle l’unité l’allent (sic) et l’enthousiasme nécessaire à la victoire finale. : < /blockquote> » Que penses-tu des Brigades Internationales de son organisation politique et militaire ?

« je pense que l’organisation politique et militaire des BI sont une chose merveilleuse qui ont démontrés au monde entier comment des hommes de tous les pays ont su s’unir dans la même volonté de lutte pour le même idéal, la lutte contre le fascisme international. L’organisation des brigades internationales formées par le meilleur des forces antifascistes du monde entier, comment des hommes venus de tous les pays a été aussi pour le peuple d’Espagne et pour la formation de l’armée populaire un merveilleux exemple de discipline et d’esprit de combativité dans la lutte.

Le 10 juin 1938 il écrit une lettre dactylographiée à son père reproduite ici in extenso :

« Front de la liberté le 10.6.38 « Bien cher père je vois sur la lettre que tu m’as écrite qu’après la réception de celle du camarade Champion qu’il t’a écrite qu’il y aurait une certain découragement de mon coté, et il n’a pas pu déterminer les causes de ce découragement. Ceci est vrai, cher père, en ce moment je suis sous le coup d’un assez grand découragement et j’ai un état d ‘esprit qui ne me permet pas à faire tout mon travail tel que je devrais le faire. Élevé à la bonne école du communisme, habitué dès mon plus jeune âge à savoir ce qu’est vraiment la vie des militants de la base, cette vie de lutte acharnée et de sacrifices constants à nos idées et à notre cause. De cette lutte et de ce sacrifice j’en ai eu constamment le plus bel exemple sous mes yeux. C’est en toi mon cher père, toi dont la vie a été toujours imprégnée de ce bel esprit de lutte et de sacrifice, toi qui n’a jamais reculé même devant les sacrifices les plus durs, pour servir la cause de notre Parti. En toi j’ai toujours vu le militant actif et intègre, constamment sur la brèche du combat. Ce magnifique exemple a fortement frappé mon esprit et j’ai compris moi aussi toute le grandeur et toute la justesse du but que nous poursuivons. Tu as su guider mes premiers pas, tu as su encourager et développer en moi ce juste esprit combatif, ce juste esprit de classe qui t’a toujours animé. Mais tu as encore fait plus pour moi. Toi qui as toujours été un militant de la base, sans aucune ambition ayant seulement conscience de remplir ton devoir de militant au maximum, tu as voulu que ton fils soit quelque chose de plus haut, que tu n’avais été. Tu as voulu que je puisse le maximum pour fournir le maximum. Lorsque l’occasion s’est présentée une fois. Et plus, tu n’as pas hésité à tout sacrifier pour nos idées. Tu savais très bien en ce moment que dans la situation où tu te trouvais, te séparer de moi c’était perdre tout le fruit de tes nombreuses années de travail et de privations. Et malgré cela tu n’as pas hésité. Entre l’intérêt du parti et ta situation tu as choisi l’intérêt du parti. En tout ceci cher père je t’ai constamment approuvé mais aussi je te l’ai dis plusieurs fois et je le redis encore, aujourd’hui je t’ai constamment admiré, et j’ai bien promis que toutes tes peines, tous tes sacrifices ne seraient pas inutiles. J’ai travaillé, beaucoup même. J’ai voulu apprendre le maximum. Je puis dire sans me vanter que je m’en suis sorti à peu près bien et que le bagage politique amassé là-haut, était assez important pour moi. En revenant j’étais prêt à prendre ma place et à donner le maximum pour notre cause. Pendant ce temps une fois de plus tu me montrais l’exemple et le chemin à suivre et malgré tes 53 ans, liquidant ta situation tu t’en venais ici en Espagne fait ton devoir de lutteur antifasciste. Ce devoir tu l’as glorieusement accompli, tous les camarades et ils sont nombreux qui t’ont connu sur le front, parlent de toi avec admiration et respect. De retour en France, j’ai tout fait pour suivre ton chemin et venir combattre à tes côtés. Pourtant à ce moment j'aurais pu comme tant d’autres, réaliser un beau rêve et connaître la douceur de la vie de famille. Mais suivant ton exemple entre mon coeur et mes idées, je n’ai pas eu d’hésitation, j’ai sacrifié la première. Dire que c’est sans souffrances, serait mentir, car nous sommes des hommes après tout et chez nous les sentiments sont encore plus profonds que chez beaucoup d’autres. Mais je suis venu en Espagne avec un but bien déterminé, mettre toutes mes forces, toute ma volonté, toutes mes connaissances au service de la grande cause antifasciste. Et qu’ai-je fait depuis bientôt un an que je suis arrivé ici ? On m’a mis tout de suite à un poste responsable. Commissaire de groupe. Tu sais la situation qui existait en ce moment au Groupe ETIENNE et les difficultés que ma jeune expérience y a rencontrées. Néanmoins, j’ai fait tout mon possible pour me mettre à la hauteur de la situation. On m’avait promis de tout arranger pour mes périodes et à la veille de monter au front on m’annonce que je dois rentrer en France pour les faire. Et ceci après à peine deux mois d’Espagne sans avoir vu le front. Cacher là ma désillusion ! Surtout lorsque arrivé en France il m’a fallu attendre trois (mois) pour les faire. Après je suis revenu. Je croyais alors pertinament que pour moi le moment était venu de monter au front. J’arrive à Albacete après m’avoir fait traîner une quinzaine de jours on m’offre une place responsable dans les bureaux. Mais tu me connais, tu sais que pour moi, ce n’est pas le travail de bureau qu’il me faut. Je sais très bien que c’est parfois un travail très responsable et qu’il faut le faire, mais j’aime mieux monter au front comme simple halleur que de rester toute la journée assis sur une chaise. Il y a assez de mutilés ou de gens âgés pour accomplir ce travail. C’est ce que je leur ai répondu et j’ai demandé à partir dans l’artillerie. On m’a mis commissaire de batterie. Malheureusement je suis tombé dans un groupe qui est venu sur ce maudit front d’Andalousie. Front tout ce qu’il y a de plus tranquille où bien souvent on oublie trop qu’on est en guerre. Comprends-tu cher père que maintenant quelle est ma désillusion et pourquoi parfois je suis saisi d’un découragement si grand. J’ai la conviction profonde que je suis ici un inutile. Venu ici avec l’espoir et la ferme conviction de faire mon travail et de participer activement à la lutte, depuis bientôt un an et je n’ai connu de la guerre que la vie monotone, démoralisante de l’arrière et d’un front inactif. Ce n’est pas du tout cela que je m’étais figuré de l’Espagne, j‘en avais une tout autre idée. Les autres camarades qui sont avec moi, ont comme toi connu la vie active des tranchées. Ils ont la preuve d’avoir fait œuvre utile ici en Espagne. Mais pour moi là n’est pas le cas. Si je regarde mon activité ici et si je la compare à celle d’un simple militant de la base. Surtout cher père, ne te tracasse pas pour moi. Si je traverse en ce moment une crise morale assez grave, l’exemple que tu nous a toujours donné est là pour me montrer le droit chemin à suivre. Ce n’est que passager. Qu’on change de secteur, qu’on aille sur un front un peu plus actif et il n’en paraitra plus de tout cela. Ton fils qui t’embrasse »

Marcel Chauvignat est rapatrié en octobre 1938 à partir du centre de regroupement de Puebla Larga en direction de son domicile 18 rue Tourat à Bordeaux.

La Résistance

Sous l’Occupation, il fut déporté aux camps de Karlsruhe près de Bade, prison NN, puis Rheinrhurh près de Bonn pour travaux forcés et à Diez/Lahn près de Coblence où il a été libéré. Il est rentré de déportation le 27 mars 1945. Il est répertorié sur la liste des résistantes et résistants homologués FFI et DIR, dossier administratif GP 16 P 124825, publiée par le Service Historique du Ministère de la Défense.

En 1978, Marcel Chauvignat était membre de l’AVER.

Sources

RGASPI (Moscou, F. 545. Op.2. D.113) - RGASPI (Moscou, F. 545. Op. 6. D. 35et 36) - RGASPI (Moscou, F. 545. Op. 6. D. 1120) - Service Historique du Ministère de la Défense