OUSSIDHOUM Rabah

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Rabbah Oussidhoum est né en 1903 dans le Haut-Atlas, en Kabylie (Algérie).

Son père était forgeron.

Paul Rives évoque en ces termes sa figure:

« Oussidoum me dit :

- Mon père forgeait des épées dans notre village du Haut-Atlas et moi aussi, j’aurais bien voulu forger des épées.

Je connaissais bien des détails de la vie de Rabbah Oussidoum, le refus du frère ainé de le laisser apprendre le métier du père. Oussidoum, engagé dans l’armée française était devenu sous-officier, un des meilleurs mitrailleurs. Je comprenais pourquoi Rabbah parlait ce soir des épées de son père. Son enfance, peut-être le regret du pays natal lui passaient près du cœur. Dans cette nuit sans lune, où le danger nous cerne de tous côtés, l’oasis des souvenirs prend une importance nouvelle. »

Il s’engage dans l’armée française et suit une école de sous-officier. Il participe à la guerre du Rif ; il est « blessé le jour où il devait passer armes et bagages du côté d’Abd El Krim avec toute sa section. » (Emile Duguet)

Il quitte l’armée et émigre en France. Là, il travaille comme ouvrier aux usines Renault et devient militant syndical. Son engagement syndical le conduit à adhérer au PCF et à participer à la création du PCA.

La liste des cadres français enrôlés dans les brigades internationales le qualifie de « fonctionnaire du parti (Section coloniale) ».

L’Espagne

Rabbah Ousshidoum arrive en Espagne le 16 novembre 1936 pour combattre le fascisme :

« Tous les journaux parlent des Marocains qui combattent avec les rebelles. Je suis venu pour montrer que tous les Arabes ne sont pas des fascistes. » (Cité par Delperrrie de Bayac, p337)

Il est affecté à la 14e Brigade Internationale.

Il participe au premier combat de la Brigade à Lopera, comme commandant d’une compagnie de mitrailleuses, en décembre 1936. Son expérience militaire lui permet de voir les défauts de cette jeune brigade qui vient tout juste d’être formée :

« Le kabyle Rabah Oussidoum qui vient d’être nommé commandant d’une compagnie, voit des volontaires s’élancer, tomber par grappes, pris en enfilade par des mitrailleuses. Il pense : « C’est la liaison qui manque ». (Delperrrie de Bayac p 150)

Il participe aux combats de la Route de la Corogne, Jarama, puis de La Granja.

Le 20 juin 1937, dans le petit village de la Guardia, une revue militaire a lieu pour l’accueillir comme commandant du 12e Bataillon « Ralp Fox ».

La brigade est mobilisée sur le front de Santa Maria de la Alameda. Comme ce front est relativement calme, il organise des cours d’espagnol auxquels il participe.

Lors de l‘attaque franquiste de Cuesta de la Reina, il est gravement blessé.

Récupéré de ses blessures, il rejoint son bataillon à Valdemorillo.

Devant la rapide avance des troupes franquistes en mars 1937 en Aragon, la 14e Brigade est appelée en rescousse.

Il trouvera la mort, près de Miraflores, le 27 mars 1937

« Debout, près de moi, sous un olivier, Oussidoum dit « Tu sais, Paul, nous n’avons jamais reculé ». Le commandant a sur le visage un air de défit souriant que je ne suis pas accoutumé à lui voir. A travers les branches de l’olivier, le soleil met des ronds de lumière sur les joues d’Oussidoum. Soudain, je vois le sourire disparaitre et les ronds de lumière chavirer. Une balle vient de frapper Rabbah Oussidoum à la tempe gauche pour ressortir par la tempe droite. Un petit filet de sang coule. Oussidoum tombe. »

Il avait 34 ans.

« Cet homme avait eu une enfance difficile. Il avait fait des efforts pour s’élever seul au milieu des pires difficultés. C’ait peut-être pour cela qu’au milieu de cette guerre, en plein combat, il avait pris la charge et adopté en quelque sorte un jeune espagnol d’une douzaine d’années, issu d’une famille nombreuse, le jeune Antonio Lozano.

Oussidoum se chargeait de son éducation, de son instruction, de sa protection. Antonio était devenu pour nous tous non seulement le fils de notre camarade mais une véritable mascotte pour toute la Brigade. »

(Elie Duguet)

Sources

RGASPI (BDIC, Mfm 880/2 bis, 545.6.1043)

Delperrrie de Bayac, Les Brigades Internationales, Fayard, 1968.

Duguet Elie, Avec les brigades internationales sur les routes d’Espagne, 1993, Editions Lacour

Georgette Guéguen-Dreyfus et Georges Dreyfus, Adieu Mahora, tapuscrit (nous remercions Martine Garcin, qui nous a permis la reproduction du témoignage de Paul Rives, ami d’Oussidhoum).