DUGUET Elie
Elie Auguste Duguet est né le 10 mars 1912 au Martinet, dans le Gard. Il est le fils de Victor Duguet, sympathisant communiste, mineur. Son frère, Victorin Duguet, était le Secrétaire de la Fédération des mineurs de France.
Il avait arrêté ses études après l’école primaire et était descendu à la mine dès l’âge de 13 ans. Il était membre du Secours Rouge (voir article Solidarité) depuis 1931.
Il était ouvrier sans spécialisation et avait travaillé six ans dans les mines. Il y a été membre du comité syndical des mineurs du Gard. Au moment de son départ pour l’Espagne, il travaillait au Comité central des jeunesses communistes de France, à Paris. Il gagnait 1200 francs par mois et habitait alors 1 rue de l’Adjudant Réau à Paris 20e.
En 1925, il s’est intéressé au mouvement ouvrier en lisant L’Humanité. En 1929 il avait participé à la grève des mineurs et s ‘était alors syndiqué. Il a été en effet membre de la CGTU de 1929 à 1934 et de l’ISR (Internationale Syndicale Rouge). Il a participé aussi aux grèves de mineurs de 1931. En 1930 il avait adhéré aux Jeunesses communistes et était devenu membre de leur Comité Central à partir de juin 1932.
Il avait adhéré au PCF en 1932 à Alès (Gard). Sa dernière carte avait été établie par la cellule de l’usine Poulenc à Vitry sur Seine. Il avait participé au Congrès national du PC à Ivry en 1934, en 1936, à Montreuil en 1937, avec un mandat délibératif. En février 1934 il avait également participé aux manifestations antifascistes.
Il avait eu affaire à la justice une fois, jugé avec ses camarades Paul Boulet (qui sera mortellement blessé à la mine où il travaillait le 30 mars 1936), Georges Boulet, Clémenceau Boulet et Charles Chardon, en tribunal correctionnel parce qu’ils avaient empêché le travail des ouvriers alors qu’il y avait grève. La sanction prononcée avait été de 15 jours de prison avec sursis.
Il était allé en 1935 en URSS.
Il lisait la presse du Parti, en français et en espagnol. Il avait lu L’Etat et la Révolution, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, le Manifeste communiste. La question de la jeunesse l’intéressait particulièrement. Il avait été réformé de l’armée et portait des lunettes de vue.
Il était célibataire mais connaissait déjà sa future femme Paule au moment de son départ pour l’Espagne.
L’Espagne
Il arrive en Espagne le 20 février 1937 (il fait partie du groupe des 33, élus, militants syndicaux, représentants du SRI et responsables de la Fédération des Jeunesses communistes de France, partis le 19 février de Paris), depuis Paris, par l’intermédiaire du PCF. N’ayant pas fait de service militaire et ne connaissant aucunement le maniement des armes, il est d’abord envoyé, début mars, comme commissaire-adjoint, au Centre de convalescence de Benicassim, dont Yvonne ROBERT est la directrice, jusqu’à la fin août.
Il apprend très vite l’espagnol, pour lui « trait d’union indispensable » entre les Brigadistes de différentes nationalités et moyen de « renforcer les liens avec le peuple espagnol ». Dès le début, la fraternité entre internationaux et espagnols est sa grande préoccupation. Il adhère au Secours Rouge espagnol à Benicassim.
Il rejoint le 1er septembre 1937 comme commissaire, le Bataillon Commune de Paris », de la 14e BI. Il travaille notamment avec trois jeunes espagnols, l’un surnommé Miaja (en raison de son admiration pour le Général Miaja), Gurumera et Monge. Ils s’approchent des tranchées fascistes le soir et s’adressent aux « hermanos enganados », aux frères trompés, pour les inciter à rejoindre l’armée républicaine.
Il rejoint le front de Santa Maria de la Alameda, participe aux combats, en octobre 1937, de Cuesta de la Reina. En novembre il quitte Cuesta de la Reina pour Pozuelo de la Republica (anciennement Pozuelo del Rey) où le 14 novembre le Bataillon a la visite d’une délégation du Comité Mondial des femmes avec Bernadette Cattaneo. Ensuite c’est le front de Valdemorillo (où l’hiver est très froid) et en mars 1938 les combats contre l’offensive franquiste d’Aragon, de Caspe, Maella, Gandesa. A Maella, alors qu’il vient de voir Pierre Georges blessé transporté sur un brancard, il surprend un soldat, qui avait quitté son poste, revenant ivre d’une maison dont il avait visité la cave ; il le frappe au visage en lui disant sa honte devant une telle conduite. Des années après il se reprochera encore cette perte de contrôle de soi.
Le 25 mars 1938, à Miraflores, il apprend avec une grande tristesse la mort du Commandant Rabah OUSSIDHUM.
Le 31 janvier 1938 le Tchèque Théodor Balk, médecin de la Brigade, lui offre son livre sur « La Quatorzième », avec la dédicace suivante : « à notre sympathique camarade E.D. qui a la tête et le cœur d’un excellent commissaire politique ».
En mai 1938, il est désigné comme commissaire par intérim de la 14e BI, il le reste jusqu’au 4 juin. Il est alors invité à rejoindre la France, il fait le voyage en compagnie de François Vittori. Il ne revient plus en Espagne après cette date.
Une note indique qu’il a été « un des hommes les plus courageux de la Brigade » Une autre note le qualifie de « bon militant » et « débrouillard ». Une autre note encore le désigne comme ayant de « grandes connaissances politiques » et une «éducation militaire assez bonne ». La mention suivant accompagne son nom sur les listes des rapatriés : « Très bon. Propagandiste et homme de masse ».
De retour en France il revient dans son village natal, Le Martinet, et apprend que quelques jours auparavant un meeting de solidarité avec l’Espagne y avait eu lieu avec le Colonel Jules DUMONT, « le légendaire Commandant du Bataillon Commune de Paris », qui avait tenu à serrer la main de ses parents.
La Résistance
Il est répertorié sur la liste des résistants publiés par le Service Historique de la Défense, référencé, Vincennes GR 16 P 198582.
Sources
Duguet, Elie Avec les Brigades internationales, sur les routes d’Espagne, Nîmes, ed. Lacour, 1994 - RGASPI (Moscou, F.545. Op.3. D.370 et D.369, et Op.6. D.1169)