CHAMRON Abraham, Joseph
Abraham CHAMRON est probablement né en 1903 en Martinique (34 ans en 1937)
Après des études élémentaires, il a été employé comme comptable aux Messagerie Hachette, 111/113, rue de Réaumur Paris. En 1929, il a adhéré à la CGT et au PCF.
Marié, père d’un enfant, avant son départ pour l’Espagne, il était domicilié 19, rue de Reuilly à Paris 12 (Seine).
L’Espagne
Abraham CHAMRON arrive en Espagne le 9 décembre 1937.
Le 20 janvier 1938, il fait l’objet d’une information du volontaire Elie DENY de la Garde Nationale :
« le nommé Chamron Abraham Joseph René est venu aujourd’hui à la G.N. [garde nationale] réclamer son livret militaire que nous ne possédons pas n’ayant jamais reçu d’ordre d’affectation pour lui. (cet individu ayant fait sa demande de carnet militaire à la Banque d’Espagne il y a 5 jours). A notre réponse négative il a commencé à m’insulter et traiter de con, de galonnard, etc.…A l’intervention du capitaine de la G.N. il a également insulté ce dernier de toutes les façons. Ce qui nous détermine à l’emmener immédiatement devant la commission de contrôle. »
Un rapport non signé a été rédigé ensuite qui relate les faits suivants : « Arrivé en Espagne le 9 décembre [1937] par l’intermédiaire de la CGT. A été à Villanueva de la Jara. il raconte qu’il y a reçu un coup de poing qui lui cassa trois dents et que depuis ce temps il a toujours mal et qu’il est obligé de se les faire arracher toutes. Dis avoir été à Madrid où on lui a arraché 6 molaires et être revenu à Albacete par l’ambulance. Depuis 7 jours à Albacete. A un bon de subsistance pour la garde Nationale et mange à la goutte de lait. Dit que voila seulement un mois qu’il est en Espagne mais qu’il en a marre. Qu’il veut retourner en France. Se plaint de n’avoir pas été payé depuis deux dizaines et de ne pas recevoir de cigarettes. Il dit qu’il est obligé d’acheter ses effets lui-même. Je ne suis pas venu en Espagne pour me voir habillé comme un clochard…déclare t’il. Oui tout me dégoute ici, dit-il. Depuis un mois que je suis ici j’ai des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Mais tout ce que j’ai vu ou entendu, tout ce dont je me suis aperçu, ce n’est pas ici que je le dirai ; c’est à mon retour en France que je le raconterai…Il dit qu’ici il se sent dépaysé, qu’il n’est pas dans son milieu, que LUI, est fils d’un pharmacien mort pendant la guerre européenne, qu’il a une instruction et que cela l’autorise à regarder les autres de haut… Je veux partir et j’ai ma femme et ma fille qui m’attendent à Paris. Et que rien ne pourra me faire changer d’avis. Ici il n’y a aucun esprit de camaraderie tout n’est que course aux galons et aux pesetas. Je ne veux plus rien avoir de commun avec tous ces soi-disant camarades. Je veux partir et partir à tout prix. A la question Mais c’est un véritable dégonflage, il répond : Et oui, je me dégonfle comme un pneu que l’on crève. Je ne déconseille pas aux autres de se battre mais moi, je ne veux pas, ce que je veux c’est partir et partir tout de suite…
Quand le camarade Lieutenant Deny explica les insultes qu’il avait reçu auparavant, Chamron dit qu’il était prêt à lui redire con, arriviste et qu’il valait davantage que lui parce qu’il avait de l’instruction. Un peu après il déclare qu’il ne savait pas ce que (illisible) voulait dire avec cette question d’insulte. »
Abraham CHAMRON a été emprisonné le 25 janvier 1938 pour soulographie (voir l’article Boisson). Le 27 de ce même mois, une note de la Maison de Prévention des BI est adressée au Commandant de la Garde Nationale : « nous libérons le camarade Chamron René, nouveau volontaire, incarcéré à la Maison de Prévention pour soulographie qui doit se faire soigner la bouche (dentiste) en subsistance à la Garde Nationale » (voir la catégorie Discipline et ses articles).
Une note du 7 juillet 1938, non signée, le décrit comme un « elemento muy malo, castigo por embrigades » [très mauvais élément, puni pour ivresse].
Sources
RGASPI (Moscou, F.545 Op.6 D.1117, D.1120)