GOSSET Jean
Jean Gosset est né le 28 janvier 1908 à Paris.
Sa mère l’initie très tôt à la politique. En 1917 « « des mots résonnent à mon oreille », dit-il. Révolution, qu’est-ce que c’est ? Sa mère répondra « C’est terrible mais quelquefois nécessaire. » »
En 1930, il se marie avec Louise GOSSET (voir la biographie).
Membre du PCF, il s’inscrit comme volontaire à la Maison des syndicats (8, avenue Mathurin-Moreau) et part le 3 novembre 1936.
l'Espagne
Voici le récit que Jean Gosset a confié à Jacotte Neplaz-Bouvet :
« A Albacete, je faisais partie des sentinelles à l’Etat Major avec relève toute les deux heures ; c’est la seule fois où j’ai été armé ; on laissait les armes aux combattants. Ma solde était de 5 pesetas par jour.
Je rencontre Dounia STROZESKA, une camarade médecin de Paris, qui doit organiser un hôpital dans une école à Murcia. Elle connaît mes possibilités dans le travail. En confiance, je suis chargé de mettre sur pied l’équipe de peintres, plombiers, maçons, électriciens, menuisiers. Ils sont une dizaine de gars, interrogés auparavant par un responsable politique italien. Aidé de ces camarades, tout le matériel (gradins de l’Amphithéâtre compris) est transféré dans la cathédrale et tout le matériel des arènes de Murcia notamment le précieux matériel de chauffage (radiateurs et chaudière…) est installé au Collège.
Dans un temps record, environ un mois, l’hôpital devient opérationnel au grand soulagement de la responsable Dounia qui dira plus tard « que je lui ai sauvé la vie » : Murcia était sous le contrôle de Marty qui ne badinait pas avec l’efficacité !
En décembre 1936, je retrouve Louise à Albacete, au champ de foire où stationnent les transferts militaires. Nous irons sur Madrid.
Dès lors, nous serons plus souvent ensemble depuis Fuencarral (banlieue rouge de Madrid) où ici également une école abritait un hôpital. J’ai aussi fait fonction de chauffeur d’un médecin pour se rendre sur des lieux stratégiques et répartir les blessés selon la gravité de leurs blessures.
Des situations difficiles, j’en ai connues. Je me souviens d’une panne de voiture : remorqué par des brigadistes allemands, par un froid à pierre fendre, je me suis retrouvé près de Colmenar de Oreja, à l’autochir n°2. J’ai dormi dans ma voiture à côté de ce que j’ai cru être un mur. Ce mur était aussi haut que moi sur quinze mètres de long. Au petit jour, j’ai réalisé que ce mur était en fait formé de cadavres empilés et gelés. Je suis retourné à Tarancon où se trouvait l’Autochir n°1, où travaillait Louise.
Privé de véhicule une autre mission m’est confiée : je dois établir les plans d’aménagement d’une propriété de Tarancon pour la transformer en hôpital. Avec le beau-frère de Gaston Clamamus, on a aussi fabriqué des attelles articulées, pratiques pour les blessés.
Nous avons aussi aménagé une camionnette en pharmacie ambulante avec de nombreux casiers pour la distribution au front. Avec une nouvelle voiture j’ai quitté Tarancon pour Guadalajara. La bataille y faisait rage. C’est alors que nous avons aussi organisé le transfert des Italiens blessés lors de leur repli. Ils avaient été mobilisés par Mussolini pour aller travailler la terre en Abyssinie. ils auraient été équipés militairement et en fait dirigés sur le front espagnol. Nous avons appris que des soldats allemands avaient fêté la déroute de ces Italiens.
Notre engagement prenait fin. Un accord avait été donné pour notre retour, notre famille étant sans ressource et moi je devais faire une période militaire. Nous quittions l’Espagne en juin 37. »
L’Espagne au cœur
« Mais Louise et moi, fidèles aux « brigades », dès 1945, nous reprenions contact avec les camarades espagnols dans leur lutte contre le franquisme. En toute connaissance de cause, nous avons, à la demande du Comité Central du parti communiste espagnol, accompli des missions clandestines en Espagne ou en France. »
Membres de l'AVER, Louise et Jean s'étaient retirés en Haute-Savoie.
Source
Jacotte Neplaz-Bouvet, Un couple dans la guerre d’Espagne : Louise et Jean Gosset, Cahier de l’Amicale des vétérans de Haute-Savoie du PCF’’, Novembre 1996