PRUNIER Marcel
PRUNIER Marcel François Louis (1901-1964)
Marcel Prunier est né le 15 février 1901 à Tulle (Corrèze) de Pierre et de Louise Michelle Bachellerie.
Modeleur mécanicien de profession, il accomplit son service militaire dans l'Artillerie. Rendu à la vie civile, il est alors employé aux usines Citroën de Clichy et milite à la CGTU dont il sera secrétaire de la section modeleur.
Adhérent au PCF, il assure la fonction de secrétaire du Rayon du 7e arrondissement de Paris ainsi que celle de secrétaire du CDH du même arrondissement.
Marcel Prunier fut candidat du PCF lors des élections législatives de 1936.
Avant son départ comme volontaire pour l'Espagne républicaine, il résidait 22, rue de l'Exposition à Paris 7e.
L'Espagne
Il arrive en Espagne le 13 octobre 1936 et est affecté à la 11e BI, 2e Bataillon (voir article Commune de Paris), 1e Compagnie. Il est nommé commissaire politique, d'abord de ce Bataillon de janvier à avril 1937, puis du 13e Bataillon de la 14e BI jusqu'en octobre 1937. Par la suite, il sera affecté à l'intendance de la base avec les mêmes fonctions.
Il apparaît photographié, dans Paseremos, le journal de la 11e BI, avec la légende « Notre camarade Prunier adresse un dernier Adieu au camarade Fredo tombé héroïquement au Front du Jarama ».
Toujours dans Pasaremos, Il écrit un article sur les combats de Guadalajara intitulé « 20 mars » :
Une maison basse, toute petite, semblant vouloir s’enfoncer dans le sol afin de se protéger des obus qui, tombant tout près, font trembler ses murs de terre. Dans une pièce où l’odeur âcre de la fumée de tabac vous prend à la gorge le commandant du bataillon, et ses agents de liaison causent, rien oubliant dans cette atmosphère amicale le danger qui menace.
Un tintement grêle du téléphone, le silence se fait.
- Allo, j’écoute !
Les traits du téléphoniste deviennent plus graves.
- Allo, je répète, le Bataillon doit attaquer à 12 heures ½, direction la maison blanche.
Chacun a compris, hier l’attaque n’a pas eu de succès, aujourd’hui on doit remettre ça.
Des ordres brefs : « La liaison avertissez les compagnies. » La soupe qui venait d’arrive, sera distribuée plus tard. Quand ?
Le silence qui plane sur ce champ de bataille où hier le bruit des détonations étourdissait, est impressionnant. Chacun est calme, nulle nervosité, la confiance est sur tous les visages.
En lignes d’attaques les voltigeurs s’avancent prudemment vers l’objectif. Les mit’s sont restées en positions et doivent les protéger de leur feu. 200, 100, 50 mètres du château rien, pas de coup de feu. On s’arrête, le visage tendu, rien, rien, alors en avant.
Depuis quelques instants, on s’y attendait. L’ennemi n’est plus là.
Sur le sol abandonné par l’ennemi, « armée régulière italienne », des munitions en grande quantité.
Le château est en ruine, tout autour des trous, pilonnage de notre aviation, quelques cadavres. « Assassins », lance à côté de moi un camarade en dirigeant le poing vers l’horizon, accusant dans son geste de colère les fascistes, responsables de cette tuerie.
On passe, où est l’ennemi ?
Le vent souffle, la pluie qui a commencé à tomber, il y a quelques instants s’abat de plus en plus serrée. Les vêtements ne protègent plus ; l’eau est à même la peau et on rit ; les pieds s’enfonçant dans la terre grasse ; la marche est difficile, pénible, et les gars se lancent à qui mieux mieux des quolibets. La joie est partout. De toutes parts le matériel fasciste jonche le sol.
N. de d.d. qu’ils étaient bien équipées ces V.. là, lancent les copains.
Un bruit bien connu nous cloua sur place. Un obus vient de tomber à une trentaine de mètres. Deux, trois.., éclatent encore plus proche. C’est nos tanks qui tirent.
On a marché trop vite, allons-nous payer par la mort d’un des nôtres notre enthousiasme ? Non, on avertit les tankistes. Je reverrai toujours sur leurs figures, la stupeur, l’inquiétude et la joie.
La nuit est venue, le vent souffle toujours, la neige tombe, on n’a pas mangé, les vêtements mouillés nous glacent, on a avancé de 10 km. Et les pieds tout endoloris par le froid font souffrir. Qu’importe ! La joie est plus forte ; et dans cette nuit glaciale s’élèvent soudain les chants d’espoir de tous ces camarades, venus combattre sur la terre d’Espagne pour le pain et la liberté.
L’Inter, la Carmagnole s’envolent dans le vide noir.
Camarades, c’étaient l’anniversaire de la « Commune de Paris ».
Cité à l'ordre du Bataillon par le colonel Dumont, cette citation apparaît dans le n°39 du Soldat de la république rédigé comme suit :
« Marcel Prunier commissaire de guerre du Bataillon Commune de Paris. En Espagne depuis octobre a participé à tous les combats avec son Bataillon, d'abord avec la XI<sup »éme puis la XIV<sup »éme Brigade. D'une inlassable activité au front comme à l'arrière, trouve toujours le temps et les moyens d'assurer le service politique de son Bataillon. Son calme dans les combats, sa grande maîtrise sur lui-même lui assurent une juste autorité et l'estime de tous. A toujours été pour son commandant de Bataillon le plus précieux et le plus dévoué des collaborateurs. »
Ce volontaire figure dans l’inventaire général des cartothèques du 13 mai 1938 sous le n° 125 assorti de l’observation MBAO (voir BAO).
Une note sur papier à en-tête du PCE, datée du 9 juin 1938, non signée, adressée au PCF, est rédigée comme suit :
« Bon camarade tendance à travailler seul, esprit de critique, devrait changer son attitude avec les hommes, est trop rigide, est plus militaire que politique, n'avait pas de rapport suivi avec le commissariat politique, disait le bien cachait le mauvais.
Commissaire politique du 13° Bataillon, devrait être examiné politiquement. »
Sources
AVER Epopée d’Espagne, Paris, 1956
Pasaremos, Organ der XI., Karl Dietz Verlag Berlin, 2017
RGASPI (Moscou, F. 545. Op.6 D. 25. 1039 et 1359).