MATHIEU Bob
Bob Mathieu est né le 18 février 1907 à Paris.
Il a suivi les cours de l’école primaire. Parti de chez lui, à l’âge de 15 ans, c’est un autodidacte qui suit des cours « constamment ». Dès 17 ans, il s’intéresse à la « question sociale », par « réflexion personnelle devant [les] problèmes de la vie », écrira-t-il sur sa biographie pour adhérer au PCE.
Il effectuera son service militaire de 18 mois en 1927-1928 au 29e Bataillon de Chasseurs à pied qu’il terminera comme sergent-instructeur.
Il a exercé de nombreux emplois : rotativiste au journal Le Petit Parisien et connu des périodes de chômage (dans les années 1931-1932), journaliste et artiste lyrique. Il travaillait au théâtre des Ambassadeurs où il gagnait 1.800 francs par mois. Il a été membre du syndicat industrie du livre (1930 et 1931) ainsi qu’à celui de l’Industrie du film CGT (1936-1938).
Comme journaliste, il a écrit des articles traitant de problèmes commerciaux et culturels dans Le Gérant Moderne, Le Militant, Paix et liberté, Annales coloniales. Il a participé aux manifestations en faveur de Sacco et Vanzetti, à celles du 9 et 12 février 1934, et cite celle du 4 juillet 1936 au Parc des Princes.
Il était membre d’Amsterdam-Pleyel, Maison de la Culture, Ciné Liberté, des Amis de l'Union Soviétique dont il sera, à partir de 1936, le délégué au Front Populaire du 14e arrondissement, Comité d’entr’aide à l’Espagne.
En janvier 1936, il adhère à la section du 14e arrondissement du PCF et suit la même année un cours élémentaire d’un mois. Militant actif, il fait des « prises de paroles, exposés dans réunions et meetings dernière campagne électorale auprès paysans (élections cantonales) ».
Il s’intéresse particulièrement à la « dialectique, develo. économique, analyse évènement historique ». Il lit L’humanité, La Terre, Regards, L’Avant-Garde, Russie Aujourd’hui. Parmi ses lectures militantes, il cite le Manifeste, le Capital, Misère de la philosophie, La révolution d’octobre, Principes du léninisme, La Commune de Paris ».
Célibataire, avant de partir pour l'Espagne « lutter contre le fascisme », il demeurait, 76, rue de L’Ouest à Paris (14e).
L’Espagne
Après avoir franchi illégalement la frontière (voir article Passage clandestin des Pyrénées), Bob Mathieu rejoint Figueras, via Massanet, avec un groupe de 34 volontaires, le 1er avril 1938.
Affecté à la 1ère Compagnie du Bataillon Commune de Paris, il deviendra caporal et responsable du Parti pour la Compagnie.
Avec ce bataillon, il va participer à la bataille de l’Ebre (voir son article Passage de l'Ebre) : « Le volontaire Bob Mathieu, de Commune de Paris, cinéaste, excellent nageur, fait plusieurs voyages, ramenant chaque fois un ou deux blessés sur un petit radeau qu’il pousse. » (Delperrié de Bayac)
Il est ensuite affecté au 2e (Bataillon Vaillant-Couturier (OJ n° 495).
Bob Mathieu est rapatrié le 18 décembre 1938.
L’appréciation du responsable des cadres du PCE (section étrangère), Maniou, synthétise celle d’autres responsables :
« Formation d’artiste. A été boy dans un music-hall. Assez léger, très sentimental. A des connaissances générales, assez étendues, mais sans profondeur. Ne peut-être sympathique, à cause de ses allures homosexuelles. Quoiqu’il n’y ait aucune preuve qu’il se livre à ce vice, ses manières le laissant fortement supposer. Il s’est conduit très courageusement, on pourrait même dire en héros, pendant la bataille de l’Ebre. Il a passé deux fois l'Ebre à la nage, puis toute la nuit a passé dans des barques les blessés et les munitions.
Il est certain que ce camarade pourrait faire beaucoup plus, s’il était bien encadré, et si on pouvait l’aider et le pousser. Sa conduite morale a été très bonne. »
Celle de Lucien BIGOURET est élogieuse, sans préjugés : de mai à octobre 1938, sa conduite politique est « celle d’un très bon militant » et sa conduite personnelle est « très satisfaisante ».
« S’est toujours rendu utile soit politiquement et militairement, a traversé l’Ebro à la nage avant l’attaque du 25 juillet; en tant que commissaire de Compagnie a su entrainer ses hommes » « il ferait un très bon Commissaire de Bataillon. »
Sources
RGASPI (Moscou, F.545 Op.6 D.36 et D.1310).
Delperrié de Bayac, Les Brigades internationales, Fayard, Paris, 1968