SOLARD Jean

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Jean SOLARD est né le 19 octobre1919 à Varsovie (Pologne).

Dans un questionnaire qu’il remplit en 1995 pour l’Amicale des Volontaires en Espagne Républicaine AVER, il écrit qu’il était adhérent en Pologne du Parti socialiste et du Parti communiste clandestin.

L’Espagne

Il arrive en Espagne fin octobre 1937, après être passé par le lieu d’enrôlement de la rue Mathurin-Moreau à Paris. Il est affecté à la 13e BI, Dombrowski.

Nous reproduisons intégralement son témoignage écrit en 1995 :

« Mon témoignage se situe en dehors des Brigades mais démontre une participation des brigadistes dans une unité espagnole, de plus héroïque, constituée par 300 brigadistes et plus de 300 combattants espagnols.

Voici mon parcours et ma campagne : A 18 ans, engagé rue Mathurin Moreau, je suis dirigé sur Nîmes et [nous] passons en groupe les Pyrénées la nuit Passage clandestin des Pyrénées pour aboutir à une ferme transformée en poste militaire. L’après-midi même, nous partons sur Figueras pour un séjour d’une huitaine de jours. Je suis affecté à un camp d’entrainement de la XIIIe Brigade situé à Castelfolid [Castelfollit] où l’on dispensait une très bonne formation militaire. Vu mon jeune âge et la volonté de me battre contre les fascistes, ils ont fait de moi un très bon soldat. Après 3 mois de séjour, j’étais prêt à rejoindre ma brigade, mais à ce moment est arrivée une demande provenant du Général MODESTO, demandant des volontaires pour créer un bataillon de choc à la disposition du 15e corps d’armée, commandé par le Colonel TAGUEÑA et le commissaire FUSIMANIA, devenant par la suite l’armée d’El Ebro. Je me suis porté volontaire et [j’ai été] accepté. Parti à Vic rejoindre mon unité, j’ai constaté que nous étions 620 soldats dont plus de 300 brigadistes venant surtout des XIIIe et XVe Brigades Internationales. »

« Le bataillon spécial du 15e corps d’armée, tel était son nom, était une unité surentraînée et puissante. Armée d’une mitrailleuse Maxime tous les 5 hommes, ce qui fut unique dans l’armée républicaine, et des officiers de très grande valeur et très combatifs. Nous fûmes engagés en premier pendant la retraite d’Aragon Offensive franquiste d’Aragon après les combats de Teruel et Belchite pendant que nos unités faisaient retraite et traversaient le Segre pour rejoindre la Catalogne. Notre mission : faciliter le retour de notre armée et surtout empêcher les franquistes de traverser le Segre vers Tarrega. Les combats furent acharnés quand les dernières troupes eurent traversé. Plusieurs jours de combat pour stabiliser le front et à notre tour nous avons voulu passer le Segre mais il n’y avait plus de pont. Quatre chars sont entrés dans l’eau et [sont] restés au plus profond du fleuve. Il fallait ensuite passer à la nage, moi qui ne savait pas nager, [je] fut sauvé par un officier de Guardia Asalto (force de police espagnole créée pendant la Seconde République) qui m’a presque porté sur l’autre rive. Installé à Torello [Torelló], nous commencions la préparation de la traversée d’El Ebro, entrainement spécial pour cette opération et en fait le 25 juillet 38, nous fûmes chargés toute la nuit [d’]aider à construire le pont de Flix, protéger nos unités à se défendre en cas de riposte des franquistes. Le lendemain, nous nous sommes portés sur les hauteurs surplombant le pont pour empêcher l’aviation de descendre trop bas et de démolir le pont. Ce jour, il est venu au moins 500 avions fascistes. Ils venaient de Majorque et vu la proximité, faisaient 4 ou 5 allers-retours dans la journée. Nous avons eu ce jour des nombreuses pertes. Le lendemain, nous avons eu la visite du Colonel TAGUEÑA le Chef du 15e Corps d’Armée de la 35e Division et de la 45e, en fait toute l’armée engagée dans la Bataille de l’Ebre. Pendant cette visite, il nous a dévoilé la raison de la création de notre bataillon et notre action, notre rôle dans cette bataille. La tactique des franquistes pour percer le front consistait [à] choisir un objectif en vue de sa situation stratégique, commencer un bombardement intensif dès le matin à l’aide de l’aviation et de l’artillerie, continuer le bombardement toute la journée, constater avec certitude qu’il reste peu de défenseurs, et attaquer cette position le soir avec une grande chance de la conquérir en achevant les quelques survivants. En début de l’après-midi, nos chefs savaient déjà l’objectif choisi, c’est là que nous entrions en mouvement. Nous partions du PC du commandant en chef au début de l’après-midi ayant parfois plusieurs kilomètres à faire, bien chargés avec nos mitrailleuses et nos munitions. Dans la Sierra Caballs ou Pandols, marches difficiles, et arrivions souvent vers 4 ou 5 heures parfois même plus tard et nous nous installions parmi les survivants, des fois quelques dizaines seulement, nous attendions en nous camouflant au mieux l’attaque qui ne devait tarder. Le premier soir, ce sont des phalangistes qui sont venus occuper le terrain, reçus par plus de vingt mitrailleuses. Ils se sont retirés au bout d’une demi-heure de combat en laissant un parterre de cadavres sur le terrain. Le lendemain sur une autre position, nous avions droit de nous affronter aux carlistes, ensuite aux maures, un jour aux Requetes, etc… et toujours avec le même résultat. Le commandement fasciste s’est bien intéressé à notre bataillon et a commencé à envoyer contre nous des troupes de plus en plus nombreuses et essayait de nous intercepter avec l’aviation lorsque nous étions en marche pour notre destination. Un soir l’ennemi était si nombreux que nous nous trouvions encerclés et étions obligés de nous dégager par un combat à la baïonnette. Nous sommes restés maîtres du terrain, ayant subi aussi de nombreuses pertes. Il nous était aussi arrivé de ne pas être remplacés le matin et de garder la position le jour suivant ; dans ce cas l’aviation ennemie se déchainait et nous ne pouvions même pas lever la tête. Au bout de 2 mois de combat permanent, notre bataillon a fondu en effectif. Sur les 620 hommes au départ, nous restions 60 seulement et nous procurer des mitrailleuses devint très difficile. Le Colonel TAGUEÑA voulait reformer notre bataillon, il est venu un ancien député du Reichstag pour en prendre le commandement. J’ai donné aussi mon accord et étais nommé lieutenant à cet effet, mais 5 jours après, il est arrivé l’ordre de nous évacuer du front pour quitter l’Espagne Retrait des Brigades Internationales . C’est avec regret que j’ai exécuté l’ordre et [suis] partit pour Calella (centre de regroupement) me faire démobiliser.

Observation : Je témoigne pour le bataillon spécial du 15e Corps d’Armée pour le faire connaître, mais aussi ma certitude que s’il y en avait eu plusieurs, le sort de la bataille d’El Ebro aurait été modifié mais le manque évident de matériel a fait que nous avons été battus. Un exemple : un matin, un char allemand léger s’est placé en face de nous et nous a démoli 3 mitrailleuses, tué 6 hommes. Ceci parce que nous n’avions pas de balles perforantes. J’ai plusieurs exemples de cette sorte.

VIA EL EJERCITE DE LA REPUBLICA ! [VIVA EL EJERCITO DE LA REPUBLICA ! »] Signé : M. SOLARD Jean ASSIER (46320 - département du Lot)

Jean SOLARD est blessé à deux reprises, au bras et au pied gauche, mais refuse d’être évacué et reste au front. Il rentre en France par le train en octobre 1938.

La Résistance

Il servit au cours de la Seconde Guerre mondiale dans l’armée d’Afrique comme chef de char, avec le grade de maréchal des logis, dans le 1er REC (1er Régiment de cavalerie de l’Armée de Terre spécialisé dans le combat blindé) de la 5e DB. Il débarque en août 1944 à Fréjus (Débarquement de Provence) et fera toute la campagne jusqu’à la capitulation du Reich en Autriche.


De 1958 à 1964, il fut membre de l’AVER ; il habitait alors Montigny-lès-Cormeilles (Seine-et-Oise).

Jean Solard décède le 4 août 2003 à Assier (Lot).

Sources

Archives AVER au MRN - Témoignage de Jean Solard, réponse au questionnaire AVER du 5 août 1995 - Lettre du 24 août 1995 (lettre dossier Oppman).