RICHARD Louis dit Paul

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Louis, dit [Paul] Richard est né le 2 mars 1911 à Fieulaine (Aisne). Il était le fils de Jules Nicolas, cordonnier, fervent républicain, et de Nathalie Opérine Caudron, sans profession. Orphelin à dix ans, il fut recueilli par ses sœurs aînées, fonctionnaires au ministère des finances. Titulaire du Certificat d'Etudes, reçu au concours des lycées et collèges, il entra pourtant en 1923, préférant l’apprentissage d'un métier, aux Caméras Eclairs, entreprise où travaillait son frère. Il en fut renvoyé à la suite d'une bagarre avec son chef d'atelier.

De 1925 à 1928, après avoir réussi le concours d’entrée, il devint apprenti forgeron aux ateliers d'autobus à l'Ecole d'apprentissage de la Société des transports en commun de Paris (STCRP, future RATP) située 118 rue du Mont Cenis Paris 18ème. ; il y sera embauché à son retour du service militaire. Sa prise de conscience politique date de la première grève à laquelle il assista au sein de cette entreprise et il adhéra en 1925 /1926 aux jeunesses communistes. De 1932 à 1933, la conscription l'envoya accomplir son service militaire à Metz au 2ème Régiment du Génie, où il obtint le grade de caporal. Il sera démobilisé en tant que sergent de réserve. Il a été membre des Amis de l'Union Soviétique de 1932 à 1933 ainsi que de la FSGT.

En 1934, Louis [Paul] Richard devint membre du PCF à Saint Denis cellule 927. En mars 1934, il devint rapidement secrétaire des JC de la région Paris-Nord, membre du Comité national à l'organisation et délégué à la conférence nationale de Villeurbanne, puis à celle de 1937. Il adhéra la même année à la CGT et appartint à la direction du Syndicat des Transports de la région parisienne. Il fut également membre du conseil syndical et secrétaire de section du garage Poissonnière pendant 1 an. Il participa activement aux grèves et manifestations du service public de février 1934 et sera détenu 2 jours en juillet 1935 lors d'une manifestation de rue. Afin de parfaire ses connaissances politiques, de février à mars 1935, il suivit les cours du parti, ceci étayé par ses lectures : Les cahiers du bolchevisme, La correspondance internationale, Le manifeste du parti communiste, La maladie infantile du communisme et la presse du parti communiste. Particulièrement Intéressé par l'étude de la jeunesse française, il écrivit quelques articles dans l'Avant Garde. Ami de Fernand Bélino, Louis [Paul] Richard, qui avait été particulièrement sensible à la répression des Asturies en 1934, demanda à intégrer les Brigades Internationales dès l'automne 1936, mais le PCF lui donna l’ordre de rester en fonction jusqu'au convoi de février 1937. Avant son départ pour l'Espagne il était célibataire et résidait 11, rue Fitzlin à Epinay-sur-Seine (Seine).

L'Espagne

Louis [Paul] Richard arrive en Espagne le 21 (ou le 24) février 1937. Il est affecté à l'usine n° 2 en qualité de responsable puis il rejoint en mai, ou juillet, le Groupe d'ar- tillerie Anna Pauker de la 35e Division.

Il est nommé commissaire politique de Bataillon en avril 1937 et sous-lieutenant en juillet, puis commissaire politique par intérim de la base d'artillerie d’Almansa où il arrive avec son groupe pour se reconstituer après les combats. Il est nommé commandant intérimaire de la base au bout de quelques jours, le commandant en titre ayant déserté pour rejoindre les franquistes.

Avec le groupe Anna Pauker, il participe à l’offensive de Belchite (fin août 1937), puis à la bataille de Teruel (décembre 1937-février 1938), il combat ensuite durant la Bataille de l’Ebre.

Note non datée de la commission des cadres du Comité Central du PCE section étrangers : « Ce volontaire jouissait de beaucoup d'estime de ses camarades, n'a pas bien été contrôlé par le PCE, en tous cas dans son unité, si on tient compte que ce camarade était le communiste le plus responsable de son unité. On doit tenir compte que ce camarade est assez jeune au PCF (1934). Volontaire très courageux et bon camarade ».

Note datée du 12 octobre 1938 et signée Luigi Gallo : « Le camarade Louis [Paul] Richard a démontré pendant son travail un esprit de sacrifice et attachement à la cause des Brigades. Son travail politique a manqué pourtant de profondeur et systématisation, il a eu plutôt un caractère superficiel ».

Note datée du 14 octobre 1938 et signée André Marty : « Volontaire courageux, dynamique, très actif, pleins d'initiatives, Richard sera un très bon cadre si il veut mieux comprendre le rôle et la nécessité du parti et du travail collectif ».


Le Retour

Louis [Paul] rentre en France en septembre 1938 pour y accomplir une période militaire, le parti lui ayant intimé l’ordre de répondre à la convocation. Il suivit les cours de l’École centrale du PC à Arcueil jusqu’en mai 1939. Le 20 mai de la même année, il épouse à Bagneux (Seine) Francisca Martinez Miras, dactylo-interprète au service des cadres de la base qu’il a rencontrée à Albacete. Il fut membre du bureau de l’AVER dès son retour en France.

Lors de la déclaration de guerre, Louis [Paul] Richard est mobilisé. Suite à son engagement en Espagne, il est accusé par un tribunal militaire d’être un insoumis, et de par son appartenance au PCF considéré comme un agent hitlérien en raison du soutien du Parti communiste au Pacte germano-soviétique. Il apporta la preuve qu’il s’était rendu à l’ambassade de France en Espagne pour accomplir sa période militaire en 1938, et par ce fait fut disculpé.

Fait prisonnier le 20 juin 1940, blessé au pied, il est déporté le 16 janvier 1941 à Bad Sulza, Thuringe, (Allemagne). Après avoir tenté de s’évader en avril 1942, il se retrouva dans une compagnie disciplinaire et fut déporté au camp de Rawa-Ruska stalag 325 (Ukraine) après avoir transité par Buchenwald. Il y créa une cellule du PC dont le but était de diffuser des mots d’ordre tels que « s’évader, semer la pagaille, organiser des grèves ».

Son nom figure sur la liste des résistantes et résistants homologués DIR, dossier administratif référencé GR 16 P 509616, publiée par le Service Historique du Ministère de la Défense de Vincennes, ainsi que sur la liste des résistantes et résistants, dossier administratif référencé AC 21 P 652072, publiée par le Service Historique du Ministère de la Défense de Caen.

Après la fin des hostilités, Louis [Paul] Richard ayant appris l’allemand durant sa captivité, fut envoyé en qualité de correspondant de ‘’l’Humanité’’ en Allemagne et continua ses activités militantes. Il reprit une activité professionnelle à Boulogne-Billancourt comme représentant de commerce en peinture, puis créa sa propre entreprise.

L’Espagne au coeur

Lors de son décès le 30 novembre 1986 à Boulogne-Billancourt, il était toujours militant du PCF et faisait partie du bureau national de l’AVER. Dans son testament, il avait mentionné : « qu'il ne voulait pas de discours ou de drapeaux, uniquement le drapeau républicain ». Il disait : « L'Espagne, c'est ce que j'ai fait de mieux dans ma vie. » (Paroles rapportées par Adèle Arranz-Ossart) Adelaïde ARRANZ ep OSSART

Sources

RGASPI (BDIC Mfm880/30 545.6.1373) - Archives Départementales de l’Aisne, Etat Civil, cote 1E0360, acte de naissance du 3 mars 1911 - L'Espoir guidait leurs pas de Rémi Skoutelsky pages 159, 160, 317, 324 - Service historique de la Défense, Vincennes - Service historique de la Défense de Caen - Maitron article 128839 -