Camp de Gurs

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Construit dans la hâte, en 42 jours, sur une lande marécageuse, ce « centre d’accueil des réfugiés espagnols de Gurs » (dénomination officielle) va « héberger » à partir d’avril 1939 des combattants républicains espagnols et les volontaires des B.I. Ces deniers proviennent du Camp de concentration d'Argelès-sur-Mer et du Camp de concentration de Saint-Cyprien.

Sur les 24 540 combattants internés, 6 808 sont des « Internationaux ». Selon Claude Laharie, en neuf mois, leurs effectifs diminuent de moitié. « 2 200 réussissent soit à s’évader grâce aux filières mises en place par le PCF et la Main-d’œuvre immigrée (MOI), soit à obtenir un départ vers l’URSS ou l’Amérique. » (Skoutelsky, p. 297) Au 1er septembre 1939, ils représentent 30,2 %, 42,9 %, le 1er novembre, 54,5 %, le 1er décembre, 80,8 % le 1er mars 1940, et le 1er mai 82,1%. Le 10 mai, il ne reste plus que 1 839 « Internationaux » et les 294 derniers sont transférés au Camp du Vernet le 24 juin 1940 (135). David Diamant rapporte, dans son livre, le témoignage d’Eusèbe Dworkin :

« En traversant Toulouse, dans des wagons plombés, les gendarmes ont fait croire à la population qu’il s’agissait d’un convoi de prisonniers allemands coupables de crimes de guerre. La haine de la population toulousaine incita cette dernière à jeter des pierres sur les wagons et certains, plus audacieux, à tenter d’incendier le train. Mais quand ils entendirent la « Marseillaise » et l’« Internationale » jaillir des wagons, la haine se mua subitement en amitié. De tous les côtés des hommes commençaient à lancer dans les voitures des cigarettes, et des jeunes filles revenant de promenades à la campagne, ont à travers les barreaux, offert des fleurs aux anciens d’Espagne. » (pp. 258 - 259)

En mai 1940, il est utilisé pour interner de nouvelles catégories de population : indésirables, prisonniers politiques (comme Léon Moussinac, fondateur de l’A.E.A.R. Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires, et soutien actif de la République espagnole, arrêté en avril 1940), juifs ( Ana Arendt y « séjournera »), gitans….

« Leur discipline, l’étonnante organisation qu’ils sont parvenus à mettre en place, où rien n’est laissé au hasard, ni le travail manuel, ni le sport, ni la musique ni les activités intellectuelles, impressionnent fortement les Espagnols. Leur opinion est unanime : la population des îlots G, H, I et J rassemble les véritables animateurs du camp, ceux qui sont à l’origine de la plupart des activités originales, ceux qui ont contribué au maintien d’un profond sentiment de solidarité entre tous les Gursiens. » (Claude Laharie, p. 111)

Le 14 juillet 1939, ils fêteront le 150e anniversaire de la Révolution française. Un des cinq exemplaires de l’album, composé à la main fin août 1939, se trouve au [MRN]]. Il montre les statues en terre glaise du camp, sculptées pour cet évènement, la vie quotidienne ainsi que les réalisations et caractéristiques de chaque groupe de nationalités.

Ils déploieront une grande banderole lors du passage du tour de France.

Sources

Album réalisé par les volontaires des brigades, MRN – Diamant, David, Combattants juifs dans l’armée républicaine espagnole 1936-1939', Editions Renouveau, 1979 - Laharie, Claude, Le camp de Gurs, Infocompo, Biarritz, 1985 - Skoutelsky, l’Espoir guidait leurs pas, Grasset, Paris, 1998 - Moussinac, Léon La radeau de la Méduse, journal d’un prisonnier politique 1940-1941, Editions Aden, 2009