DUMONT Jules

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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« Jules Dumont est né le 1er janvier 1888, rue de la Vigne, à Roubaix (Nord), quatrième d’une fratrie de neuf enfants. Son père, Désiré Dumont, belge naturalisé français en 1901, travaillait comme ouvrier à la filature de laine la Redoute. Sa mère, née Rosalie Vanmeirhaeghe, était une femme au foyer, analphabète. La famille est catholique pratiquante.

Après le certificat d’études, Jules Dumont apprit le métier de cordonnier. Il fut proche des milieux du catholicisme social, très impliqué dans les Cercles d’Etudes du Sillon de Marc Sangnier, où il compléta sa formation intellectuelle. Son amitié avec Louis Blain (futur leader syndicaliste chrétien) et Florimond Bonte (futur membre fondateur du Parti communiste, élu député communiste du XIe arrondissement de Paris en 1936) le conduisit à approfondir sa réflexion sociale.

Il épousa le 19 avril 1913, à Roubaix, Maria Lagouge. Ils eurent trois enfants : Pierre, Fernand et Germaine.

A l’automne 1913, Jules abandonna la cordonnerie pour devenir publiciste au Journal de Roubaix. De cette expérience resta chez lui la conviction de l’importance des journaux et du travail des journalistes.

Incorporé au 1er régiment de zouaves le 1er octobre 1909, Jules Dumont fit son service militaire en Algérie puis au Maroc qu’il termina avec le grade de sergent de réserve.

Mobilisé le 3 août 1914, il finit la guerre comme capitaine, décoré de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur.

Il partit avec femme et enfants en 1920 au Maroc et y commença une activité commerçante à Marrakech puis à Settat. Il fut promu capitaine de réserve en juillet 1927. Cette même année, il quitta Settat et s’établit dans une terre agricole près de Meknès, à Aïn Amelal. Confronté aux pratiques usurières des banques et à l’expansion des grandes propriétés agricoles coloniales, il prit fait et cause pour les petits propriétaires et les paysans marocains, écrivant en leur nom de nombreuses requêtes auprès de l’administration coloniale, créant une coopérative d’achat de matériel agricole, se battant pour une indexation des prix contre la spoliation des agriculteurs. Ces activités le firent arrêter, emprisonner et traduire devant le tribunal militaire permanent de Meknès pour attaque visant les droits et les pouvoirs de la république française dans l'empire chérifien notamment par l'introduction et la distribution de journaux interdits, L'Humanité et Al-Charq al-Arabi (L'Orient Arabe). Il fut condamné le 15 janvier 1935 à trois mois de prison, qu’il effectua à Meknès, et cent francs d'amende. Il fut également condamné à être expulsé du Maroc, révoqué de son grade de capitaine, rayé des cadres de réserve et de la Légion d’honneur. L’« affaire Dumont » fit grand bruit et conduisit à la création du Parti communiste marocain. L’expérience coloniale, entre 1920 et 1935, au Maroc, mena Jules Dumont au communisme. En 1935 il adhéra au PCF (section de Montreuil, où il habitait). Il donna, présenté comme « capitaine expulsé du Maroc », ou encore comme « ex-officier ayant abandonné l’armée pour se rallier à la cause communiste », des conférences dont L’Humanité publiait régulièrement des comptes rendus. Il devint membre du comité Amsterdam-Pleyel, du Secours Rouge . A partir de 1935, il lutta ainsi sans répit contre le fascisme, « générateur de guerres ». Il fut particulièrement actif dans l’affaire d’Ethiopie, appartenant au Comité mondial contre la guerre et le fascisme, dont une commission l’envoya conseiller militairement le Négus attaqué par l’Italie mussolinienne. A son retour il raconta cette expérience, dans un livre édité sous le nom de « ex-capitaine Dumont » le 1er janvier 1936 par le Comité national de lutte contre la guerre et le fascisme en 1936 : L’Ethiopie…- tombeau du fascisme ?

L' Espagne

Début août 1936, Jules Dumont sollicite de l’Ambassade d’Espagne à Paris d’être mis à la disposition du Ministre espagnol de la Guerre. Sa requête est acceptée, il obtient son passeport auprès des autorités françaises et arrive le 20 août 1936 en Espagne.

Il adhère immédiatement au PCE, et fait partie du Quinto Regimiento de Lister.

Il organise l’instruction des miliciens. Il est instructeur de la colonne Libertad du Parti Socialiste Unifié catalan. Il constitue ensuite la centurie « Commune de Paris ».

A partir du 22 octobre 1936 et jusqu’au 3 janvier 1937 puis du 18 janvier au 15 février 1937, il commande, avec le grade de Lieutenant-Colonel, le Bataillon Commune de Paris.

Début novembre il prend position à la Cité universitaire de Madrid. Franco avait annoncé le 7 novembre son entrée dans Madrid le lendemain pour assister à la messe, voici ce que lui répond Jules Dumont :

« Non, le 7 novembre, ce ne furent pas les hordes de Franco qui défilèrent dans Madrid, le 7 novembre ce fut la Première Brigade internationale qui traversa toute la ville au chant de « La Marseillaise », pour gagner ses tranchées de la Cité universitaire. Le 7 novembre ce fut un Peuple, galvanisé par l’arrivée des Volontaires de la Liberté, qui se rua aux tranchées, aux barricades ; ainsi le Madrid du 7 novembre s’apparente directement à Valmy ! » (ouvrage cité p.13). Il ajoute « L’épopée espagnole est un exemple pour le monde entier ; elle prouve que l’on peut résister victorieusement au fascisme déshonorant si, à la vaillance, à l’héroïsme, ces vertus naturelles du peuple, on ajoute l’union, l’union qui rend le peuple invincible, l’union qui permet la victoire ! ».

En décembre 1936, il compose le poème – « Le Volontaire de la liberté » – qui servira de paroles au chant des Volontaires français, sur l’air de Sambre et Meuse. Il crée dans la brigade des Ecoles de « capacitation » pour les officiers et sous-officiers et répète : « Apprenez, apprenez toujours ».

Voici le portrait dressé par la journaliste Simone Téry : « Le Colonel Dumont, on voit tout de suite que c’est un chef, toujours calme, il parle à chacun avec le ton qu’il faut pour obtenir le maximum. Il a un visage coloré, des petits yeux clairs, malicieux, le rire facile. »  Théodore Balk en parle comme d’un « Samuel à la recherche de la Vérité » et d’un homme pour qui « la Liberté, l’ Egalité, la Fraternité, sont plus que de la rhétorique ». Le courage et la proximité de Dumont avec ses hommes sont plusieurs fois mis en avant par des témoins directs. Voici par exemple ce qu’en dit Sagnier : « Dumont, la première impression qu’il m’a faite, c’est que ça n’était pas un gars bien facile. Et ma deuxième impression, c’est qu’il connaissait son travail, qu’il avait son bataillon bien en main et que les gars avaient une grande sympathie pour lui. Quand ils avaient dit Dumont, ils avaient tout dit. » Il ajoute que Dumont, respectant l’ordre donné aux officiers de la Brigade de ne jamais s’approcher des lignes à plus de cinq cents mètres, y allait la nuit quand on ne le voyait pas mais que c’était beaucoup plus dangereux. Un soldat, après Cuesta de la Reina, ajoute : « On l’aime bien, Dumont, parce que c’est pas un chef. Enfin je veux dire que les chefs, d’ordinaire, ça reste à l’arrière. Eh ! bien, chaque fois qu’on attaque, le camarade Dumont, il est avec les soldats. » Un autre : « Ici on est tous les fils de Dumont ».

A Las Rozas, en décembre 36, Dumont continue à tranquillement manger alors qu’une bombe est tombée devant la fenêtre de la pièce et que tous les autres se sont levés précipitamment. Envoyé à Madrid parce qu’il crache du sang en décembre, au moment de l’attaque de Brunete, il revient inspecter le bataillon, plein de fièvre, on le renvoie à Madrid. Il en ressort encore une fois, « fou à l’idée qu’on se battait sans lui ». Mais il prend une balle dans la cuisse.

Début janvier 1937, Vittori rappelle, dans le journal Le Volontaire de la liberté, que « en Espagne, en France, on parle fièrement du bataillon Dumont ».

Renouant avec son métier de publiciste, Jules Dumont prend souvent des photos de ses troupes, pour témoigner des conditions de la bataille, de la vétusté des armes et du courage des Volontaires. Il rappelle à ses hommes les règles de la guerre, leur répétant que les prisonniers doivent être jugés et non exécutés. Les photos des journaux, en Espagne comme en France, le représentent avec son béret posé en arrière sur la tête.

  • Le commandant de la 14e BI, « La Marseillaise »

En avril 1937, à Torrelodones, Jules Dumont prend la tête de la XIVème BI, alors en pleine désorganisation et démoralisation après le commandement du Colonel Joseph PUTZ.

Vittori, dans un rapport, indique par ailleurs que le mauvais état de la Brigade s’est accentué en mars-avril alors que cette dernière, qui a eu de nombreuses pertes pendant l’offensive du Jarama, est restée ensuite un mois en deuxième ligne, « sous la pluie et dans la boue sans possibilité de se changer ». Démoralisation et désertions s’en sont suivies. Beaucoup d’hommes sont exclus et envoyés dans une compagnie à part, celle des pionniers, et beaucoup, indisciplinés et incapables, sont renvoyés à la Base. C’est le commencement de la réorganisation militaire des brigades. Dumont insiste sur les règles militaires et linguistiques à respecter, et sur la nécessité d’une relation étroite entre Internationaux et Espagnols, fondée sur une confiance réciproque. Il dirige la Brigade du 24 avril 1937 au 16 février 1938, pendant les combats de Madrid, de Balsain, du Front de Santa Maria de la Alameda, de Cuesta de la Reina, de Valdemorillo. Son courage ne se dément pas et sans arrêt il défend celui dont font preuve au combat ceux de sa Brigade.

A son arrivée à la Brigade, Dumont se heurte à « beaucoup d’officiers d’Etat-Major, très chics, tous bottés et gantés », selon ses termes. Il s’en trouve certains, comme Boris GUIMPEL et Gillain, très attachés au Colonel Joseph PUTZ, qui acceptent mal sa nomination à la tête de la Brigade et auraient préféré un chef issu des officiers déjà en place à la Brigade. Le Capitaine Gillain propose sa démission, que Dumont refuse. Les agissements de Gillain, pour isoler Dumont, commencent ainsi dès la nomination de ce dernier à la tête de la Brigade. Dès les premiers jours circule la rumeur que Dumont est « arrivé pour imposer une discipline très dure ». Le 14 décembre 1937, Gillain sera cassé de son grade ; on le retrouverait, selon certaines sources, en 1941 au service des nazis, membre de la légion Wallonie.

Si les relations de Jules Dumont avec ses hommes sont simples, ses relations avec ses supérieurs sont plus compliquées. La bataille de Balsain (offensive républicaine sur Ségovie), notamment, voit son désaccord avec le Général Walter éclater (voir l'article Offensive républicaine sur Ségovie).

Le 3 juillet 1937 la Brigade prend position sur le Front de Santa Maria de la Alameda et réorganise le secteur. Dans un rapport co-signé avec Vittori et adressé à Gallo le 27 juillet « en réponse aux rumeurs qui circulaient », Jules Dumont réfute l’idée que les « camarades de la XIVème » seraient animés d’un « esprit de démoralisation ». Il existe chez certains, qui sont en Espagne depuis plusieurs mois, un « désir de permission », souvent provoqué par les familles (mère, épouse, enfant) en France, mais après discussion individuelle, les camarades restent au front volontairement. « Il est indispensable d’en finir avec cette légende d’une brigade démoralisée, quand cela n’est pas exact. » conclut le rapport. Un rapport de Vittori à Gallo, mi-août, souligne que l’état moral de la Brigade est bon, ainsi que sa discipline.

Le 6 septembre Jules Dumont assiste en tant que son commandant au baptême de la Brigade, nommée officiellement La Marseillaise, en présence du Général Miaja et du commissaire Anton.

Le 22 septembre 37, la Brigade quitte le Front de Santa Maria de la Alameda et va cantonner à l’Escorial qu’elle quitte mi-octobre pour combattre l’offensive franquiste de Cuesta de la Reina. Les combats sont très durs, du 16 au 19 octobre. Le chef de la division ordonne de scinder la brigade en deux, Dumont s’y oppose mais est contraint d’accepter l’ordre. A ce mauvais choix d’organisation de la brigade s’ajoutent le fait que la moitié des combattants étaient des jeunes recrues inexpérimentées et des fautes individuelles : ainsi le commandant du 13e Bataillon, Murtin, qui n’avait jamais été au front, se terre dans un abri à plusieurs kms dès le début de la bataille. Jules Dumont organise deux contre-attaques dans la journée du 16, qui permettent de relever une situation mal engagée, rassemble deux bataillons (le 9e Bataillon et le 10e Bataillon) en déroute et les ramène sur leurs positions. D’un point de vue militaire Cuesta de la Reina n’est pas une défaite puisque les positions ont été tenues. Mais la brigade, malgré le courage des hommes, sort diminuée de ces combats, avec beaucoup de blessés et de morts, dont Aurèle Vittori.

A deux reprises, courant novembre, Jules Dumont se rend à l’Etat-Major de l’Armée du centre pour poser la question de l’armement. On lui répond qu’« on ne peut rien donner ». Il écrit le 6 novembre un rapport sur le manque d’armes : « moins de la moitié de la brigade est armée de fusils ». Le découragement le gagne quand il voit ses demandes non satisfaites. Fin novembre 37, la brigade étant au repos à l’est de Madrid, il demande et obtient un congé en France. Il en revient le 18 décembre. La brigade est alors en tranchées.

C’est aussi à cette période que survient la création d’une seconde brigade franco-belge. Les conditions de la création de cette 14e BI bis restent floues, elle est envisagée après Cuesta de la Reina. Il semble que la scission de la Brigade ait été une tentative de réponse apportée au « mauvais état » de la Brigade par les supérieurs de Dumont, contre son avis. Un rapport sur la 14e BI , envoyé au secrétariat d’André Marty fin janvier 1938, fait état d’une faiblesse militaire aggravée par l’indiscipline et l’immoralité d’un grand nombre d’officiers, et surtout par la faiblesse du travail politique. L’arrivée à la fin de janvier 38 de 500 hommes nouveaux à la Brigade, presque tous Internationaux, sans que la Base ait rien prévu, désorganise un peu plus la 14e BI. Des conflits sont rapportés, comme les protestations collectives (« mensonges ») de tous les médecins contre le médecin de la Brigade, ou encore comme l’existence entre les éléments actifs Internationaux d’une « bataille de cancans et mensonges autour du Commandant du secteur (Dumont) lancés par le commandant de la brigades bis (Bernard) ». Le rapport ajoute : « La violente campagne portée contre Dumont a été très exagérée et d’origine très suspecte. A mon avis avec un bon commissaire politique actif, et un bon chef d’Etat-Major, il aurait été possible avec l’aide continuelle et systématique du Parti, de conserver Dumont qui avait une expérience très grande de la bataille, possédait un sang froid très grand mais avait tous les défauts des nouveaux membres du Parti. » La 14e BI bis, commandée par Bernard, est dissoute et la Brigade est réorganisée sur la base du « plan espagnol », notamment avec la constitution rapide du Parti. Un autre rapport met en cause nommément Girbès, commissaire de la 14e BI bis et Jacquot dans l’agitation contre Dumont orchestrée au sein de la 14e BI bis, qui provoque un « malaise » au sein de la Brigade.

Affecté par cette situation, Dumont est rapatrié en France le 17 février 1938, « pour raisons de santé (nervosité extrême) ». Un rapport de Marty souligne que les attaques le concernant l’ont miné.

Le 13 juin 1938 André Marty demande dans un courrier adressé à Heussler que soit adressé le « souvenir ému » des Volontaires à celui qui « a été blessé à leurs côtés et arrachés de leurs rangs par la maladie après 1 an et demi de front », à Dumont.

L’Espagne au cœur

De retour en France, Jules Dumont n’a de cesse de témoigner publiquement en faveur des combats des Républicains en Espagne. De nombreux journaux en témoignent, comme par exemple La Voix du peuple de Lyon le 24 mars 1938 montrant une photo de l’ « héroïque colonel Dumont ». En mai 1938, des journaux de droite, ou d’extrême droite, comme L’Action française, s’en prennent directement à sa défense acharnée de l’Espagne républicaine. En octobre 1938, il est à Alger et le tout nouveau Alger républicain rapporte son « émouvant récit » de ce qui se passe en Espagne et ses prédictions : « La guerre d’Espagne, c’est la première bataille de la guerre qui vient, si Franco la gagnait, c’est notre pays qui l’aurait perdue ».

Il fait partie, étant à sa tête avec Henri Wallon, de l’Association pour la défense des séquestrés de Collioure constituée le 13 juin 1939, qui lutte contre les conditions d’incarcération de trois cent quarante-huit officiers de l’armée républicaine espagnole et Volontaires étrangers des Brigades internationales. Il fait également partie de la délégation envoyée par la Conférence internationale pour la défense de la personne humaine, réunie à Paris les 13 et 14 mai 1939, en Algérie pour rapporter sur les quatre camps de Boghar, Boghari, Carnot et Molière où sont détenues ces « infortunées victimes de la foi républicaine », vouées « au désespoir, à la maladie et à la mort », selon les termes de Julien Benda qui appartient à la délégation. Jules Dumont rédige le rapport final, qui souligne que les camps de Boghar et Boghari, contenant plus de trois mille hommes, sont « absolument incompatibles avec le plus élémentaire souci de la dignité humaine ».

Il publie en 1938 Les vraies leçons de la guerre d’Espagne, Paris, Editions du Comité International d’Aide au Peuple Espagnol, en réponse au livre du Général Duval préfacé par Weygand (Les leçons de la guerre d’Espagne, Plon 1938).

En avril 1938 Jules Dumont, prononce une allocution au IIIe Congrès de l'Union des Syndicats de la Région Parisienne CGT, à Paris, dans lequel il en appelle à « l’union, seule voie contre le fascisme ». Il y est accompagné de plusieurs de ses compagnons des B.I. blessés.

Il prononce le discours d’ouverture du premier congrès de l’AVER le 15 juillet 1938. Vice-président de l’AVER, il s’occupe de l’accueil des réfugiés espagnols et visite, en mars 1939, les camps d’Arles-sur-Tech et d’Amélie-les-Bains. Il assiste dans le camp de Gurs (Hautes-Pyrénées) aux cérémonies du 14 juillet 1939. Il travaille également à la Maison des blessés, avec Yvonne ROBERT. Toutes ces activités lui permettent de situer exactement les combattants de l’Espagne républicaine dont l’aide sera précieuse dans la résistance contre l’occupant nazi.

En juillet 1939 il prend la direction de la section du PCF du 20e arrondissement.

Une note confidentielle de Marty, datée de mars 40, rapporte qu’en décembre 1939, avec quelques anciens d’Espagne, il dirige une opération de « représailles » contre le « traître » Kalmanovitch.

La Résistance

Jules Dumont entre en résistance et en clandestinité très tôt. Il se met complètement à l’écart de sa famille.

Arrêté le 4 juin 1940, par la police parisienne dans le cadre de l’enquête sur la « Maison des blessés », il avale sa carte de membre du 5 régiment de Lister, qu’il avait toujours gardée sur lui. Il s’évade durant son transfert par bus vers Gurs, et revient à Paris où il retrouve la tête de la section du 20e arrondissement. Arrêté encore le 14 juillet, pour distribution de L’Humanité clandestine, il est emprisonné à nouveau et relâché le 31 août. A sa libération, il intègre la direction du Secours Populaire dont il prend la direction en janvier 1941.

Au début de l’été 40 il est nommé administrateur provisoire du journal Ce Soir et est chargé de démarcher les autorités allemandes au sujet de la reparution des journaux Ce Soir et Russie d’Aujourd’hui. Les activités clandestines de Jules Dumont, au même moment, montrent que la lutte contre l’occupant a commencé et continue.

Il est à l’automne 1941 un des fondateurs de l’OS (Organisation Spéciale) et le commissaire militaire du premier Comité militaire national des FTP (Francs Tireurs Partisans). Il met au point la stratégie des opérations « brûlots » effectuées par des groupes mobiles loin de leur base, comme une forme essentielle du combat de guérilla.

Dès novembre 1940, il a installé avec France Bloch-Serazin, un laboratoire clandestin, 5 avenue Debidour, pour y fabriquer des explosifs et y entreposer des armes. Le 25 novembre 1941, le laboratoire est investi par la police française. Jules Dumont échappe à l’arrestation et est « mis au vert » par le Parti, dans l’Oise, pour des raisons de sécurité et pour « vérification ». Son isolement forcé dure plus de cinq mois, malgré ses demandes réitérées de reprendre le combat. L’État-Major FTP lui donne le commandement militaire de l’inter-région 25 (Nord-Pas-de-Calais-Aisne-Ardennes) en mai 1942. Sous le nom de résistance de « Le Colonel » ou « Colonel Paul », secondé par Julien HAPIOT et Charles Debarge, il multiplie les attentats contre les soldats allemands et organise les sabotages des communications et de l’appareil industriel travaillant pour l’Allemagne.

Arrêté à Lille le 4 novembre 1942, transféré à Paris le 21, il est d’abord interrogé par la police française, puis livré à la Gestapo et incarcéré à Fresnes comme « terroristenführer ». Torturé, isolé et entravé pendant plus de sept mois pour que ne se produise « ni suicide ni évasion », il ne parla pas.

Jules Dumont est fusillé le 15 juin 1943, à 16h10, au fort du Mont-Valérien. Il laissa deux lettres, l’une à sa femme, l’autre à ses trois enfants. Il y écrit sa fierté de mourir « pour le peuple et pour son pays » et sa sérénité : « Je sais au moins pourquoi j’ai souffert et pourquoi je vais mourir, tant d’autres souffrent et meurent sans savoir pourquoi. ».

La mention « Mort pour la France » lui a été attribuée par le Ministère des Anciens Combattants en date du 14 octobre 1946. »

Article écrit par sa petite-fille, Françoise Demougin-Dumont

Sources

RGASPI (Moscou, F.545. Op.2 D. 370, Op.3. D.373, 399, 401, 417, et Op.6. D. 1034, 1042, 1044, 1170) - Jules Dumont, Les vraies leçons de la guerre d’Espagne, Paris, Editions du Comité International d’Aide au Peuple Espagnol, 1938. - Théodore Balk, La 14ème, éditions du commissariat des Brigades internationales, Madrid, 1937. - Simone Téry, Front de la liberté, Espagne 1937-1938, Editions sociales internationales, Paris 1938. - Françoise Demougin-Dumont, La promesse de l’oubli, mon grand-père Jules Dumont, Tirésias, Paris, 2017. - Gallica.BnF.fr