PUTZ Joseph

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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PUTZ Joseph (1895-1945)

Joseph Putz né le 24 avril 1895 à Bruxelles (Belgique).

Titulaire du brevet il devient commis-rédacteur à la mairie de Pré-Saint-Gervais.

Mobilisé en 1914 comme soldat, gazé, il termine la guerre comme lieutenant, titulaire de la Croix de Guerre et de la Légion d’honneur

Tout en suivant des cours, il poursuit une carrière dans l’administration.

En 1920, il est chef de service à la mairie de Montrouge puis au Kremlin et enfin en 1930 à la mairie de Stains.

Lors des élections en 1935, la municipalité devient communiste, et Jean Chardavoine est élu maire. A la suite d’un vol commis dans sa caisse, Joseph Putz est soupçonné et les rapports entre les deux hommes s’enveniment, car Joseph Putz se défend dans le journal de Doriot « L’Emancipation ».

Joseph Putz démissionne de son poste au début d’octobre et part pour Marseille « où il a écrit au receveur municipal, ami de Doriot ». Au moment de sa démission, il gagnait 42.000 francs par an.

Sans-parti, il déclare avoir lu des œuvres de Marx, Lénine, ainsi que de nombreux livres publiés par le CDLP et s’intéresse particulièrement aux questions économiques et d’urbanisme. Il lit l’Humanité.

Adhèrent de la CGTU, Joseph Putz est membre du Secours Rouge International et du Comité « Paix et Liberté ». Il est aussi président de la section FSGT de Stains. Marié, mais séparé de sa femme, il demeure 15 rue des Boulets à Paris 11e.

L’Espagne

Joseph Putz accompagne le convoi du mouvement « Paix et Liberté » qui part de la gare d’Austerlitz (Paris) et qui arrive en Espagne le 30 novembre 1937.

Affecté à la 14e BI, il est désigné commandant d’instruction à Albacete et à Mahora. A la fin de l’instruction, il est nommé commandant du 13e bataillon « Henri Barbusse ».

Le bataillon intervient lors de la bataille de Lopera où la 14eBI va souffrir d’énormes pertes. Suite au désastre de Lopera, le commandant du 12e Bataillon, Gaston Delasalle est accusé de trahison. Joseph Putz préside le tribunal militaire qui va le condamner à la peine de mort. André Marty dans une note précise :

« Putz a bien présidé le Conseil de guerre qui en janvier 1937 a condamné à la peine capitale, le commandant du XIIe Bataillon (D.) pour sabotage et démoralisation systématique en présence de l’ennemi. Mais, par son intervention personnelle il a fait acquitter D. de l’accusation d’intelligence avec l’ennemi pour essayer de lui sauver la vie. La sentence ayant été exécuté, dès confirmation par le commandant de la Brigade et le commandant du secteur à Jaen, Putz était dans un tel état que le commandant de la Brigade W… en présence du commissaire Heussler m’a demandé de lui remonter le moral. »

Il va participer ensuite aux batailles de las Rozas en janvier et du Jarama en février 1937. Il sera blessé lors de cette dernière.

Il est promu commandant de la 14e BI. Dans le n°2 du journal de la 14e BI, Le Soldat de la République, un petit article souligne la sympathie qu’il dégage :

« Le lieutenant-colonel Putz, notre bon Camarade vient d’être nommé commandant provisoire de la 14e Brigade. Nous adressons à notre vaillant camarade Lieutenant-Colonel Putz nos félicitations. Cette nomination fera plaisir à tous nos Camarades. »

Les rapports, sur cette période sont fort élogieux :

«  Capitaine proposé comme commandant dans l’armée bourgeoise, excellent officier, très courageux, très populaire parmi ses hommes, sans parti, d’origine bourgeoise ou petite bourgeoise. » (Rapport non signé de février 1937)

« Sa conduite au feu était jusqu’alors considérée comme exemplaire : excellent entraineur d’hommes, courage magnifique, connaissances tactiques de premier ordre, etc. »

En avril 1937, Joseph Putz est remplacé par Dumont au commandement de la 14eBI. Selon Marty, il est relevé de son commandement car la brigade était animée «  d’un esprit parfait de désorganisation dont il porte la responsabilité essentielle ». Son successeur corrobore cette affirmation. Il est alors affecté à l’état-major de la Division.

Au mois de mai-juin 1937, il est envoyé à Bilbao:

« Il n’a pas été porté à ma connaissance de rapports officiel sur la conduite de P. à Bilbao. Mais les renseignements officieux et la presse anglaise ont fait un éloge de sa conduite. Il aurait avec les troupes dont il avait le commandement, protégé l’évacuation de Bilbao par les forces républicaines » (rapport de Vital Gayman)

A son retour, il est chargé de divers commandements à la 35e division

L’affaire de la mairie de Stains le rattrape peu à peu. Dans une lettre du 6 mai 1937, Jean Chardavoine, le maire de Stains, avise « le parti des dangers qu’il pourrait courir en ayant de tels individus à la tête d’une armée ».

En mars 1938, Marty demande qu’une commission d’enquête étudie son dossier. Un autre élément aggravant intervient, il a fait venir sa petite amie en Espagne (voir la biographie de Gisèle Théssée) et l’a fait affecter dans un hôpital des brigades. Selon Vital Gayman, dans un rapport non daté : « La présence de sa compagne a eu un très mauvais rôle sur la conduite et le moral de P. en Espagne. »

« Malgré tout, malgré les fautes qu’a pu commettre P. par la suite, sa conduite pendant les premiers mois de son séjour en Espagne paraît garantir incontestablement sa qualité de bon combattant antifasciste, au moins pendant cette période. »

Au retour d’une permission en France, en mai 1938, se retrouvant sans affectation, Joseph Putz écrit à Marty pour lui en demander une. Finalement Marty va lui proposer sa démobilisation :

« […] à mon avis, la seule solution, puisqu’il n’y a pas de commandement pour vous, serait tout simplement de vous faire démobiliser par l’intermédiaire du Général Gomez et revenir en France ». (Lettre du 11 mai 1938)

Il rentre alors en France, puis travaille dans l’administration en Algérie.

La II Guerre mondiale

Joseph Putz sera marqué par cette guerre d’Espagne et se sentira proche des combattants espagnols et des brigadistes.

Après avoir combattu au sein du Corps franc d’Afrique, formé en majorité de républicains espagnols et d’anciens des brigades, il devient le commandant de la « Nueve » (2eDB du général Leclerc) qui sera la première unité à rentrer dans Paris.

Raymond Dronne, dans « Carnets de route d’un croisé de la France libre », le décrit ainsi :

« A la tête de ce bataillon, fortement marqué de caractère hispanique, se trouve un chef qui sort de l’ordinaire : le commandant Putz. […]Putz était assez peu militaire d’allure, bien qu’il fit effort pour le paraître. C’était un guerrier. Il était ouvert, souriant, sympathique. Incontestablement, il était l’homme qu’il fallait à la tête d’une telle unité. » (Page 248)


Joseph Putz est tué lors de l’offensive de Grussenheim le 28 janvier 1945.

Il sera nommé Compagnon de la Libération le 24 mars 1945.

Source

RGASPI (Moscou, 545.6.1361)