Offensive républicaine sur Ségovie
Pour aider le front Nord, gravement menacé par l’armée rebelle, l’état-major républicain va lancer une offensive sur la ville de Ségovie, espérant ainsi attirer les forces franquistes.
« Le secteur choisi se trouve en vieille Castille, dans la sierra de Guadarrama, sur le route de Madrid à Ségovie. Dans cette zone montagneuse, les forces républicaines ont pu conserver, depuis les premiers jours de la rébellion, des positions solides ; mais les fascistes s’accrochant au terrain, couvrent à une dizaine de kilomètres au sud-est, le nœud routier de Ségovie, clé de voute de leur dispositif et quartier général du général Varela. » (‘’Epopée d’Espagne’’, p129)
L’offensive se compose de deux actions : l’action principale et une action de diversion sur el Alto del Leon toutes les deux dans la Sierra de Guadarrama.
L’action principale est dirigée par le général Walter, commandant de la 35e Division. Celle-ci comprenait trois brigades, la 14e BI commandée par Jules DUMONT (voir sa biographie), la 69e BM et la 31e BM. « La 14e se trouvait au centre du dispositif, sur la route de Navacerrada à Ségovie. La Bg Duran était à notre gauche et la 31e BM venant de l’est devait déboucher sur La Granja. Le 1e objectif de la 14e était La Granja, par le sud, et le 2e Ségovie. »
La 14e BI était composée des bataillons n°9 (Commune de Paris commandé par Grillet), n°10 (Bataillon Domingo Germinal par Guimpel, n°12 (Bataillon Ralph Fox par RABAH OUSSIDHOUM), et du n°13 (Bataillon Henri Barbusse par Sagnier) ainsi que de la Compagnie des Pionniers commandée par Vaillant.
Dans la nuit du 29 au 30 mai, la 14e qui se trouvait au repos à Miraflores de la Sierra (Madrid) se transporte sur les positions indiquées.
Pendant 5 ou 6 jours, de terribles combats vont se dérouler autour des hauteurs fortifiés (Cabeza Grande, Matabueyes, Cerro del Puerco) autour du village de Valsain (orthographié Balsain en français). Deux bataillons de la 31e BM pénètrent dans les jardins de La Granja, à quelques kilomètres de Ségovie mais sont repoussés. Le 13e Bataillon, arrivé aux abords de La Granja est également repoussé. Le 3 juin, l’offensive est arrêtée. S’ensuit de violentes contre-attaques fascistes. Le 6 juin, la 14e BI se retire des positions d’attaques.
C’est un échec. Seul quelques avions ont été retirés du front nord. Les pertes de la 14e sont énormes. Selon un rapport « au cours de cette opération la 14e a perdu plus de 500 hommes, blesses, tués ou disparus. »
Autre répercussion : une vive altercation va opposer le général Walter et le lieutenant-colonel Dumont. Boris Guimpel dans un style...téléphoniste résume ainsi la situation : « Mais les téléphonistes n’ont pas suivi le 13e bon. Oubli de Dumont. D’où quand l’accrochage a commencé et que Dumont a dû rendre compte, incapable de dire où était le 13e. Drame. Dumont refuse l’engueulade, menace de démissionner. ». La 14e BI, de brigade de choc devient une une brigade de position et est envoyée sur le Front de Santa Maria de la Alameda.
C’est dans ces lieux de la Sierra de Guadarrama que se déroule Pour qui sonne le glas, le roman d’Ernest Hemingway, qui, lui, parle de trahison, les chefs de l’armée fasciste étant au courant de la date du déclenchement de l’offensive, alors qu’une des clés du succès était l’attaque surprise.
La photographe Gerda Taro couvrira l’opération.