MACARIO Alix

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Paul, Alix, Antoine MACARIO est né le 17 janvier 1917 à Cogolin (Var), de Victor, cultivateur, et Maria Dutto, journalière. Dans sa biographie militante il indique que son « père est sans opinions politiques mauvais antifasciste". Après des études primaires, il a travaillé sur l’exploitation familiale comme agriculteur et aussi comme employé d’hôtel au Grand Hôtel du Lavandou et au Remington Hôtel à La Croix Valmer.

Il s’était intéressé à la politique dès 1933 (menace de guerre et du fascisme, injustices sociales) et il adhéra aux Jeunesses Communistes en 1934 au Lavandou, (cellule de Cogolin) et au SRI.

Il lisait les journaux L’Humanité, Avant-Garde et Rouge Midi et s’intéressait plus particulièrement aux questions de la paix, de la liberté, de la famille et du bien-être pour un travail juste. Il prit position contre la durée du service militaire de 2 ans, reconnaissant toutefois son erreur devant la menace des pays totalitaires.

Avant de partir pour l’Espagne, il était célibataire et travaillait comme chasseur d’hôtel au Golf Hôtel de Beauvallon (Var) qui comptait 35 salariés, pour un salaire de 500 à 700 Frs par mois, logé et nourri. Il était adhérent à la CGT (date d'adhésion inconnue).

L’Espagne

Il arrive en Espagne le 15 novembre 1936 Passage de la frontière "pour défendre la liberté aidant ainsi mon parti". Affecté à la 1ére Compagnie du Bataillon Thaelmann de la 11BI, il participe aux combats pour la défense de Madrid : Boadilla del Monte, Las Rozas. Lors de cette bataille, il aura les pieds gelés, (on lui enlève l'ongle d’un orteil gauche) et sera hospitalisé de janvier à fin février 1937 à Madrid, Alicante et Elche.

A son retour d’hospitalisation, il est versé au 20e Bataillon International de la 86e BM (chef de groupe) du 1er mars au 1er juillet 1937 qui combat à Pozoblanco (province de Cordoue). Il y est commotionné par un bombardement et soigné à Alicante de mai à juillet 1937.

Il rejoint le 10e Bataillon Domingo Germinal de la 14e BI dans la sierra de Guadarrama au nord de Madrid de juillet à septembre. Le 1er octobre, il reçoit l’ordre du gouvernement espagnol de retourner impérativement en France pour régler sa situation militaire.

Il est de retour le 8 décembre 1937 via Espolla, envoyé le 9 à Barcelone pour la vérification de son éligibilité. En janvier 1938 il adhère au PCE, et en février au SRI à El Escorial Solidarité.

Il participe à la bataille de Caspe en mars 1938 Offensive franquiste d’Aragon où il est cité à l’ordre du jour du bataillon et nommé caporal en avril. (OJ du 17 avril 1938).


Jusqu’au Retrait des Brigades Internationales fin septembre 1938, il est délégué politique de section au 2e Bataillon Vaillant-Couturier de la 14BI, et participe aux combats de la Bataille de l’Ebre, Mora del Ebro et Gandesa (cote 356). Un rapport le qualifie de « bon soldat, extrêmement courageux qui entraînait les hommes à l’assaut de la cote 356 ».

Sur le questionnaire qu’il remplit le 8 novembre 1938, il répond à la question sur ce qu’il a appris depuis qu’il est en Espagne dans le domaine politique ou militaire : • "Dans le domaine politique, l’unité est nécessaire en premier lieu afin d’entreprendre les décisions et dominer les difficultés en expliquant aux camarades, au maximum, la situation et les risques de vaciller aux décisions prises. Dans le domaine militaire j’apporte mon savoir et rendrai compte de ce que peut être capable un groupe d’hommes, si petit soit-il, décidé à arriver à un point, y arrivant même dans des circonstances qui paraissent en premier lieu impossible, tout utiliser, le terrain, le moral des deux côtés et surtout la ruse".

Sur les 13 points du gouvernement d’union nationale du Président Negrin : • Il les a étudiés, et « Tout espagnol ou antifasciste est obligé de reconnaître que les 13 Points sont justes pour gagner la guerre contre l’envahisseur, pour la paix et la démocratie mondiale (tout mécontent est un ennemi de la cause et de la République) ».

Ton opinion sur la politique du Front Populaire en Espagne : • « Mon opinion est bonne, seulement il est regrettable que les anarcho-syndicalistes n’est (sic) pas appuyé ce gouvernement plus tôt, et avec l’appui qu’il était capable d’apporter. »

Que penses-tu des Brigades Internationales : • « Grâce au P.C. et au P.S.U. (PSUC ?), le Front populaire se renforce encore chaque jour, la masse et le gouvernement peuvent ainsi s’appuyer l’un sur l’autre, mutuellement. Les BI sont la meilleure preuve de solidarité du prolétariat mondial au peuple espagnol ; elles ont fini leur rôle à présent, cela a servi énormément au réveil de la masse mondiale de voir des hommes sans intérêts aucun, au risque de sa vie, aller lutter pour la liberté ; leur organisation politique aurait pu être bien meilleure si l’on avait surveillé les responsables, et éviter des profiteurs qu’il y a eu, embusqués, ce qui est un scandale de la part d’un volontaire. Une tare très importante est celle des militaires, au début était plus « révoltés » que révolutionnaires, nous ne voulions pas être chef, ce qui permis à des salauds et à des incapables d’arriver à des postes de responsabilités avec des hauts grades, petit à petit ils ont été dégradés, mais il en reste encore à épurer, et ces mêmes salauds montreront partout qu’ils étaient gradés mais pour moi ce sont des incapables qu’il ne faudra plus se servir si le cas se présentait. »

Une note émanant du Comité de compagnie le qualifie en ces termes : Bonne éducation politique mais ne peut extérioriser ses idées. Très jeune très courageux. Conduite au front exemplaire. Délégué politique de section il a fait son travail malgré des violents bombardements. Infatigable. a déserté après la dissolution des Brigades Internationales.

En 1995, répondant à un questionnaire de l’AVER, voici son témoignage :

« Ce questionnaire est bien insuffisant, par exemple avec le bataillon Thaelmann, nous étions continuellement en mouvement autour de Madrid pour colmater les brèches ou contre-attaquer. Il en est de même pour le secteur de Guadarama et Valdemorillo. Blessé à Las Rozas (janvier 37) Evacué sur l’hôpital Velazquez à Madrid où on m’arrache l’ongle de l’orteil gauche, 8 jours après je fus évacué sur l’hôpital de Sangre n° 1 à Alicante, 4 jours après sur Elche, 4 ou 5 jours après je désertais l’hôpital puis en auto-stop, sur le toit d’un camion d’oranges, je regagnai Albacete. Sans autorisation de l’hôpital, j’ai failli me trouver chez « Copic» ... ! (référence à la prison militaire d’Albacete). Ma bonne foi reconnue, je fus affecté au 20e bataillon de la 86e Brigade dont l’effectif était nouveau. Puis je fus affecté à la XIVe Brigade « La Marseillaise » 10e bataillon à Guadarama où j’ai reçu un ordre de rentrer immédiatement en France, quittant mes armes sur place, avec le motard désigné je prenais le train à Madrid immédiatement, le lendemain j’étais au Perthus, immédiatement habillé en civil, le billet pour Toulon, un peu d’argent en poche, je rentrais à Cogolin où j’apprends que la gendarmerie était venue me chercher à 4 reprises avec menaces. J’ai été « Bon Absent » au conseil de révision de mai 1937 et affecté d’office au 92e Régiment à Riom. Echappant à la vigilance des gendarmes, je me présentais au Bureau de Recrutement de Toulon dont je dépendais ; là je trouvais le Ct D… (certainement un franc-maçon) qui me propose de passer le Conseil de Réforme qui aura lieu dans les quelques jours. J’insistai pour qu’il me donne la convocation pour ce Conseil de Réforme, le soir même je me rendais à la gendarmerie où on était prêt à me jeter en prison et m’accompagner à Riom où j’étais porté déserteur. La convocation du Ct D… à la commission de réforme me mettait sous l’autorité militaire et l’affaire fut arrêtée là. A ce conseil de réforme spécial devant Amiral, Général et autres, les myopes, les boiteux tous présents furent « bons pour le service » ou désignés « gardes mites » ; j’étais le dernier. Je me présentais impeccablement en claquant les talons, à la question « … alors vous arrivez du front d’Espagne, expliquez-nous la situation », j’expliquais qu’en défendant la République espagnole on défendait la France, Franco est l’allié de Hitler et Mussolini, que tous les officiers français devraient signer des pétitions pour aider la République espagnole en chars, canons, avions, car en Espagne on se bat pour la liberté de la France ! on se bat contre le nazisme et le…… « Taisez-vous « ! on me coupe là, puis congratulation entre eux, « on ne peut accepter ce révolutionnaire ». Je fus réformé sur le champ, 8 jours après je repartais en Espagne. »


La Résistance

A la déclaration de guerre, voulant s’engager, Macario ne parvint pas à convaincre le bureau de recrutement de Toulon qui maintint sa décision de réforme définitive prononcée en mai 1938. A partir d’octobre 1940, il contribua à la reconstitution du Parti communiste dans la région. Contacté par l’OS, affecté dans les FTPF dont il fut un des initiateurs (matricule 61075), il participa au ravitaillement du maquis FTP créé en mars 1943 dans les bois de Sainte-Maxime et à de nombreuses actions. Macario passa dans l’illégalité à la fin de 1943. Membre de la brigade des Maures, sous le pseudonyme de « capitaine Bienvenu Henri », il dirigea l’un des maquis qu’elle mit en place après le 6 juin 1944 dans le secteur de Cogolin. À la tête de plusieurs dizaines de jeunes gens constituant les groupes « Valmy » et « Courbet », il mena de nombreuses actions de Toulon à Saint-Raphaël, zone fortement occupée et dirigea le 15 août 1944, les combats pour la libération de Cogolin. Poursuivant son action pour la libération d’Hyères et de Toulon, capitaine FTPF, il s’engagea dans le régiment des Maures à Hyères, et fut homologué comme lieutenant, le 29 novembre 1944. Intégré dans le 11e bataillon de chasseurs alpins, il combattit sur le front des Alpes (secteur du Haut-Queyras) et participa à l’occupation de l’Autriche. Il refusa, en mars 1946, de rester dans l’armée comme ses supérieurs le lui proposaient. Alix Macario est répertorié sur la liste des résistantes et résistants, homologués FFI, dossier administratif référencé GP 16 P 381501, publiée par le Service Historique du Ministère de la Défense.

Marié à Cogolin, le 17 janvier 1950 avec Yvonne GOMONT, Macario était un adhérent actif de l’ANACR, de l’AVER. Après sa mort le 4 novembre 1995, une plaque commémorative fut apposée par ses camarades sur sa maison, rue Hoche.

Sources

AVER (MRN de Champigny sur Marne, archives de l’AVER) - RGASPI (Moscou, F. 545. Op. 2. D. 303 Op.3. D.369. Op.6. D. 35 et 1293) - Maitron - Arch Depart du Var, Etat Cvil cote 7E 45 51, acte de naissance n° 2 du 17 janvier 1917 - Service Historique du Ministère de la Défense.