FORT Gabriel

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Gabriel Gustave Fort est né le 30 décembre 1898 dans le 3e arrondissement de Lyon (Rhône). Sa famille (petite bourgeoisie lyonnaise) a rompu tous les liens avec Gabriel après son départ en Espagne.

Il était titulaire du Brevet supérieur.

Il avait participé à la 1ère guerre Mondiale. Blessé deux fois, il l'avait terminée avec le grade de lieutenant. En Espagne, il rencontrera le lieutenant-colonel allemand Klaus. Une photo parue dans ‘’Le livre de la 15èmeBI’’ et dans ‘’Le Volontaire de la Liberté’’ montre les deux hommes, non plus adversaires, mais camarades unis contre le fascisme.

Mécanicien chef d’atelier, il participe à la « croisière jaune », le raid automobile Beyrouth/ Pékin organisé par Citroën en 1931/1932 comme mécano. Il était membre du syndicat des métallos CGT depuis 1927.

Membre de la SFIO depuis 1920, Gabriel Fort se rapprochera peu à peu du PCF mais « pour des raisons tactiques, le PCF à son retour d’Espagne lui a conseillé de rester sans parti. Il ne sera pas, jusqu’à sa mort, membre de ce parti. Il s’affichera comme « compagnon de route ».

Célibataire, il demeurait, 30, Boulevard Saint-Roch à Avignon (Vaucluse).

L’Espagne

Gabriel Fort arrive en Espagne en décembre 1936.

« En tant que socialiste, j’ai considéré qu’il fallait partir en Espagne, aider nos camarades, et puis, je suis ouvrier mécanicien et ancien combattant, cela a suffi pour me montrer mon devoir. »

(Le travailleur d’Ivry, 4 novembre 1938)

Après être passé par Albacete, il est envoyé à Tarazona de la Mancha où il est chargé de former un nouveau bataillon : le Bataillon Six-février. Nommé capitaine le 22 janvier 1937, il en prendra le commandement le 2 février suivant.

Le bataillon est affecté à la nouvelle Brigade qui vient d’être créée : la 15e BI. Il est blessé le 13 février, premier jour de l’attaque de la Brigade :

« Je m’entends appeler -c’est le commandant FORT. « Nom de dieu, tu es blessé ? -Oui, aux deux cuisses. -C’est le commandant FORT qui n’a pas été épargné. Comment as-tu fait ? - Je voulais situer l’emplacement des mitrailleuses fascistes avec l’auto-mitrailleuse qui m’accompagnait pour les démolir, si nous les trouvions. Je n’ai pas eu le temps, une balle explosive m’a envoyé ses éclats et voilà ! […] Mais l’ambulance va repartir, une poignée de main « Bonne chance ! – Au revoir ! Dis aux camarades de tenir le coup. - Nous tiendrons !» (Galli, Commissaire Politique du bataillon, p. 54)

Il sera admis à l’hôpital de Colmenar de Oreja (Madrid) où il sera soigné notamment par sa future femme. Pas entièrement rétabli, il reprend le combat le 27 février. Il est nommé chef du secteur du Jarama, puis Major le 1er juin 1937.

Pendant la bataille de Brunete, le 6 juillet, au matin, il est blessé au pied gauche. Refusant son évacuation, il reçoit, quelques heures plus tard, une balle dans la tête, de gauche à droite, perdant son œil droit et gagnant une cécité du gauche. Il sera hospitalisé au Palace Hôtel (Madrid), qu’il quittera en septembre 1937.

Autorisé à prendre un congé en France du 13 janvier au 28 février 1938, il va poursuivre le combat en participant à de nombreux meetings : ainsi le 20 janvier, il préside l’inauguration du foyer des volontaires de la section Clichy-Levallois à Levallois. Il tiendra 41 meetings en faveur de l’Espagne républicaine pendant cette période.

Dans une interview au ‘’Travailleur d’Ivry’’, daté du 4 février 1938, il montre son désir de retourner : :

« Je dois y retourner pour y travailler et apporter l‘aide technique et politique sur la marche des opérations.’’

Revenu en Espagne le 4 mai 1938, il est mis à disposition du Commissariat de guerre et va continuer ce travail de propagande au front et dans les services à l’arrière (hôpitaux, …).

Il épouse son infirmière, fille d’un militant communiste, Marie Thérèse Hoyos en 1940 à Moscou.

Le retour

Il rentre définitivement le 19 novembre 1938 et continue ses activités en faveur de l’Espagne républicaine au sein de l’AVER.

En juin 1939, il est l’un des trois grands blessés français (voir Georges CADICH et GUESSOUM Abderrahman) à se rendre en URSS pour y être soigné. Le professeur Filatov confirme que son cas est très grave.

« Aucun opération n’est possible pour l’instant car je risquerai de perdre la raison ou de devenir épileptique. Seul la nature et le temps, aidés par un traitement que m’a fixé le professeur Filatov, peuvent peut-être amener à un changement à mon état. » (Lettre à Marty du 28 février 1941)

. Il restera aveugle définitivement.

Il revient en France en mai 1946.

Il milite au Secours populaire français et jusqu’à sa mort sera administrateur de la Maison des enfants de fusillés. Il sera chargé de recueillir les fonds nécessaires à la marche de la « Maison de la Villette » notamment dans les milieux syndicaux et artistiques et sera en contact direct avec les fédérations CGT et des artistes comme Picasso et Yves Montand.

L’Espagne au cœur

L’Espagne sera au cœur de la vie de la famille Fort. Il fera venir à Paris sa belle-mère et la sœur de sa femme (vivant seules à Madrid, le père et le fils morts au combat). Il accueillait souvent à sa table des anciens des Brigades, ses plus proches amis devenus ambassadeurs de Hongrie, de Yougoslavie, ses anciens agents de liaison Popelin et Codou, des amis rencontrés à Moscou. La DST lui fera reproche de ses fréquentations. (Témoignage de José Fort)

Membre de l’AVER, il mourut le 19 juin 1956 et fut enterré dans le caveau des Brigades Internationales au Père Lachaise de Paris.

Son fils, José, va poursuivre le combat de l’AVER : il est l’un des fondateurs de l’Association des Amis des Combattants en Espagne Républicaine ACER.

Sources

Fort José (échanges de mails, novembre 2022) – Nos combats (Le livre de la XVe BI), Madrid, 1937 – RGASPI (Moscou, F. 545. Op.6. D. 1187) – Skoutelsky, Rémi, L’Espoir guidait leurs pas, Grasset, Paris, 1998 – Delperrié de Bayac, Les Brigades Internationales, Fayard, 1968.: