GABISON Roger
Roger Gabison est né le 1er mai 1913 à Kairouan (Tunisie). Son père était un riche alfatier que la crise de 1929 ruina. Il avait un frère et une sœur. Il fit des études secondaires.
Il commença à s’intéresser, très tôt, à la politique « por amor de justicia ». Agé de 16 ans, en 1929 il adhère au mouvement de jeunesse sioniste de gauche « Hachomer Hatzair » (Jeune Garde Juive) de Tunis. En 1932-1933, il le quitte, avec la plus grande partie des membres de cette organisation, pour adhérer à la JC qui venait de se créer. Il intègre son secrétariat et s’occupe de l’organisation et de la propagande. « El partido estaba illegal y muy flojo », précise-t-il. Une conférence est organisée chez lui : « se ha pasado secretamente en mi casa ».
Il participe à la manifestation du 1er mai 1934 à Tunis.
Arrêté pour son activité politique, il est déporté, le 3 septembre 1934, à Kébili, alors territoire militaire, au sud de la Tunisie. Il est libéré pour accomplir son service militaire qu’il effectuera au 137e Régiment d’Infanterie de Quimper. Son service militaire achevé, il rentre en Tunisie, d’où il est à nouveau expulsé en mars 1936.
Il vient alors à Paris et travaille au journal du parti communiste chinois édité à Paris, « Gin Guo Sh Bao » (Au secours de la Patrie) qui employait 15 militants. Inscrit à la CGT, il gagnait 1.050 francs par mois.
Il dirigeait, également, le cercle de la JC du 3e arrondissement. Chaumeil de la Fédération des Jeunesses Communistes de France, précise qu’il « avait une influence très grande tant pour ses qualités de militant que pour sa bonne camaraderie. »
Célibataire, il demeurait dans cet arrondissement de Paris.
L’Espagne
Il part en Espagne, sans avertir ses parents.
Arrivé le 26 novembre 1936, il est affecté à la 2e Compagnie du Bataillon Henri Vuillemin de la 13e BI.
Il est blessé grièvement le 2 janvier 1937, lors de la 1ère bataille de Teruel, « au cours d’une attaque à 4 h du matin près du fortin et non loin de la croix situé au bord de la route ». Atteint au bras droit ainsi que sur le côté droit (poumons perforés), il est hospitalisé pendant 4 mois d’abord à Alfambra puis à Valence (Hl Blanquer). Rétabli, il est déclaré inapte au front, par la Commission médicale.
Il exercera alors, diverses fonctions : délégué du service sanitaire à Valencia de mars à juillet 1937, Commissaire du Centre Sanitaire de Murcia de juillet à novembre 37, Commissaire des transports de la Base de novembre 37 à avril 38, puis rejoindra le service de propagande de la Generalitat pour les émissions en langue française.
Dans le formulaire de rapatriement, qu’il remplit le 7 novembre 1938, interrogé sur la politique du Front populaire espagnol, il affirme avoir étudié les 13 points du Gouvernement d’Union Nationale de Negrin. Il pense qu’
«ils sont l’expression exacte de la lutte de tous les espagnols pour leur indépendance nationale, pour le progrès et pour la paix. Il traduise le moment historique que vit le peuple espagnol. »
Pour lui, la politique de Front Populaire en Espagne :
« [...] est la seule possible. Je ne crois pas qu’un gouvernement qui se placerait en dehors du Front populaire puisse gouverner » C’est « la seule juste », « Parce qu’elle est l’union de toutes les catégories de travailleurs sans laquelle chaque secteur est trop faible pour combattre la réaction »
Sur les BI, il affirme:
« En dehors de l’aide matérielle incontestable que les BI ont apporté en Espagne, elles ont été surtout l’expression de la solidarité internationale antifasciste attestant que la « Cause de l’Espagne est bien – selon la phrase de Staline - la cause de toute l’Humanité progressive avancée. »
En Espagne
« J’ai appris deux choses qui sont de beaucoup au-dessus des autres :
1°) vis-à-vis du fascisme et de la réaction il ne peut y avoir qu’une attitude : la lutte sans trêve ni merci.
2°) Lorsqu’un peuple est uni et décidé à se défendre il est invincible. »
Fait prisonnier en 1940, il s’évade et rentre en Tunisie.
Décédé en 1998, « ses cendres ont été dispersées dans la Méditerranée, lien s'il en est entre la France et la Tunisie. » (Jacqueline Gabison, fille de Roger Gabison).
Sources
RGASPI (Moscou, F.545. Op.6. D.1193)