RICOL Lise ep LONDON

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Voici la biographie qu’elle a écrite le 6 juin 1938 :

« Je m’appelle ELISABETH JEANNE RICOL. Je suis d’origine espagnole. Mes parents sont les enfants de paysans pauvres d’Aragon. Mon père émigra à l’âge de 15 ans pour la France où il travailla comme ouvrier mineur, puis comme manœuvre spécialisé.

Syndiqué et Membre du P.C.F. depuis la scession de Tours en 1921 avec un temps d’arrêt de 4 ans dans le P.C. à cause de la grande repression contre les Etrangers.

Ma mère a travaillé comme bonne de 11 ans à 27 ans, puis après son mariage, ménagère. Ma sœur est sténo dactylo, membre des J.C. et du P.C. Elle est la femme de Raymond Guyot, Secrétaire général du KIM.

Mon frère est membre des J.C. et du P.C.F. – Mécanicien Electricien sur automobiles – secrétaire de la Région Paris Sud des J.C., Membre du Comité Central des J.C.F. Je suis née le 16 Février 1916 à Montceau-les-Mines (Saone et Loire). Nationalité française. Je suis allé à l’Ecole jusqu’à 14 ans.

Après avoir fait un séjour de 5 mois dans une école de sténo-dactylographie je suis rentrée travailler comme dactylo à l’Usine d’Automobile BERLIET à Vénissieux (Rhône) – J’ai adhéré aux Jeunesses Communistes en 1931. J’ai milité activement à Lyon. D’abord secrétaire de cellule, ensuite secrétaire du rayon de Lyon, membre des Bureaux et Secrétariat des J.C.

En 1934, je suis partie à Moscou ou j’ai travaillé comme dactylo au Komintern, envoyée par le P.C.F. – Je suis partie de Moscou en Septembre 1936. A mon retour à Paris, j’ai travaillé deux mois au Comité Central du P.C.F. comme Secrétaire du Cde ALLARD.

Je suis ensuite partie, Novembre 1936, en Espagne –Albacete –appelée par le Cde A. MARTY.

Malade, je devais retourner en France pour me soigner mais en route je dus être hospitalisé en Valence. A ma sortie de l’Hôpital je suis entré dans le Service Spécial de l’I.C. avec le Cde PABLO.

Au cours d’un voyage en France, j’ai demandé l’autorisation au C.C. de mon Parti de sortir de ce travail, permission qui me fut accordée. Libérée de ce travail la Commission des Cadres du P.C. Espagnol ma plaça dans le Service Spécial du S.I.M. Espagnol sous le contrôle des « AMI », à Barcelone. A la dissolution de ce Service je suis partie à Albacete ou j’ai travaillé au SIM des B.I. de Janvier 1938 à ce jour. Je suis membre du P.C. depuis 1934.

Mon Mari, Gérard ELBERFED [Arthur London], Tchécoslovaque est également membre des J.C. et P.C. Tchécoslovaques, depuis 1927 et 1931.

Sous sa signature Lise Ricol, elle a ajouté à la main :

« En Espagne je suis connue sous le nom de ma mère Lise Lopez »

Très jeune, elle s’était mariée avec Auguste Delaune : « Inexpérimentée, je prenais pour de l’amour la sympathie l’admiration que je portais au beau Parisien » (Le printemps des camarades, p. 100). Alors qu'elle était en poste à Moscou, elle avait rencontré Gérard London, avec qui elle se mariera. Enceinte, c’est à la demande du PCF qu’elle s'est rendue en Espagne.

Militante très active, elle avait suivi les cours de l’école élémentaire puis supérieure du PCF. Elle s'intéressait particulièrement à l’histoire du mouvement ouvrier français.

Lise Ricol lisait l’Humanité et L’Avant-garde et parlait le français, l'espagnol et « imparfaitement » le russe.

La Résistance

Elle s ‘engage très tôt dans la Résistance. Arrêtée à la suite d’une manifestation de femmes, incarcérée à Fresnes, condamnée à mort, et sauvée parce que la loi interdisait de guillotiner une femme enceinte, elle est déportée au camp de Neue Bremm puis à Ravensbrück. Elle raconte cette période de sa vie dans son livre La mégère de la rue Daguerre.

La vie après

Le gouvernement français refusant d’accorder un visa à son mari, elle va le rejoindre avec ses enfants et ses parents en Tchécoslovaquie.

Arthur London, vice-ministre des Affaires étrangères, accusé d’espionnage, est arrêté en 1951 et condamné à perpétuité, dans le cadre des procès staliniens de Prague. Après avoir, un moment, douté de son innocence, suite à ses aveux, Lise London luttera pour le faire libérer. Exclue du PCT, marginalisée, elle ira travailler en usine pour maintenir sa famille.

Le couple retournera définitivement en France au début des années 60.

Lise London était vice-présidente de l’AVER.

Elle s’éteint le 31 mars 2012 à l’âge de 96 ans.

Lise London avait écrit deux livres où elle racontait sa vie Le printemps des camarades et La mégère de la rue Daguerre et avait collaboré à l’écriture du livre de son mari L’aveu.

Sources

RGASPI (Moscou, F.545 Op.6 D. 1374).

Lise London, La mégère de la rue Daguerre, Seuil, Paris, 1995.

Lise London, Le printemps des camarades, Seuil, Paris 1996.