GOLDBAUM Icek Berek (Jacques) : Différence entre versions
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Une fois, nous avons reçu deux livres, l’un de David Edelstadt et un de Yonah Rozenfeld. Nous avons lu pour la première fois des poèmes ouvriers. Ces poèmes appelaient l’ouvrier à se battre. Nous entrevoyions un éclat de lumière, découvrions qu’il existait une classe ouvrière qui combattait pour des matins plus clairs. Si nous voulions vivre mieux, il nous fallait lutter. | Une fois, nous avons reçu deux livres, l’un de David Edelstadt et un de Yonah Rozenfeld. Nous avons lu pour la première fois des poèmes ouvriers. Ces poèmes appelaient l’ouvrier à se battre. Nous entrevoyions un éclat de lumière, découvrions qu’il existait une classe ouvrière qui combattait pour des matins plus clairs. Si nous voulions vivre mieux, il nous fallait lutter. | ||
A cette époque, il y avait à Krasnik quelques centaines d’ouvriers de différentes professions. Tailleurs, cordonniers, chapeliers, menuisiers, piqueurs de tiges, fourreurs et d’autres. On travaillait dès l’aube jusqu’à minuit. Le shabbat soir aussi après le havdala, nous devions retourner au travail jusqu’à minuit ou aussi tard que nous demandait le maître. Nous travaillions dans des conditions déplorables. » | A cette époque, il y avait à Krasnik quelques centaines d’ouvriers de différentes professions. Tailleurs, cordonniers, chapeliers, menuisiers, piqueurs de tiges, fourreurs et d’autres. On travaillait dès l’aube jusqu’à minuit. Le shabbat soir aussi après le havdala, nous devions retourner au travail jusqu’à minuit ou aussi tard que nous demandait le maître. Nous travaillions dans des conditions déplorables. » |
Version du 2 mars 2015 à 16:24
GOLDBAUM Icek Berek (Jacques) (1911-1982)
Il est né le 11 août 1911 à Krasnik (Pologne) dans une humble famille de petits artisans. Son père était ébéniste d’art et sa mère, femme au foyer. Il était le dernier d’une famille de six enfants.
A la mort de ses parents (en 1917 et 1921), il est recueilli par sa grande sœur et son mari.
En 1923, à peine âgé de 12 ans, il s’engage dans les Jeunesses Socialistes du Bund. Il y militera jusqu’à son départ pour la France.
Dans le récit sur l’activité syndicale à Krasnik, il raconte les dures conditions de travail et la découverte de la littérature prolétarienne :
« Nous prenions toujours des livres que l’on se repassait de la main à la main. Un groupe de camarades se retrouvait le vendredi soir dans la maison d’un ami ou, un shabbat après-midi, nous allions à la forêt de Rachev et nous y lisions sur place. Une fois, nous avons reçu deux livres, l’un de David Edelstadt et un de Yonah Rozenfeld. Nous avons lu pour la première fois des poèmes ouvriers. Ces poèmes appelaient l’ouvrier à se battre. Nous entrevoyions un éclat de lumière, découvrions qu’il existait une classe ouvrière qui combattait pour des matins plus clairs. Si nous voulions vivre mieux, il nous fallait lutter. A cette époque, il y avait à Krasnik quelques centaines d’ouvriers de différentes professions. Tailleurs, cordonniers, chapeliers, menuisiers, piqueurs de tiges, fourreurs et d’autres. On travaillait dès l’aube jusqu’à minuit. Le shabbat soir aussi après le havdala, nous devions retourner au travail jusqu’à minuit ou aussi tard que nous demandait le maître. Nous travaillions dans des conditions déplorables. »
Il arrive en France en 1928 où se trouvaient déjà deux de ses frères. Il travaille comme groom dans un grand hôtel puis comme tailleur. Il se syndique à la CGT en 1935. Il se déclare sympathisant communiste.
Sa langue maternelle était le yiddish. Il connaissait également le polonais, l’hébreu et le russe.
Espagne
Il part le 13 janvier 1937 et est affecté à la 15e BI.
A peine est-il affecté au bataillon « Six Février » qu’il va prendre part à la bataille du Jarama. Lors des combats du 21 février, il est blessé au bras gauche par des éclats d’obus. Opéré trois fois, il sera finalement amputé du bras gauche.
Icek Goldbaum raconte dans le livre de David Diamant, Combattants juifs dans l’armée républicaine espagnole, les circonstances de sa blessure (pages 102-104).
Une photographie le montre devant la villa Gastone Sozzi du centre de convalescence de Benicassim.
En septembre 1937, il est rapatrié en France.
Un rapport de la base d’Albacete le considère comme « un bon camarade ».
En Espagne, il va adhérer au SRI.
Le retour
En mars 1939, il demande à être envoyé en URSS pour y être soigné. Sa demande lui est refusée parce qu’il y a « des camarades plus malades que lui ».
Il sera recueilli et caché avec des membres de sa famille dans le château de Sassenage (Isère), au début de la seconde guerre mondiale. C’est là qu’il va connaître sa femme.
En 1942, ils sont arrêtés tous les deux, dans un train, après un contrôle d'identité par la police française pour falsification de carte. Il est incarcéré à Fresnes puis transféré au centre pénitencier des Hauts-Clos à Troyes. Sa femme, elle, est internée dans le camp de Drancy, puis transférée au camp de Bergen Belsen. Elle en revient à la libération avec une santé plus que précaire.
L’Espagne au cœur
En 1947, Icek Goldbaum adhère à l’AVER.
Sa fille, Catherine, se souvient qu’ « au début des années 70, nos parents se rendaient quelques fois aux « réunions du parti communiste ».
«Ils nous ont appris le partage et la justice. Ils étaient fiers de leurs opinions. »
Icek Goldbaum est décédé en 1982 et sa femme, Irma, en 2012.
Sources
- Goldbaum, Catherine, témoignage écrit.
- David Diamant, Combattants juifs dans l’armée républicaine espagnole. 1936-1939, Editions Renouveau.
- Krasnik-Mémorial Book, Editions David Shtokfish, Israël, 1973.
- RGASPI (BDIC, Mfm 88O/37, 545.6.690).