Bataille de Madrid

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Les Brigades Internationales et la Bataille de Madrid (6 au 23 novembre 1936)

Deux brigades : la 11e et la 12e

Le premier convoi de volontaires arrive le 14 octobre à [[Albacete]). Au fur et à mesure des arrivées, après quelques jours de confusion, la formation et l’instruction commencent.

Devant l’approche des troupes franquistes les deux premières brigades internationales vont intervenir, à la demande du gouvernement républicain.

Les opérations

Début novembre, les troupes d’élite maures et légionnaires s’approchent de Madrid. Les généraux rebelles ont promis d’entrer dans la capitale le 7 novembre, jour anniversaire de la révolution d’octobre. Le général Mola a même promis de prendre un café ce jour-là (Ironiquement, les garçons du bar Molinero lui réserveront une table avec un café jusqu’à sa mort !).

Le 6 novembre, le gouvernement de Largo Caballero abandonne Madrid et s’établit à Valence. Seuls les communistes et les anarchistes se sont opposés à cette décision. La population se mobilise. Un seul cri résonne dans tout Madrid : ¡ No pasarán !

  • L’attaque frontale commence le 7 novembre.

Les troupes rebelles durement accrochées, au sud dans les combats dans les faubourgs populaires de Carabanchel-alto et Carabanchel-bajo, n’avancent que très lentement. Ce même jour, une des colonnes rebelles pénètre dans la Casa de Campo par les portes de Rodajos et Batán. C’est à partir de celles-ci que va se dérouler l’attaque principale sur Madrid.

La 11e en première ligne

La 11e BI, appelée « la Columna Internacional », malgré une formation sommaire, arrive à Vallecas où elle est mise en réserve. Elle est composée du Bataillon Edgard André, du Bataillon Commune de Paris et du Bataillon Dombrowski sous le commandement du général Kléber. Désignés comme bataillons allemand, français et polonais, ils comportent des volontaires d’autres nationalités

  • Premiers combats

Arrivée à la « Estacion de Mediodia » (gare d’Atocha) dans la matinée du 8, elle passe par la « Gran Via » pour prendre aussitôt position dans la Cité Universitaire (voir Ciudad Universitaria) et aux alentours de celle-ci. Seules, la 2e Compagnie et deux sections de Mitrailleuses du Bataillon Commune de Paris partiront immédiatement, passeront leur première nuit dans les tranchées d’Aravaca et interviendront le 10 à Humera.

Le 9, quelques avant-gardes maures franchissent le Manzanares mais elles sont repoussées par le Bataillon Edgard André et des unités espagnoles dans le « Parque del Oeste », pas très loin du centre de Madrid.

Ensuite la Brigade prend position sur les bords du Manzanares, entre le Parc de l’Ouest et le pont de San Fernando. Le 12 novembre, elle reçoit l’ordre d’attaquer le lendemain avec trois objectifs : « Molino de viento » (voir Humera), « Casa Blanca » et Campamento. Le Bataillon Commune de Paris est à droite du dispositif, le Bataillon Dombrowski à sa gauche et le Bataillon Edgar André en réserve. Malheureusement le retard de la relève faite par les troupes anarchistes oblige la brigade à intervenir en plein jour. Les batteries fascistes vont la bombarder systématiquement. Les pertes sont nombreuses. C’est un échec.

Depuis l’entrée des rebelles jusqu’au 14 novembre de très durs combats vont se dérouler dans la Casa de Campo, les berges de la rivière, le Puente de los Franceses et dans le secteur (Humera) - Aravaca, au nord-ouest de la capitale.

  • La Ciudad Universitaria

Le 15 novembre, quelques unités maures réussissent à franchir le Manzanares, provoquant la panique dans la Colonne catalane de Durruti qui défendait la Ciudad Universitaria. Poursuivant leur attaque, elles s’emparent du stade et des premiers bâtiments comme l’école d’architecture puis la Casa de Velazquez, l'Hospital Clinico.

Le 16 novembre, le bataillon Commune de Paris reprend le bâtiment Philosophie et Lettres. A partir de ce jour et jusqu’au 23, la Ciudad Universitaria et ses alentours (Palacete, …) vont être le lieu de terribles et sanglants combats, les bâtiments changeant de main plusieurs fois dans la même journée, on se bat pour un étage, une pièce….


  • La 12e BI entre en action

La 12e Brigade, alors en pleine constitution, reçoit l’ordre de partir pour Madrid le 8 novembre. Elle est composée du Bataillon Garibaldi, du Bataillon Thaelmann et du franco-belge qui deviendra un peu plus tard le Bataillon André Marty sous le commandement du général Luckas.

Pour soulager le front nord-ouest, où la 11e BI combat, la 12e est engagée au sud. Le 13 novembre, elle attaque avec des brigades espagnoles le Cerro Rojo sans succès. Pour le commandant du Bataillon Thaelmann, Ludwig Renn, c’était inévitable car on avait envoyé des volontaires sans entraînement dans une action décisive (« [...] haber enviado à una tropa sin entrenar y en su bautismo de fuego a llevar a cabo una acción decisiva. » Op cité, p 183). Il cite le cas d’un volontaire, qui lors d’un premier assaut, l’appela car il n’arrivait pas à introduire la cartouche dans le fusil. Constatant qu’il mettait la ponte à l’envers, il lui demanda s’il avait tiré au fusil avec un fusil. « Même pas à un stand de foire », lui répondit-il.

Elle « sera celle dont l’organisation a été la plus bâclée » (Delperrié de Bayac, p. 112). Les pertes sont nombreuses et elle doit être réorganisée. Elle ne pourra relever la 11e BI qu’aux alentours du 20 novembre. Elle poursuivra alors les combats dans la Ciudad Universitaria).

Le 23 novembre, Franco décide d‘arrêter son attaque frontale. C’est un échec. Madrid est sauvé. Les Brigades Internationales vont être inséparables de la légendaire défense de Madrid.

La fourniture d’armes soviétiques (chars et aviation avec leurs équipages, compensant, bien peu, l’intervention nazie et mussolinienne), l’arrivée des deux premières Brigades Internationales ont donné du courage aux troupes républicaines et, de concert avec celles-ci, ont permis de repousser l’avancée fasciste.

Internationalement, sûres du succès de Franco, l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste avaient reconnu, un peu précipitamment, son gouvernement les 16 et 18 novembre. La mascarade de la non-intervention pouvait continuer.

C’est aussi lors de cette bataille que tombe le dirigeant anarchiste Durruti.

Sources

Philippe Edouard dit Pierre REBIERE, Sur le Bataillon Commune de Paris

RENN Ludwig, Der Spanische Krieg ( La guerra civil española, Ed. Forcola, 2016)

Sommerfield, John, Volunteer in Spain, Lawrence Wishart Ltd, London, 1937 (traduction en espagnol ‘’Voluntario en España’’, Ediciones Amaru, Salamanca, 2012)