CAZALA René
1903 - 1938
René Cazala est né le 8 mars 1902 à Alger.
Après des études secondaires, il effectue son service militaire en 1922 dans l’Infanterie mécanisée. Ayant suivi les cours de l'Ecole des Officiers de Réserve (EOR), il obtient le grade de lieutenant. Pendant 18 mois, il participe à la guerre au Maroc (Guerre du RIF 1921-1926). A cette époque, il est membre des JS.
Une fois démobilisé, il exerce le métier de mécanicien, à Paris dans le Garage Saint-Séverin qui emploie 5 ouvriers. Il gagne 3000 francs par mois. Membre de la CGT depuis 1918, il est secrétaire du syndicat de la métallurgie et membre de la FSI.
En 1920, à Paris, il adhère au PCF et devient secrétaire régional. Il prend part à toutes les luttes du parti en Algérie et à Paris En 1925, il est jugé par le Tribunal correctionnel d’Alger avec 15 camarades pour «provocation à la désobéissance pendant la guerre du Maroc ». Condamné à 2 ans de prison et 2000 francs d’amende, il est libéré, le 17 juin 1927, de la prison de Barberousse à Alger.
En 1928, il est puni par le parti au motif de « lucha contra el grupo Celor ». Lecteur des Cahiers du bolchevisme, de la Correspondance internationale, d'ouvrages de Marx, Engels et Lénine, il s’intéresse à l’économie politique et à la question coloniale.
Marié avec Félicité Cazala, parlant espagnol et arabe, il est domicilié à Paris au moment de son départ pour l'Espagne.
L’Espagne
Arrivé en Espagne par la route, le 28 novembre 1936, avec l’aide du PCF, pour « luchar contra el fascismo », il est affecté comme soldat à la 14eBI, 13e Bataillon Henri Barbusse. Le 5 février 1937, il est muté au 10ème Bataillon Domingo Germinal (OJ n° 40).
Nommé sergent à une date non connue, il est promu lieutenant, le 23 mars 1937, commandant la 1ère Compagnie du 10ème Bataillon (OJ n° 76). Le 18 avril, il prend le commandement d’une compagnie de voltigeurs du 10ème Bataillon (OJ n° 108). Le 23 août, il est mis à la disposition du commandant Sagnier (OJ n° 177) et le 28 septembre, il est affecté au 3e bureau de l’état-major (OJ n° 202). Le 25 novembre, il est nommé capitaine au Bataillon Commune de Paris. (OJ n° 242).
En mars 1938, il succède à son ami Rabah Oussidhoum, tué à Miraflores, lors de l’ Offensive franquiste d’Aragon comme commandant du Commune de Paris. Il écrira un article sur son ami dans le Volontaire de la Liberté (RABAH OUSSIDHOUM (voir l’article dans la biographie de ce volontaire).
René Cazala va trouver la mort lors de la tentative du passage de l’Ebre :
Roger Croc, de la 3e Compagnie, le cite lorsqu’il décrit le comportement de son « capitaine Boek » (Joseph_BOHEC (voir la biographie de ce volontaire).
Dans son ouvrage Les Brigades Internationales, Delperrié de Bayac,décrit ainsi sa mort:
« Le bataillon Commune de Paris, vétéran de la guerre d’Espagne disparaît ce matin-là. Il est submergé, anéanti. Son chef, Cazala, grièvement blessé, se tire une balle dans la tête. »
Il avait pris part à toutes les batailles de la Brigade (Lopera, Las Rosas, Jarama, Navacerrada, Cuesta de la Reina, Valdemorillo, Aragon, Ebro). En janvier 37, il avait adhéré au SRI (voir Solidarité) et en novembre de la même année, il avait bénéficié d’une permission d’un mois et demi.
Le 20 juillet 1938, quelques jours avant la tentative de passage de l’Ebre, le commandant de la 14e BI, Marcel Sagnier, donnait son opinion sur René Cazala. Il précise que ce camarade a fait « assez bien » son travail en tant qu’officier. Sur le plan politique, il « a besoin par moment d’être remis sur le bon chemin ». Sa conduite morale est bonne. Il est « très imbu de sa personne ce qui le pousse à faire des erreurs et à ne pas apprendre comme il le pourrait » et «a une tendance anarcho-syndicaliste ». Tanguy , commissaire de la Brigade, indique que ce camarade a fait un « assez bon » travail en tant qu’officier et qu’il « se confine à son rôle strictement militaire ». Sa conduite morale est jugée « bonne. [Il] ne sait pas lier son rôle militaire avec la situation politique ». Il est « politiquement faible, [ses] capacités militaires [sont] moyennes. il ne progresse plus et a « tendance à exagérer les réalisations de son bataillon. [Il] manque de vigilance dans le contrôle du travail ». Pozzi, , donne les informations suivantes « médiocre, orgueilleux, fait de beaux programmes de travail qu’il ne réalise pas. Travail politique faible. Bonne conduite au point de vue moral mais indiscipliné et esprit indépendant au point de vue politique. Beaucoup de vantardise. Faible en général ».
Un rapport de Maniou, rédigé le 16 août 1938 à Barcelone, fournit les précisions suivantes : « caractère personnel, très orgueilleux. Pense qu’il est toujours le meilleur. Indiscipliné. Faible militairement par suite de son orgueil qui le pousse à ne pas apprendre et ne pas accepter les critiques et remarques sur son travail qui n’est en général que le fruit de ses initiatives personnelles, sans l’aide de connaissances militaires. Du point de vue politique, très faible, quoiqu’étant un vieux membre du parti. Comme pour le point de vue militaire, sa faiblesse est la conséquence de son orgueil. Très individualiste. Anarcho-syndicaliste. N’aime pas le contrôle du parti. A plaisir à agir seul, sans conseils. S’entoure de gens suspects qui ont des déformations politiques de la ligne du parti ».
Son nom figure sur la liste « In Memoriam », « Honneur à la mémoire de nos héros », éditée par l’AVER (Epopée d'Espagne, page 187).
Sources
RGASPI (BDIC, Mfm 880/9, 545.6.1114)
RGASPI (Moscou, F. 545. Op. 3. D. 365, 366, et 367) (Moscou, OP. 6. D. 1045).
AVER, Epopée d'Espagne, Paris, 1956.
Le Volontaire de la Liberté, N° 40 du 1er mai 1938.
Delperrié de Bayac, Jacques Les Brigades Internationales , Fayard, 1968.