EPSTEIN Joseph alias ANDREY Josef

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Fichier:Joseph EPSTEIN front de l'Ebre été 1938
Joseph EPSTEIN front de l'Ebre été 1938

Joseph Epstein est né le 19 octobre 1911 à Zamosc (Pologne), dans une famille de la bourgeoisie aisée.

Il avait commencé des études de droit à Varsovie et s’était engagé au Parti Communiste Polonais clandestin.

Il dut s’exiler pour fuir la répression et arriva en France en 1931. Il y poursuivit son combat au sein du PCF en même temps qu'il effectuait des études supérieures de droit.

« Devenu étudiant à la Faculté de Tours, il s’inscrivit au Parti communiste et, assez rapidement fut élu au Comité fédéral. Quelques milliers de travailleurs polonais habitaient alors Tours et les environs. La plupart travaillaient dans l’agriculture et dans les usines de produits chimiques. Il donnait des conseils juridiques aux nouveaux émigrés, écrivait des requêtes, des sollicitations. Il s’occupait des affaires des paysans concernant les contrats conclus jadis en Pologne : il s’agissait essentiellement des problèmes concernant l’arrivée des membres de la famille, épouses et enfants restés en Pologne, ainsi que des problèmes avec l’administration française. » (Zalcman, ouvrage cité, p. 31-32)

Lors d’une réunion d’ouvriers polonais, organisée à Tours par le consulat polonais, Joseph Epstein intervint, critiqua la situation économique et politique de la Pologne et accusa la bureaucratie du consulat de ne se soucier que fort peu du sort des immigrés ; des bagarres eurent lieu et Joseph Epstein fut arrêté.

« Au procès, l’avocat dépêché par le Parti s’appuya sur le rôle social joué par Epstein parmi les immigrants polonais. Il fut seulement condamné à une amende pour avoir troublé l’ordre public et dut quitter Tours. "((Zalcman, ouvrage cité, p.32)

Avec son amie Paula, militante elle aussi, ils vécurent quelques temps à Paris, puis des difficultés financières, les obligèrent à s’installer à Bordeaux. Ils s'y marièrent. Joseph reprit ses études et obtint une licence en droit tout en militant activement.

L’Espagne

Joseph Epstein fait partie des tout premiers volontaires étrangers qui participent à la défense de la ville d’Irun en août 1936 (voir également la biographie de Léon BAUM (BOÏM)) ; il y est blessé dans les derniers jours de combat et est rapatrié à Bordeaux où il est soigné à l’hôpital Saint-André.

Une fois rétabli, il y reprend ses activités militantes, en particulier au sein du Comité d’Aide à la République espagnole pour faciliter le passage de la frontière aux militants et aux armes.

Il retourne en Espagne le 8 janvier 1938, via Massanet, et s’enregistre sous le nom de Josef ANDREY ; le 11 il est dirigé sur Barcelone. D’abord délégué politique à la Garde Nationale, on le retrouve en formation à la base d’artillerie d’Almansa près d’Albacete en mars 1938. Avec le grade de lieutenant. Il est ensuite affecté à l’artillerie de la 35e Division de l’armée républicaine. Il commande une batterie du groupe Anna Pauker avec laquelle il participe à la bataille de l’Ebre.

Une note signée d'(D'Onofrio Edoardo) EDO de mai 1940 sur le lieutenant Josef Andrey (Polonais) résume les informations suivantes :

« Venant de France, nous n’avons pas de données biographiques de ce camarade, mais nous savons qu’il est arrivé avant mai 38, et qu’il est affecté à la batterie Tudor Vladimirescu du groupe d’artillerie Anna Pauker en tant qu’officier et ensuite comme commandant de batterie. Le camarade responsable du Parti de groupe donne sur lui les appréciations les plus positives. Au point de vue militaire, le camarade ANDRE a fait de grands progrès ; au point de vue politique il a été excellent, surtout vis-à-vis des différents groupes de nationalités qui étaient dans « Anna Pauker ». Le comité de Parti de la XIIIe Brigade aussi donne une appréciation positive, quoique le camarade ANDRE n’a jamais fait partie de la XIIIe. Il est très connu parmi les Polonais. Notre commission l’a signalé au Parti communiste polonais comme un cadre discipliné, éduqué politiquement, sérieux. Enfin, il s’agit d’un bon camarade. »

Le retour

Après le Retrait des Brigades Internationales, il fait un bref “séjour” au Camp de concentration d'Argelès-sur-Mer, puis au Camp de concentration de Saint-Cyprien et finalement il est interné au Camp de Gurs jusqu’en août 1939.

La Résistance

A la déclaration de guerre, il s’engage dans le 12e Régiment de la Légion étrangère avec laquelle il participe à la campagne de France. Fait prisonnier en mai 40, il s’évade du stalag IV B près de Leipzig et rejoint la France. Pendant la résistance, il se voit confier d’importantes responsabilités par le PCF. Au cours des premiers mois de 1943, un nouveau triangle de direction de l’inter-région de Paris est mis en place avec Edouard Vallerand (responsable technique), Henri Tanguy (responsable politique) et Joseph Epstein (responsable militaire sous le nom de Colonel Gilles). Joseph Epstein est arrêté le 16 novembre 1943 par les policiers français des Brigades Spéciales à Évry-Petit-Bourg alors qu’il attendait Missak Manouchian qui fut lui aussi appréhendé. Torturé pendant plusieurs semaines, il sera condamné à mort par le tribunal allemand de Paris le 23 mars 1944, et fusillé le 11 avril 1944 au Mont Valérien.

Son nom figure sur la liste « In Memoriam » « Honneur à la mémoire de nos Héros », publiée par l’AVER (‘’Epopée d’Espagne’’, page 189).

Longtemps oublié, comme de nombreux résistants étrangers, la ville de Paris lui a rendu hommage en inaugurant la place Joseph Epstein dans le 20e arrondissement de Paris, le 11 avril 2005, puis en apposant une plaque sur l’immeuble du 2, rue Labrouste (15e), son dernier domicile connu, le 5 avril 2018.

Sources

AVER, "Epopée d'Espagne, Paris, 1956 - RGASPI (Moscou, F.545. Op.2. D.49 et Op.6 D. 653) - « Bordeaux, les Bordelais et la guerre d’Espagne » F. B. et C. Lavallé (Presses Universitaires de Bordeaux) - Convert, Pascal,Joseph Epstein, Bon pour la légende, Editions Séguier, Biarritz, 2007 - Zalcman, Moshé, Joseph Epstein Colonel Gilles, La Digitale, 1984 « Rol-Tanguy, des Brigades Internationales à la Résistance » Roger Bourderon (Tallandier). – https://maitron.fr/spip.php?article24842 -httpsarticle24842,-