ROL-TANGUY Henri : Différence entre versions
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<blockquote> « Il se plait dans ce quartier extrêmement populaire et commerçant. Des années plus tard, il aime à en évoquer l’atmosphère : les boutiques de tous ordres, d’alimentation surtout, les bistrots, les marchands des quatre saisons, venues des Halles tôt le matin, interpellant le chaland, leurs petites voitures à bras rangées sur la chaussée le long des trottoirs, chargées de légumes et de fruits, la rue entièrement occupée le matin par les ménagères faisant leur marché. » (Roger Bourderon, Rol-Tanguy,p 82) </blockquote> | <blockquote> « Il se plait dans ce quartier extrêmement populaire et commerçant. Des années plus tard, il aime à en évoquer l’atmosphère : les boutiques de tous ordres, d’alimentation surtout, les bistrots, les marchands des quatre saisons, venues des Halles tôt le matin, interpellant le chaland, leurs petites voitures à bras rangées sur la chaussée le long des trottoirs, chargées de légumes et de fruits, la rue entièrement occupée le matin par les ménagères faisant leur marché. » (Roger Bourderon, Rol-Tanguy,p 82) </blockquote> | ||
+ | C'est à partir de 1925 qu'il commence à s’intéresser à la vie syndicale et politique alors qu'il débute sa vie professionnelle dans les usines de la métallurgie parisienne. Il pratiquera le vélo en semi-professionnel, et se formera par ses lectures éclectiques, de Lénine à Dante, Rabelais, Diderot, Thomas More, etc... | ||
+ | Mais c'est surtout à partir de 1934 qu'il va militer à la JC du 14<sup>e</sup> arrondissement et qu'il adhère au PCF. | ||
− | + | Sa mère, influencée par les idées de son fils et des jeunes camarades militants qui trouvent toujours table ouverte chez elle, sympathise avec les idées communistes; son jeune frère aussi, qui devient adhèrent de la JC. | |
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Henri TANGUY travaillera dans plusieurs entreprises de la métallurgie de la Région parisienne (Talbot à Suresnes, Renault à Billancourt, Renault, Citroën, Bréguet, Nessi…) où il acquiert la qualification de chaudronnier-tôlier. | Henri TANGUY travaillera dans plusieurs entreprises de la métallurgie de la Région parisienne (Talbot à Suresnes, Renault à Billancourt, Renault, Citroën, Bréguet, Nessi…) où il acquiert la qualification de chaudronnier-tôlier. |
Version du 31 janvier 2018 à 17:57
Georges, René, Henri TANGUY naît le 12 juin 1908 à Morlaix (29), d’un père officier de marine et d’une mère blanchisseuse. Il passe son enfance à Toulon Cherbourg et Brest.
Titulaire du certificat d’études, il arrive avec sa mère et son frère à Paris à 15 ans en 1923 et ils s’installent dans le quartier de Montparnasse, d’abord rue du Château-d’Eau, puis rue de l’Ouest.
« Il se plait dans ce quartier extrêmement populaire et commerçant. Des années plus tard, il aime à en évoquer l’atmosphère : les boutiques de tous ordres, d’alimentation surtout, les bistrots, les marchands des quatre saisons, venues des Halles tôt le matin, interpellant le chaland, leurs petites voitures à bras rangées sur la chaussée le long des trottoirs, chargées de légumes et de fruits, la rue entièrement occupée le matin par les ménagères faisant leur marché. » (Roger Bourderon, Rol-Tanguy,p 82)
C'est à partir de 1925 qu'il commence à s’intéresser à la vie syndicale et politique alors qu'il débute sa vie professionnelle dans les usines de la métallurgie parisienne. Il pratiquera le vélo en semi-professionnel, et se formera par ses lectures éclectiques, de Lénine à Dante, Rabelais, Diderot, Thomas More, etc... Mais c'est surtout à partir de 1934 qu'il va militer à la JC du 14e arrondissement et qu'il adhère au PCF.
Sa mère, influencée par les idées de son fils et des jeunes camarades militants qui trouvent toujours table ouverte chez elle, sympathise avec les idées communistes; son jeune frère aussi, qui devient adhèrent de la JC.
Henri TANGUY travaillera dans plusieurs entreprises de la métallurgie de la Région parisienne (Talbot à Suresnes, Renault à Billancourt, Renault, Citroën, Bréguet, Nessi…) où il acquiert la qualification de chaudronnier-tôlier.
Il effectue en 1929/1930 son service militaire en Algérie à Oran et est affecté au 8e régiment de Zouaves. Il en sort soldat de 1ère classe avec une formation de mitrailleur mécanicien, télémétreur.
Il adhère à la CGTU en 1934 et devient membre de la commission exécutive du Syndicat des Métallos de la région parisienne en 1936. A ce titre, il anime la campagne de solidarité de la Fédération avec les Républicains espagnols.Il devient permanent du syndicat de la Métallurgie CGT et touche environ 2.000 francs par mois.
Il adhère aux Jeunesses Communistes, suit les cours de l’école régionale des JC de Paris et devient membre du comité régional parisien en 1935. Il adhère au PCF en 1934 et assiste, mandaté, au Congrès National de Villeurbanne de 1936 puis à la Conférence nationale de 1937.
Dans la biographie qu’il remplit le 22 mars 1938 en Espagne il cite parmi ses lectures politiques trois ouvrages de Lénine L’Impérialisme, stade suprême du Capitalisme, l’Etat et la Révolution, Karl Marx et sa doctrine et un ouvrage de J. Staline Des Principes du Léninisme. S’intéressant au mouvement ouvrier et à l’histoire révolutionnaire, il lit L’Humanité, Cahiers du Bolchévisme et La Correspondance Internationale et écrit des articles dans Le Metallo et dans L’Avant-Garde.
Il adhère au Secours Rouge International en 1935 et se déclare adhérent de la Fédération syndicale Internationale.
L’Espagne (février 1937 - novembre 1938)
- 1er séjour en Espagne
Il part en Espagne le 19 février 1937, par la gare d’Austerlitz, dans un convoi comprenant plusieurs cadres du PCF .
En février 37, il est nommé Commissaire politique à l’arsenal de la base d’Albacete
Promu capitaine, il devient responsable de la main d’œuvre étrangère dans les usines d’armement en cours de montage dans la banlieue d’Albacete (des spécialistes volontaires étrangers y sont affectés) où se trouvent les ateliers de réparations automobiles et de fabrication de grenades.
En mai 37, il est nommé commissaire politique du parc auto où il contribue à mettre sur pied le premier régiment de train des équipages des Brigades : une centaine de camions modernes, avec camions ateliers, dépanneuses, camions citernes
En aout 1937, proposé par un membre du Comité Central, il adhère au PCE .
Il retourne en France car il est convoqué du 27/10 au 10/11/1937 pour une période militaire.
- Retour en février 1938 en Espagne
Il fait le trajet par la route avec une grosse voiture, cadeau du syndicat des Métaux à André Marty, franchit la frontière sans encombres au Perthus, le passage ayant été soigneusement préparé par les communistes de la Fédération des P.O.
Dès son arrivée, Marty le nomme le 14/2/1938 Commissaire de Guerre du Bataillon n°4 du camp d’instruction de la 14e BI de Villanueva de la Jara
Dans le chaos provoqué par l’Offensive franquiste d’Aragon, il est nommé le 11 avril commissaire de Brigade, chargé de l’évacuation de la base d’Albacete pour les conduire à la nouvelle base d’Olot en Catalogne (train spécial de 1200 Internationaux – passage de justesse à Tortosa avant la coupure du territoire républicain en deux). La base d’Olot sera dissoute quelques semaines plus tard, le gouvernement espagnol ayant décidé d’intégrer organiquement les Brigades dans l’armée républicaine – le gouvernement s’est replié à Barcelone, comme la délégation des Brigades.
Fin mai 1938, il est nommé commissaire de la 14e BI La Marseillaise par Marty intégrée dans le 5e corps d’armée de l’armée républicaine. Il crée un journal quotidien de la brigade : La Marsellesa.
Le 15 juin 38 sa voiture est prise sous le feu d’une mitrailleuse en revenant d‘une visite de bataillon ; il est blessé dans le haut du bras par une balle qu’il gardera dans l’omoplate jusqu’à la fin de sa vie.
A partir du 25 juillet 38, il est aux côtés du commandant de la Brigade Marcel Sagnier pour lancer la grande offensive sur l’Ebre, offensive qui s’arrête le 1er aout, à et à laquelle succède une guerre de position ; les Brigades sont engagées pour la dernière fois dans les sierras de Pandols et de Caballs.
Il fait partie du convoi qui arrive à la Gare d’Austerlitz le 13 novembre 1938 et défile aux côtés d’André Marty jusqu’à la maison des Métallos.
Appréciations élogieuses dans différents rapports sur son travail de Commissaire de la XIVe Brigade, tant de la part de José Sevil, commissaire politique de la 45e Division et de Cusso, responsable du PCE de la 45e Division en juillet 1938, que de Maniou, de la commission des cadres du PCE section française et de Lucien BIGOURET (voir la biographie de ce brigadiste), responsable de l’organisation du PC à la XIVe Brigade en août 38, sobrement résumées à la fin du dossier :
« a fait son travail comme commissaire de brigade. Est énergique et a une bonne orientation politique. A réalisé un bon travail qui a contribué à augmenter la capacité militaire de la brigade. Comprend et applique les directives du parti."
Il se mariera le 15 avril 1939 avec Cécile Le Bihan, l’une des secrétaires du syndicat des Métaux et sa marraine de guerre.
La Résistance
Mobilisé en septembre 1939, il reprend contact dès sa démobilisation en août 1940 avec ses camarades des Métaux et participe à la création des premiers comités populaires clandestins. Responsable politique d’un secteur parisien du parti communiste début 1941, il est contacté en juillet pour militer dans la lutte armée que le parti commence à organiser.
Il sera responsable militaire des FTP parisiens jusqu’en août 1942, puis responsable politique en Anjou Poitou, et à nouveau à Paris en avril 1943. Affecté fin 1943 au titre des FTP dans les FFI en cours de constitution, élu chef régional de l’Ile-de-France en juin 1944, il prépare et conduit avec son état-major l’insurrection parisienne (19-25 août).
Il poursuit la guerre dans la 1e Armée du général de Lattre de Tassigny et est titularisé en décembre 1945 officier d’active, lieutenant-colonel à titre temporaire.
Son dernier pseudo de la clandestinité, ROL, est celui de son compagnon d’armes Théophile ROL (voir la biographie de ce brigadiste, commandant du bataillon Commune de Paris de la XIVe Brigade, disparu le 8 septembre 1938 dans la Sierra de Caballs.
« C’est en hommage à ce militant qu’en 1944, j’ai choisi mon dernier pseudonyme de la clandestinité. » ((Roger Bourderon, Rol-Tanguy, p 82)
Suspect comme communiste, celui qui est devenu Henri ROL-TANGUY (Le décret l’autorisant à porter ce nom ainsi que) ses enfants, est daté du 21/10/1970) est victime de la guerre froide, relégué « personnel sans emploi » puis mis à la retraite d’office en 1962.
Il est membre du comité central du PCF de 1964 à 1987, mais jusqu’à ses derniers jours il se consacre surtout à la transmission de la mémoire de la Guerre d’Espagne et de la Résistance.
Sources
AVER (MRN, archives de l’AVER)
RGASPI (BDIC, Mfm 880/34, 545.6. 14.)
Bourderon, Roger « Rol-Tanguy», Ed. Tallandier, Paris, 2004
Duguet, Elie, « Avec Les Brigades Internationales sur les routes d’Espagne » Ed. Lacour
Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français(Maitron) – fiche rédigée par Rémi Skoutelsky